Dans la nuit du mardi 3 au mercredi 4 novembre, les américains connaîtront l'identité de leur président pour les quatre prochaines années. Un scrutin crucial pour l'avenir du pays que certains doivent vivre à distance. Rencontre avec deux Américains expatriés à Dijon.
Joe Biden ou Donald Trump ? Le grand frisson parcourt déjà les Etats-Unis. Dans la nuit du mardi 3 au mercredi 4 novembre, les plus de 300 millions d'Américains sauront qui des deux septuagénaires prendra ses fonctions à la Maison-blanche.
Parmi eux, près de 7 millions vivent en dehors de territoire américain. Ali a élu domicile en France, à Dijon, où elle a repris ses études en business viticole.
En 2020, si elle ne s'est pas autant impliquée dans la campagne que lors de la précédente, Ali a voté par correspondance, " je ne comprends pas que certains ne votent pas ", en faveur d'un grand électeur démocrate en Floride.
Elle veut voir Joe Biden gagner même si elle estime qu'il ne pourra pas soigner tous les maux de son pays. Un vote par défaut donc, pour le " moins pire ".
" Je pensais qu'Hillary Clinton serait la première femme présidente des Etats-Unis "
En 2016, elle faisait partie des volontaires qui soutenaient la candidature d'Hillary Clinton.
Quatre ans plus tard, elle n'oublie pas ce scrutin qu'elle avait suivi dans le coeur du réacteur et cette dernière soirée vécu depuis Madrid, où elle résidait à l'époque. " Je pensais qu'Hillary Clinton serait la première femme présidente des Etats-Unis." commente-t-elle.
"Ce soir-là, un groupe de démocrates organisait une fête , je suis allée à la soirée à deux heures du matin. Quand j'ai réalisé que les résultats n'étaient pas très bons je suis partie. J'ai passé une nuit très difficile, j'ai passé beaucoup de temps à discuter avec mes amis aux Etats-Unis " rembobine Ali, émue.
Les jours qui ont suivi sont alors mêlés de craintes et d'angoisses : " J'ai eu peur car j'étais en voyage et je me demandais comment ça allait être à mon retour aux Etats-Unis. La semaine suivant les élections je suis allée dans le désert du Sahara, toute seule, je n'en revenais toujours pas... "
Une campagne très suivie depuis l'étranger
Autre Américain résidant à Dijon, Giuseppe soutient la candidature de Joe Biden. Confirmant un peu plus que les pro Trump ne sont pas légion à Dijon. Celui qui possède la double nationalité italienne et américaine, est arrivé en France cette année pour suivre ses études dans une école de commerce. Il s'apprête à vivre sa troisième élection dans la peau d'un citoyen américain. Une campagne qu'il a suivi en s'informant sur les chaînes américaines.
" Je n'ai pas pu regarder les débats en direct à cause du décalage horaire, mais j'ai suivi la campagne regardant des médias américains comme CNN, ABC News et certains journaux américains. C'est important de s'informer car cette élection est très importante. "
Ali de son côté a beaucoup échangé avec ses amis et sa famille en Floride. Si elle n'a pas regardé les débats, jugeant que " ça n'est que show ", elle a suivi la campagne par l'intermédiaire de journaux " sérieux ".
" Le plus gros problème des Etats-Unis ? C'est Donald Trump. J'espère qu'on va survivre. "
Un show, qui ne déclenche pas forcément les votes.
" Je me sens un peu honteux de dire que je n'ai pas voté cette fois, confesse Giuseppe, À cette période là j'avais beaucoup de choses à faire donc je n'ai pas pris le temps d'envoyer mon vote ".
Quatre années de " téléréalité "
Pour autant, il espère que les autres électeurs n'ont pas fait comme lui et que le résultat des votes permettra de chasser Donald Trump de son fauteuil de président. " Ces quatre années ont été pour lui une téléréalité, Trump c'est un personnage de téléréalité " clâme Giuseppe.
En quatre années de Trumpisme, il retient une politique régressiste : " on a réculé sur les questions de droits humains, le droits des femmes, l'avortement... et pendant ce temps-là, le racisme a augmenté ".
Tard dans la nuit ou tôt le matin, les résultats tomberont les uns après les autres, les états un par un. Ali sera suspendue à son ordinateur pour suivre la soirée en direct, Giuseppe, lui, préfère se lever tôt le matin " j'ai école le lendemain " sourit-il. Il poursuit : " j'espère avoir une bonne nouvelle le lendemain matin, pour que l'on puisse oublier ces quatre dernières années. Sinon je me ferai un café très serré ".
La crainte quant à la suite
Plus que le résultat, tous deux craignent les moments qui suivront leur annonce. Dans un pays en tension, le risque de manifestations ou d'émeutes est pris en considération par les autorités.
" Je suis vraiment anxieuse, cela fait plusieurs semaines que j'ai du mal à dormir, c'est un moment très difficile à vivre nerveusement " exprime Ali, avant de poursuivre : " Mon frère travaille dans une bijouterie à Manhattan, la semaine dernière ils ont retiré les bijoux du magasin parce qu'ils ont peur qu'il y ait des émeutes (après les élections) c'est effrayant ".
Pour l'heure, les derniers sondages envoient Joe Biden à la maison-blanche, mais Ali n'y prête guère attention " selon eux Hillary Clinton devait gagner en 2016 " commente celle qui passera sa nuit la plus courte de l'année, entre mardi et mercredi.