C'était une préoccupation déjà présente pour les automobilistes en 1957 : pas d'essence pour les voitures ! Un véhicule à vapeur, siglé "Terrot", de 1887, circulait dans les rues de Dijon le 13 février 1957. Un clin d'œil fait à l'approvisionnement en essence à l'époque, la France étant en pleine crise du Canal de Suez. Cette archive résonne maintenant, alors que les prix ont bondi ce mercredi 16 novembre de 20 à 30 centimes à la pompe, avec la diminution du dispositif d'aide aux carburants de l'Etat.
L'archive INA de 1957 était déjà un clin d'œil à l'automobile, en faisant évoluer un véhicule de la fin du XIXème siècle dans les rues de Dijon.
Une "Torpédo" Terrot ?
Le véhicule n'apparaît pas au catalogue de l'entreprise Terrot. Il semblerait que la base soit un modèle construit par Ernest Truchetet, constructeur mécanicien à Gevrey-Chambertin (Côte-d'Or).
Le club "Arbracam" de Bourgogne regroupe des enthousiastes de la marque Terrot. Ils nous ont permis de retrouver des documents d'archive, attestant des origines de cette voiturette à vapeur.
Il apparaît que la voiturette serait une base de "Truchetet", recarrossée par Terrot. Le constructeur a construit peu d'automobiles, la spécialité demeurant les cycles et les motocycles. A noter aussi quelques landaus au catalogue Terrot !
Comme l'explique Jean-Louis Deschaumes, Président du club Arbracam Terrot de Dijon, "on ne sait pas grand'chose de cette voiture. Elle a été la propriété de M.Glasson, propriétaire du Comptoir du Matériel, rue d'Auxonne à Dijon, puis au Fort de Neuilly-lès-Dijon. Ensuite, elle a été vendue à un collectionneur privé. On a perdu sa trace."
Jean-Louis Deschaumes explique que le constructeur Terrot était principalement axé sur les motos : "Terrot a construit peu de voitures, les premières étaient équipées de moteurs Ballot, ils avaient essayé de se mettre dans la concurrence."
Une voiturette-prototype ?
Selon l'ouvrage référence de Bernard Salvat, "Terrot", l'histoire contemporaine de cette voiturette remonte aux années 50. On apprend dans l'ouvrage que fin 1956, M.Raymond Glasson, propriétaire de la société de levage et de manutention Le Comptoir du Matériel, est appelé pour déplacer une presse dans l'usine Terrot des Lentillères à Dijon.
Il repère les lieux pour la manutention et découvre dans les combles une voiture à vapeur, qu'il va racheter, étant amateur de mécanique. Ne pouvant manutentionner la voiturette sans découper le toit du bâtiment, le véhicule va être démonté pièce par pièce pour être ensuite reconstruit.
C'est avec l'aide de René Faivre (le conducteur du véhicule sur l'archive INA), un mécanicien ferroviaire spécialisé dans les locomotives à vapeur, que le véhicule pourra fonctionner début 1957. Il va circuler dans les rues de Dijon le 13 février 1957, la France étant en pleine crise du canal de Suez (l'essence était rationnée.)
La voiturette a été présentée à l'époque comme une "Terrot" de 1887, des pièces semblant d'origine, mais le doute subsiste quant à la base du véhicule, qui pourrait aussi être une Cottereau (constructeur automobile dijonnais).