Bourgogne : des agriculteurs manifestent contre l'agribashing

De nombreux agriculteurs vivent mal les critiques qui sont faites sur l'utilisation des produits phyto-sanitaires ou l'appel à modifier le fonctionnement des abattoirs. Ils nomment cela l'"agribashing" et appellent à se mobiliser durant la semaine du 10 décembre 2018. 

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Les agriculteurs de Bourgogne sont en colère.
Entre leurs faibles revenus et les critiques dont ils font parfois l'objet, ils ont l'impression que leur travail est déconsidéré par les Français, les médias et le gouvernement.

Ils parlent d'"agribashing",
ce qui peut se traduire par "critique systématique" à l'égard des agriculteurs.

Pour tirer la sonnette d'alarme, la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) et les jeunes agriculteurs (JA) ont appelé tous leurs adhérents à se mobiliser durant la semaine du 10 décembre 2018.

A eux de décider, en fonction des départements, ce qu'ils souhaitent faire : manifestations, tractage, réunions dans les cours de ferme...

Les agriculteurs ont trois revendications principales : 

  1. la fermeture des cartes diffusées par Greenpeace («fermes-usines») et l'Etat (glyphosate.gouv.fr), et une parole forte de l'Etat suite aux attaques de boucheries et abattoirs 
  2. pas de hausse de la redevance pour pollutions diffuses (RPD), qui représente des charges supplémentaires, point en débat à l'Assemblée nationale jusqu'au 17 décembre 
  3. la parution des ordonnances concernant le relèvement du seuil des vente à perte et l'encadrement des promotions  lors du prochain conseil des ministres du 12 décembre car les agriculteurs craignent que ces mesures, sensées redonner du pouvoir d'achat aux agriculteurs en contraignant les grandes surfaces, soient reportées
     

La mobilisation en Bourgogne


En Côte-d'Or

Les agriculteurs bourguignons se sont réunis mercredi 12 décembre à compter de 10h30 sur le rond-point Georges-Pompidou, au Nord de Dijon près de la Toison d'Or. Une mobilisation décidée sur le tard en raison du "contexte actuel lié aux dernières manifestations des gilets jaunes". Ils se sont ensuite rendus notamment à France 3 Bourgogne et sur la place de la République, avant de prendre la direction de la préfecture de Côte-d'Or aux environs de 14h.

Fabrice Faivre, le président de la FDSEA de Côte-d'Or, avouait quelques jours plus tôt qu'il ne "paraissait pas évident d'avoir des autorisations de manifester en ce moment et qu'il ne faudrait pas que la manifestation se termine dans les mêmes conditions que celle du samedi [8 décembre].
Nous nous mobiliserons peut-être mais il est difficile de savoir sous quelle forme."



Le 5 décembre dernier, la FDSEA et les JA 21 avaient appelé à manifester devant le siège du quotidien Le Bien Public, suite à la publication d'un article en une sur les pesticides dans les captages jugé racoleur et inexact.
Ce que les agriculteurs de Bourgogne ont dénoncé comme de "l'agribashing constant" a mis le feu aux poudres.

Ils ont également manifesté devant le siège dijonnais de la radio France Bleu et ils ont obtenu un droit de réponse. 


Dans l'Yonne

Les agriculteurs de l’Yonne, jeunes, actifs ou retraités, sont appelés à se mobiliser le jeudi 13 décembre à 13 h 00 pour allumer des feux de la colère autour d’Auxerre avant de rejoindre le représentant de l’État pour un échange responsable à la Direction Départementale des Territoires.

Parmi leurs revendications, on retrouve les préoccupations nationales mais également la dénonciation de "l'abandon des retraités agricoles", "le refus du gouvernement d'écouter les corps intermédiaires", "mesures de taxation supplémentaires".


Dans la Nièvre, les agriculteurs ont déjà décidé de ne pas manifester pour l'instant.


L'agribashing, qu'est-ce que c'est ?


C'est le discours ambiant tenu sur l'agriculture française qui, selon certains agriculteurs, serait uniquement négatif.

Cela va des critiques sur l'utilisation de produits phyto-sanitaites et d'intrants (le débat sur le glyphosate par exemple) aux images des abattoirs diffusées par les associations comme Greenpeace et L214.
Les tendances de la société à la baisse de la consommation de viande et de lait heurtent aussi le monde de l'élevage qui vit ces questions comme une critique de son travail.

Les récents débats sur le bien-être animal questionnent également le travail des éleveurs, qui estiment déjà devoir répondre à de nombreuses normes et expliquent être les premiers à avoir intérêt à ce que leurs animaux se portent bien.

En outre, le mal-être est réel car de nombreux agriculteurs tirent de faibles revenus de leur travail.


Deux actes ont particulièrement blessé les agriculteurs à l'échelle nationale fin novembre :

  •  le lancement d'un site gouvernemental Glyphosate 2020, avec un décompte du nombre d'exploitations sortis du glyphosate, vécu comme une provocation.

 

 
  •  la publication d'une carte des "fermes-usines" par l'association Greenpeace qui détaille commune par commune les emplacements de ses exploitations particulières.

Les agriculteurs ont eu le sentiment de voir des confrères pointés du doigt. 
Certains ont relevé des erreurs. 
 


Depuis, Greenpeace a fait paraître ce message sur le site internet le 4 décembre 2018
"Suite à la publication de cette carte des fermes-usines, nous avons reçu des messages nous signalant des incohérences entre les fermes référencées et les seuils actuellement en vigueur pour les Installations Classées Pour l’Environnement (ICPE) soumises à autorisation que nous voulions identifier.

Nous sommes actuellement en train de recenser les modifications à apporter. Les données que nous avons utilisées proviennent directement du site du Ministère de la transition écologique et solidaire, celui-ci nous ayant garanti une actualisation du fichier au 7 novembre 2018.

Néanmoins il semblerait que ces données ne soient pas à jour, ce qui nous a amené à désactiver pour le moment la fonction de recherche par commune. Nous présentons toutes nos excuses aux agricultrices et agriculteurs dont la ferme s'est retrouvée sur cette carte alors qu'elle n'aurait pas dû y être, et qui se sont senti.e.s injustement pointé.e.s du doigt
."

 

 

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