Les livraisons du vaccin américain Moderna devaient s'accélérer en août, avec deux millions de doses prévues chaque semaine. Mais en ce début de mois, il manque des flacons dans des officines et cabinets médicaux de Côte-d'Or. Les professionnels sont contraints d'annuler des rendez-vous.
"Huit ? Mais j'en avais commandé dix !" Inquiète de ne pas avoir reçu de confirmation de commande, Nadine Coat a contacté son grossiste. Cette pharmarcienne de Messigny-et-Vantoux (Côte-d'Or) recevra bien des flacons du vaccin Moderna pour la semaine prochaine. Seulement pas autant que prévu. "On n'a vraiment pas de chance", soupire-t-elle en raccrochant.
Des rendez-vous annulés
Autorisés à vacciner avec le sérum américain depuis juin, les pharmaciens rencontrent des difficultés à s'approvisionner ces derniers jours. Une situation qui met Nadine Coat dans l'embarras. "Je suis toujours un peu inquiète car on doit annuler les rendez-vous, certaines personnes partent en vacances et espèrent avoir leur passeport vaccinal. Je ne vais pas satisfaire les gens et ça me contrarie."
Souvent j’en commande deux pour être sûre d’en avoir un, comme ça on n'annule pas avec les patients
Elle doit également trancher sur la répartition des doses entre les médecins et le cabinet d'infirmiers qu'elle fournit. Heureusement, Florine Dirand va lui faciliter la tâche et ne récupérer qu'un flacon sur les deux commandés. "Souvent j’en commande deux pour être sûre d’en avoir un, comme ça on n'annule pas avec les patients", confie l'infirmière libérale à Messigny-et-Vantoux.
Report sur le Pfizer
D'autres professionnels de santé se sont détournés de Moderna. Emmanuel Debost, médecin généraliste à Plombières-lès-Dijon a dû annuler à deux reprises les premières injections d'une dizaine de patients, faute de livraisons. Désormais il n'administre que des doses du vaccin Pfizer.
"Pour nous en médecine de ville, c’est déjà compliqué de vacciner. Ça nécessite une organisation d'autant plus avec Moderna puisqu'il y a 12 doses, donc il faut réunir 12 patients sur un créneau. Pfizer, c'est déjà plus simple avec 6 ou 7 patients. Alors avec en plus cette difficulté d’approvisionnement, ça a été un frein majeur pour l’utilisation de Moderna", développe Dr Debost. "Quand on annule à deux reprises, après on ne voit plus les patients."
Un retard national
L'Agence régionale de santé, impuissante sur le sujet, recommande effectivement aux généralistes de se tourner vers les centres de vaccination pour obtenir des doses du vaccin Pfizer en attendant. Sinon, à faire preuve de patience.
"Il y a du retard au niveau national, qui n’est pas lié à la logistique d’Etat. C’est la production qui est peut-être sous tension", avance Mohamed Si Abdallah, directeur adjoint de l'Agence Régionale de Santé de Bourgogne-Franche-Comté. "Il faut malgré tout commander, elles finiront par arriver, et je n’ai pas d’autres messages à passer que de continuer à garder notre dynamique de vaccination."