Quentin Brenot a contracté un prêt de 130 000 euros pour l'achat de son appartement à Dijon. Depuis, le programme immobilier Le Clos des Muses a été mis en liquidation judiciaire, et le chantier est à l'arrêt.
52 rue des Marcs d’Or, à Dijon. Cela devait être son adresse, son premier chez-lui. Quentin Brenot passe devant le « Clos des Muses », non sans amertume : « Voici le logement que j’avais acheté ici : un beau petit T2 de 61m², avec terrasse. » Le jeune homme de 26 ans devait y emménager en 2019…mais ces immeubles restent inhabités voire même, pas complètement construits. Depuis, les vitres sont brisées, des déchets traînent au sol. Des actes de vandalisme ont été constatés.
130 000 euros sur 20 ans
Les ennuis commencent peu après l’achat de l’appartement. La société civile "Le Clos des Muses", portée par Gessy-Verne, est en charge du projet immobilier. Elle dépose le bilan brutalement. Et le chantier s'arrête.
Quentin avait signé le contrat. Pire encore, il s'était endetté sur 20 ans à hauteur de 130 000 euros. « Au début, ça m’empêchait de dormir : on se dit ‘comment on va faire’. Au bout d’un moment, ça nous bouffe tellement la vie, qu’on essaye de ne plus y penser », lance le jeune homme. Se faire une raison, et revenir habiter au domicile familial, qu’il a quitté quelques années auparavant. Un refuge pour entamer ses démarches juridiques.
Depuis 2020, Quentin Brenot poursuit les procédures judiciaires : des allers-retours au tribunal, souvent des recours en appel. « La machine est plus que lente, on se sent abandonné. Moi je suis toujours là à payer et je n’ai toujours pas mon logement », explique-t-il. Obtiendra-t-il son appartement ? Sera-t-il remboursé ? Ou bien, aucun des deux ?
La compagnie d'assurance a déposé le bilan
D’après Maître Fabien Kovac, son avocat, il semble difficile pour le jeune homme de revoir la couleur de son argent. Quentin a acheté son bien sur plan. Cette vente dite en "l'état futur d'achèvement" impose au promoteur immobilier d'engager des assurances en cas de liquidation. Le problème, c’est que l’assurance, basée à Gibraltar, a déposé elle-même le bilan...
L'avocat à la Cour d'appel de Dijon explique ce mécanisme : « En France, si une compagnie d’assurance a des difficultés financières, il y a une autre compagnie d’assurance la réassure. Ce qui n’est pas le cas pour cette compagnie d’assurance, un peu exotique, dont le siège est à Gibraltar. Elle n’est visiblement pas réassurée, et a connu des difficultés économiques, ce qui fait qu’aujourd’hui, elle n’est pas là pour payer. »
L'une des portes de sortie serait qu'un repreneur puisse terminer les travaux. Une situation qui permettrait aux acquéreurs d'enfin rentrer à la maison.