Discriminations, questions dégradantes, avion manqué...Le 2 février, Thomas, un Dijonnais paraplégique, aurait vécu un calvaire au moment d'embarquer à bord d'un avion Air Caraïbes pour les vacances de février. Aujourd'hui, Thomas et sa compagne attendent toujours des nouvelles de la compagnie aérienne et envisagent une action en justice.
"Si porter plainte est l'unique solution pour qu'on arrête de discriminer les personnes en situation de handicap, nous n'hésiterons pas". Plus de deux semaines ont passé, mais chez Elise Loichot, les blessures sont toujours vives. Joints par France 3 Bourgogne au téléphone, la Dijonnaise et son compagnon Thomas n'ont rien oublié de leur mésaventure, le 2 février à l'aéroport d'Orly, à l'embarquement de l'avion Air Caraïbes devant les conduire en Martinique pour leurs vacances.
Ni le certificat médical aux questions "humiliantes" qu'a dû remplir Thomas, paraplégique, pour monter dans l'avion. Ni les négociations "longues et compliquées" menées par Elise Loichot à l'aéroport pour que son compagnon soit placé à ses côtés lors du vol. Négociations à rallonge qui, selon le couple, leur ont fait manquer l'embarquement. Conséquence, 5 000 euros déboursés auprès d'une autre compagnie pour pouvoir malgré tout rejoindre la Martinique.
Air Caraïbes admet certaines erreurs... sans pour autant prendre contact avec Thomas
"Pour dénoncer cette situation impensable", Elise Loichot a donc choisi il y a quelques jours de médiatiser l'affaire. Elle s'est confiée à France 3 Bourgogne et son récit a connu un retentissement national. Assez pour que la compagnie Air Caraïbes, interrogée par la chaîne de télévision BFM, admette "des choses à revoir dans la procédure. On n'a pas à demander un avis médical à une personne tétraplégique ou paraplégique, c'est quelque chose qu'il faut que l'on change".
"Ces mots, on les a entendus, soupire Elise Loichot. Maintenant, il nous faut des actes". Mais selon Thomas et sa compagne, Air Caraïbes ne leur aurait donné aucune nouvelle. Incompréhensible pour le couple, qui a donc décidé de passer à l'action. "Dix jours après les faits, j'ai exposé la situation aux avocats de l'assistance juridique de notre assurance, pour voir si une action en justice était envisageable".
Pour prouver que ce sont les négociations anormalement longues qui nous ont fait louper l'embarquement, il faudrait des témoignages, ce qui est très dur à rassembler"
Thomas, Dijonnais victime de discriminations dues à son handicap
Malheureusement, "leur réponse a été plutôt négative" regrette Elise Loichot. Dans un courrier que France 3 Bourgogne a pu consulter, le cabinet d'avocat Portalis Associés, situé à Tassin (Rhône) indique ainsi ne pas pouvoir "garantir le succès d’une action en justice" contre Air Caraïbes "devant le tribunal judiciaire de Dijon".
"Vous pourriez être déboutés et condamnés à payer des frais de procédure à la compagnie, ce qui serait un comble" ajoute même dans ce document, Me François-Xavier Bernard, chargé de l'affaire.
"Nous n'avons pas été recalés à l'embarquement, puisque nous n'avons pas pu nous enregistrer à temps. Voilà pourquoi Air Caraïbes n'est pas dans l'obligation de nous rembourser les 5 000 euros. Et pour prouver que ce sont les négociations anormalement longues qui nous ont fait louper l'embarquement, il faudrait des témoignages, ce qui est très dur à rassembler" détaille Thomas.
Nos motivations ne sont pas financières. On se bat surtout pour que ce certificat médical humiliant soit supprimé. Pour améliorer les conditions de voyage des personnes en situation de handicap et réduire ces discriminations
Elise Loichot, compagne de Thomas
Affaire classée ? "Nous aurions aimé pouvoir résoudre cela à l'amiable. Mais nous n'allons pas rester les bras croisés, reprend Elise Loichot. Nos motivations ne sont pas financières. On se bat surtout pour que ce certificat médical humiliant soit supprimé. Pour améliorer les conditions de voyage des personnes en situation de handicap et réduire ces discriminations".
Pour cela, la compagne de Thomas multiplie les appels aux associations : "Centre européen des consommateurs, Médiation tourisme et voyage, Défenseur des droits, etc. On les a tous informés pour voir si des actions juridiques étaient possibles".
Jusqu'au dépôt de plainte ? Si ce n'est pas l'option favorite du couple, l'idée reste envisageable selon Thomas : "On ne voulait pas d'une procédure longue. C'est du temps, de l'argent, de l'administratif. Et puis on ne tourne jamais vraiment la page : l'affaire finirait par prendre le pas sur notre vie privée. Mais si c'est la seule solution pour obtenir réparation et que nous sommes accompagnés dans ce processus, nous n'hésiterons pas à faire ce qu'il faut".