C'est son entourage qui l'annonce ce mercredi 15 juin à l'AFP. Atteint d'une maladie dégénérative incurable, Alain Cocq est mort d'un suicide assisté en Suisse. N'hésitant pas à médiatiser son combat, il avait tenté plusieurs fois de suspendre ses traitements à l'automne 2020. Sans succès.
Alain Cocq est mort ce mardi 15 juin dans la matinée à Berne, en Suisse. Agé de 58 ans et atteint d'une maladie orpheline incurable depuis 35 ans, le militant dijonnais vivait cloué dans son lit. Depuis un an, il était devenu une figure du débat de société sur la fin de vie.
En août 2020, Alain Cocq avait écrit au chef de l'Etat pour lui demander le droit à mourir, sans obtenir de réponse favorable. Faute de réponse positive, il avait tenté, à deux reprise de se laisser mourir de faim et de suspendre ses soins. Il avait finalement dû renoncer face à des souffrances jugées insoutenables.
C'est l'une de ses proches, Sophie Medleberg annonce son décès ce mardi sur les réseaux sociaux. "Alain Cocq est décédé ce matin à 11h20 à Berne." La Suisse est l'un des quelques pays européens à autoriser le suicide assisté.
"Il a obtenu ce que la France lui a refusé"
Parmi les derniers à l'accompagner, le président de l'association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD), Jean-Luc Romero-Michel. "Alain Cocq est parti" a-t-il annoncé sur son compte Twitter. "Avec son ami, Cyril, nous l’avons accompagné à Berne. Il a obtenu ce que la France lui a refusé : mourir dignement. Je suis heureux pour lui, mais triste pour mon pays qui n’entend pas les souffrances et nous oblige à fuir notre pays pour mourir dignement."
⚫️ #AlainCocq est parti
— Jean-Luc Romero-Michel (@JeanLucRomero) June 15, 2021
Avec son ami, Cyril, nous l’avons accompagné à #Berne.
Il a obtenu ce que la France lui a refusé : mourir dignement. Je suis heureux pour lui, mais triste pour mon pays qui n’entend pas les souffrances et nous oblige à fuir notre pays pour mourir dignement pic.twitter.com/R5eKhF64ST
"Ces morts à l’étranger sont indignes de notre pays" a déclaré de son coté l'Association pour le droit à mourir dans la dignité dans un communiqué. "Car à la souffrance générée par la fin de vie s’ajoute l’exil, seulement accompagné de quelques proches. Néanmoins, il faut remercier les associations suisses d’accueillir ainsi des étrangers pour les aider à mourir paisiblement."
Une dernière lettre adressée aux politiques
En août 2020, le militant dijonnais avait fait de son cas personnel un symbole, souhaitant montrer les insuffisance de la loi Cleys-Leonetti sur la fin de vie. Ce 15 juin, Alain Cocq a, à nouveau, fait de son geste un choix politique en adressant un courrier au président de la République, au gouvernement et aux parlementaires. "Je tiens à vous informer, par la présente, de mon décès dans la dignité, dans
le cadre d'une procédure de suicide assisté en Suisse" a-t-i indiqué.
Alain Cocq, la fin de vie en direct
Si l'état de santé d'Alain Cocq est très dégradé, il est globalement stationnaire. Selon la loi, il n'est donc pas en fin de vie et ne peut donc prétendre aux dispositions sur la sédation profonde prévues par la loi Cleys-Leonetti voté en 2016.
En août 2020, Alain Cocq adresse une lettre au président de la République, Emmanuel Macron. "A titre personnel je vous sollicite à pouvoir bénéficier, à titre compassionnel, du droit à une fin de vie dans la dignité avec une assistance active du corps médical." Alain Cocq sera auditionné pas des conseillers du président. Mais sans surprise, le 3 septembre, le chef de l'Etat lui répond dans un courrier où il se dit "pas en mesure" d'accéder à sa demande.
En réaction, Alain Cocq décide le 4 septembre de cesser de s'alimenter et de suspendre ses traitements. Afin de donner de l'écho à son combat, il annonce vouloir diffuser son agonie en direct sur les réseaux sociaux. La vidéo sera bloquée par Facebook. Après quelques jours, en raison de l'absence de traitement, les souffrances deviennent insupportables. Alain Cocq sollicite les services d'urgence. Il est pris en charge et conduit au CHU de Dijon où il est admis en soins palliatifs. Le protocole de fin de vie qu'il avait établi est suspendu. Alain Cocq est autorisé à retrouver son domicile quelques jours plus tard.
Un mois plus tard, Alain Cocq tente à nouveau de se laisser mourir avant de renoncer une nouvelle fois, en raison des souffrances physiques jugées insupportables.
"Je vous demande de voter en faveur de ces propositions de loi sur la fin de vie légalisant l’aide active à mourir, afin que cessent les situations scandaleuses que l’on tente maladroitement de cacher pour ne pas ternir la réputation de notre beau pays des Droits de l’Homme."
La fin de vie au Parlement en mars 2021
Après quelques jours, alors que les souffrances liées à l'arrêt des traitements deviennent insupportables, Alain Cocq est finalement admis au CHU de Dijon. Le protocole de fin de vie qu'il avait lui-même établi est suspendu, et il est pris en charge quelques jours en soins palliatifs. Il retourne à son domicile quelques jours plus tard. Un mois plus tard, Alain Cocq tente à nouveau de se laisser mourir avant de renoncer une nouvelle fois, en raison des souffrances physiques jugées insupportables.
Alors que le débat sur la fin de vie revient au Parlement, le 31 mars dernier, Alain Cocq adresse une lettre ouverte à l'ensemble des parlementaires. "En tant que représentants du peuple, vous vous devez d’appliquer la volonté rémanente de ce dernier, or celui-ci souhaite de manière constante avoir le droit au choix du suicide assisté ou de l’euthanasie, et ce à plus de 90%", écrit-il. Il leur demande de "voter en faveur" des différentes propositions de loi sur le sujet examinées au Parlement.