Les promesses de dons pour participer à la reconstruction de Notre-Dame de Paris dépassent déjà les 880 millions d'euros, selon Stéphane Bern, chargé de la mission patrimoine. Et cette vague de solidarité est nationale. Exemple en Bourgogne.
Appels téléphoniques, mails... Depuis mardi matin, l'antenne bourguignonne de la Fondation du patrimoine est débordée. Et pour cause, les promesses de dons, après l’incendie de la toiture de Notre-Dame de Paris, affluent. Cet enthousiasme a même eu raison mardi du site officiel de la fondation.
Pour que Notre-Dame puisse renaître de ses cendres nous lançons un appel international. Tous les dons reçus seront intégralement versés au chantier de restauration. ➡https://t.co/QAB3kEZRlq pic.twitter.com/XRIObHFLbW
— Fondation du patrimoine (@fond_patrimoine) 15 avril 2019
"Notre-Dame peut servir de locomotive de mécénat"
Sur le plan national, la fondation a enregistré plus de 69 000 dons en 24 heures. Une bonne nouvelle pour la cathédrale mais Guy Bédel, délégué régional à la Fondation du Patrimoine a tout de même quelques craintes : "Il ne faut pas que Notre-Dame soit l'arbre qui cache la forêt parce que la forêt, elle est là. On doit la traiter. Je pense que Notre-Dame peut servir de locomotive de mécénat en pensant aussi aux autres."Polémique sur la déduction d'impôts
200 millions d’euros pour le groupe LVMH et la famille Arnault, 100 millions d’euros pour la famille Pinault et Total, 200 millions pour les Bettencourt et le géant des cosmétiques l’Oréal, 20 millions pour les Decaux, 10 millions pour les Bouygues et Marc Ladreit de Lacharrière… Depuis deux jours, les plus grandes fortunes et entreprises ont multiplié les promesses de dons. Stéphane Bern l'a annoncé, ce mercredi 17 avril sur RMC, la barre du milliard d'euros de dons devrait être dépassée dans la journée.Ces dons sont considérés comme du mécénat et donc déductibles d’impôts : 66 % pour les particuliers, 60 % de réduction pour les entreprises, avec la possibilité de bénéficier d'un échelonnement de l'avantage fiscal sur cinq ans. Une fiscalité prévue par la loi Aillagon qui date de 2003. Jean-Jacques Aillagon, ancien ministre de la Culture, demande même que l’Etat décrète Notre-Dame “trésor national”. Dans ce cas, les dons bénéficient de la réduction d’impôt de 90 %.
Cet épisode a ainsi remis sur le devant de la scène le débat sur les effets de la défiscalisation des dons. Certains dénoncent un système profitable au secteur privé et qui sera à la charge des contribuables. "En un clic, 200 millions, 100 millions, ça montre aussi les inégalités, ce que nous dénonçons régulièrement, les inégalités dans ce pays", a critiqué le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez sur Franceinfo.
Suite à cette polémique, la famille Pinault a annoncé, ce mercredi, renoncer à sa réduction d’impôts, estimant "qu’il n’est pas question d’en faire porter la charge aux contribuables français".
Applaudissons plutôt la générosité de l'ensemble des Français ?
— Julia Cage (@CageJulia) 16 avril 2019
Ne tombons pas dans le piège américain : les milliardaires doivent payer des impôts (dont l'ISF...) pas donner quand bon leur semble, en bénéficiant au passage d'énormes réductions d'impôts. #leprixdelademocratie
Un indécent «#Téléthon des milliardaires»
— Maxime Combes (@MaximCombes) 17 avril 2019
J'ai répondu aux questions de @marinebss pour @lesoir @attac_fr #NotreDame https://t.co/drnvb7qdRj
Le reportage de Sylvain Bouillot, Christophe Gaillard et Emmanuelle Lagrange :Interlocuteurs : Laura Briotet, chargée de mission à la Fondation du Patrimoine et Guy Bédel, délégué régional à la Fondation du Patrimoine.