COVID - Idée de vacances : le tourisme fluvial va-t-il profiter de l’épidémie pour embarquer les Français ?

L’épidémie de coronavirus a impacté l’ouverture de la saison. Mais, les loueurs de bateau et les autres professionnels du tourisme fluvial misent sur la clientèle française pour remplacer les visiteurs étrangers. Comment comptent-ils s’y prendre ? Reportage en Bourgogne.

 

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Naviguer sur une rivière en admirant le paysage, se promener à vélo le long d’un canal, déjeuner dans une guinguette au bord de l’eau…

Ces petits plaisirs qui font partie du tourisme fluvial ont été touchés de plein fouet par la pandémie de Covid-19. Dans ce secteur, comme dans l'ensemble des activités touristiques, tout s’est arrêté brutalement pendant plusieurs semaines.
 

Une saison 2020 fortement raccourcie 

Le week-end de Pâques, le 1er Mai, le 8 Mai… Ces périodes de forte activité ont été perdues et ne seront pas rattrapées.

Le tourisme fluvial est d’autant plus impacté que les étrangers qui constituent 80% de la clientèle sont loin d’être de retour.

L’épidémie de coronavirus a eu des conséquences pour les loueurs de bateaux, de vélos, les restaurateurs, notamment ceux installés près des voies d'eau, etc.

Parmi ceux qui ont le plus souffert, il y a les péniches-hôtels, des bateaux de 30 à 40 mètres de long qui sont aménagés pour accueillir des groupes de passagers.
"Cette clientèle essentiellement nord-américaine dispose d’un fort pouvoir d’achat", explique Thierry Feroux, directeur des relations institutionnelles et de l’innovation de VNF Centre Bourgogne.

"C’est une niche touristique très intéressante, car outre la location du bateau qui rapporte environ 50 000 euros la semaine, il y a aussi des retombées sur la fréquentation des sites touristiques et l’achat des produits de Bourgogne (musées, restaurants, vins, moutarde, pain d’épices…).
Même s’il y a un cuisinier à bord du bateau, en général quand le bateau est du côté de Chagny, en Saône-et-Loire, ils font un stop à Lameloise, restaurant gastronomique 3 étoiles au guide Michelin. Quand ils sont dans la vallée de l’Ouche, ils poussent parfois jusqu’à Saulieu au célèbre Relais Bernard Loiseau. 

La vallée de l’Ouche entre Dijon et le château de Châteauneuf est l’endroit en Europe où il y a le  plus de péniches-hôtels, environ une vingtaine. A partir de là, pendant une semaine, on peut rayonner un peu partout dans la région", précise le cadre de VNF Centre Bourgogne. Bref, c’est dire si les pertes enregistrées jusque-là sont importantes pour le territoire.
 

 

Et si le contexte de crise sanitaire sauvait le reste de la saison ? 

Mais, depuis que l’activité a redémarré progressivement au mois de juin, les professionnels du tourisme fluvial espèrent sauver le reste de l’été… en misant justement sur ce contexte de crise sanitaire.

C’est le cas de la société Les Canalous, qui loue des bateaux habitables qui se conduisent sans permis. "Nous proposons une vraie alternative aux Français qui avaient prévu de partir à l’autre bout du monde. Le tourisme fluvial est dans l’air du temps : après le confinement, on peut se retrouver en toute sécurité en famille ou entre amis, tout en profitant de la nature ", dit Alfred Carignant, le directeur du groupe, né à Digoin en Saône-et-Loire. Les Canalous, ce sont aujourd’hui 40 bases de départ en France.

 

"On est sur des petits bateaux qui s’apparentent à un camping car en terme d’aménagement : ils sont tous équipés d’une cuisine, de chambres, sanitaires et douche. C’est comme un camping car sur l’eau, mais plus spacieux, avec surtout la liberté de pouvoir s’amarrer partout dans la nature, au bord d’un canal."

Alfred Carignant, directeur du groupe Les Canalous


En l’absence de touristes étrangers, l’objectif est donc de séduire les Français.
"Cette saison 2020 sera forcément exceptionnelle. Mais, on espère que ça sera un tremplin pour mieux faire connaître ce produit à la clientèle française. Quand on communique le prix de location du bateau, ça paraît assez élevé. Mais, quand on ramène ça au prix par personne, ce n’est pas beaucoup plus cher qu’une location d’hébergement, car c’est à la fois votre moyen de transport, d’hébergement et vous pouvez faire vos repas à bord.
En très haute saison en Bourgogne, par exemple, on va être à 2 000 euros la semaine pour 6 à 8 personnes. Ça fait environ 250 euros par personne la semaine", assure Alfred Carignant.

Après "un redémarrage qui a été un peu long à se mettre en place", le directeur du groupe Les Canalous a retrouvé le sourire. "On est passé de zéro activité à l’opposé. Aujourd'hui,  il nous reste encore quelques disponibilités, mais on a un rythme très soutenu pour cet été et c’est tant mieux. On va essayer de sauver la saison au maximum avec un bon remplissage jusqu’à fin octobre."
 

Un tourisme vert et bleu, où l’on peut se promener en bateau, mais aussi à pied et à vélo, et s’arrêter pour visiter une ville ou un château… Le tourisme fluvial ne manque pas d’atouts.

"La France a le plus grand réseau navigable d’Europe et peu de touristes français sur ses voies d’eau alors qu’on traverse des paysages superbes", rappelle Voies Navigables de France.

A l’occasion de cette saison hors du commun, où les ressources en eau s'annoncent aussi bien meilleures que les années précédentes, VNF en profite d’ailleurs pour lancer une campagne de promotion et suggérer aux Français de passer leurs vacances au pays. Le message est clair : "Cet été, sortez des sentiers battus : osez le fluvial !"

 

 
1 200 kilomètres de voies navigables en Centre-Bourgogne

Voies navigables de France (VNF) Centre-Bourgogne assure l’exploitation des canaux de Bourgogne, du Nivernais, du Centre, de Roanne à Digoin, du canal Latéral à la Loire,de Briare et du Loing ainsi que les rivières navigables de la Seille et de l’Yonne, soit 1200 kilomètres de voies d’eau. Elles offrent une multitude de possibilités et d’activités sur et au bord de l’eau.

La seule navigation de plaisance permet de générer, à l’échelle de la Région Bourgogne-Franche-Comté, 74 millions d’euros par an de retombées économiques directes pour les territoires (dépenses des opérateurs et de la clientèle) et 670 emplois locaux.

Sur l’eau, grâce à la flotte présente sur le réseau Centre-Bourgogne, l’offre est diversifiée : péniches-hôtels, bateaux promenades, bateaux de location habitables sans permis et plaisance privée.
 
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