Dijon : la préfecture affirme avoir empêché un "concert illégal", qui était en réalité une captation vidéo autorisée

La préfecture de Côte-d'Or affirme que la police a empêché la tenue d'un "concert illégal" samedi 13 mars aux Tanneries à Dijon. Il s'agissait en réalité de la captation sans public d'un concert, programmé dans le cadre du festival Italiart.

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La préfecture de Côte-d'Or affirme dans un communiqué diffusé samedi 13 mars en fin de journée (PDF) que la police a empêché la tenue d'un "concert illégal" dans l'espace autogéré des Tanneries à Dijon. "Les services de police ont pénétré dans les lieux à 14h55 et y ont constaté la présence d’une dizaine de personnes, dont quatre musiciens. Simultanément, deux spectateurs qui se rendaient au concert ont demandé aux effectifs de police présents sur place de leur indiquer le chemin pour y accéder, précise le communiqué. Des verbalisations ont été réalisées (135€ ou 500€ selon le cas)".

Une captation pour une diffusion en ligne

Mais le concert en question n'avait rien d'illégal, selon les organisateurs. Il s'agissait d'une captation sans public pour une diffusion sur Internet prévue le lendemain, dimanche 14 mars. Un spectacle programmé dans le cadre de la 15e édition du festival Italiart, qui en raison des contraintes sanitaires, a choisi de se tenir en ligne.

"Ils n'ont pas montré de mandat, donc normalement ils ne pouvaient pas entrer dans la salle. Mais nous n'avions rien à cacher, donc je les ai fait rentrer", raconte Vincenzo Cirillo, intermittent du spectacle et coordinateur artistique du festival Italiart, joint par téléphone ce dimanche 14 mars. "La jauge que le gouvernement a établi, c'est une personne tous les quatre mètres. Avec la salle énorme, on pouvait faire entrer trente personnes [...] Quand la police est entrée, il y avait dix personnes. Quatre musiciens et six personnes qui étaient là. Personne n'est venu à part les gens de l'association", poursuit-il.

Le technicien chargé de la lumière a été empêché un temps d'accéder à la salle, tout comme l'un des responsables du côté des Tanneries, Jean-Jean. "Ils nous ont dit qu'il n'y aurait pas de soirée. On a essayé de leur expliquer que c'était un événement en streaming, autorisé, déclaré, qu'on ne voyait pas où était le problème", rappelle-t-il.

Ils étaient persuadés qu'il y aurait un concert avec des centaines de personnes qui allaient arriver. On ne comprend pas du tout ce qui a pu se passer.

"Deux poids deux mesures"

Une captation pour le festival Italiart a déjà eu lieu les jours précédents à l'Hôtel de Vogüé, sans difficultés. "Il y a deux poids deux mesures", dénonce Jean-Jean après l'intervention policière aux Tanneries. Dans leur communiqué commun, le préfet de Côte-d'Or et le procureur de la République de Dijon "condamnent l'organisation irrégulière et irresponsable de ce concert dont les conséquences sanitaires pour les participants, leurs proches et l'ensemble de la population auraient pu être graves." Une réaction "complètement hors de propos" pour Jean-Jean. "Ils fantasment sur ce qui aurait pu arriver. Je ne comprends pas. Partout, c'est annoncé que c'était en streaming", ajoute-t-il.

L'incompréhension serait venue de la publication quelques jours avant l'événement d'une annonce du concert dans la presse. L'annonce, basée sur un texte rédigé en décembre 2020, n'avait pas été modifiée depuis. À cette époque, les organisateurs espéraient pouvoir organiser un festival avec du public. 

Selon Vincenzo Cirillo, la police a rapidement compris son erreur et a permis l'enregistrement du concert, dans les conditions prévues. Cinq personnes supplémentaires ont pu rentrer dans la salle. L'enregistrement a simplement été légèrement raccourci des sketches qui n'ont pas pu être joués. "Pour sortir avant le couvre-feu, on a fait les choses rapidement", précise le coordinateur artistique. L'association n'a pas été verbalisée.

"Les gens qui étaient dans la salle avaient tous fait des tests PCR négatifs, complète Vincenzo Cirillo. Les Italiens l'ont fait en Italie et l'association a payé les tests qui coûtent 100 euros en Italie." Le texte de la préfecture précise qu'une "mise en demeure de se conformer à la réglementation" sera adressée aux responsables de la salle. Son non-respect "conduira à une fermeture administrative de l'établissement".

Le collectif Maloka a publié un communiqué ce dimanche soir sur Facebook. "Ces accusations sont graves, puisqu’elles font porter sur les Tanneries une insupportable accusation d’irresponsabilité alors même que nous respectons, comme toutes les salles de concert, les interdictions liées à la pandémie", écrit-il notamment. Les Tanneries ont également publié un communiqué en toute fin de journée dimanche. "Le triste constat, c'est que grâce au motif sanitaire et à l'état d'urgence [la police] possède encore plus de prétexte pour contrôler, surveiller, ficher, intimider, réprimer ou interdire... Et elle s'en sert", peut-on lire.

Le concert du groupe de rock milanais La Colpa sera bien diffusé ce dimanche sur le site du festival Italiart. En voici quelques images.

 

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