Ce samedi 25 septembre, le jour de la marche des fiertés à Dijon, un couple et leurs amis ont été agressés chez eux. La cause de cette agression ? Un drapeau arc-en-ciel, symbole de la communauté LGBT, suspendu à leur balcon. Le couple a annoncé vouloir porter plainte. Témoignage.
C'était la première marche des fiertés à Dijon depuis huit ans. Ce samedi 25 septembre, environ 600 personnes ont défilé dans les rues de Dijon pour manifester leur soutien à la communauté LGBT. Marie* (prénom modifié), avait choisi d'afficher sa solidarité en accrochant un drapeau arc-en-ciel, l'un des symboles de la communauté LGBT, sur le balcon de son appartement. Un choix qui, plus tard dans la soirée, va lui valoir de sérieux ennuis.
"Au début c'était juste : il est joli ton drapeau"
En effet, quelques heures après la marche, Marie est de retour chez elle, où elle organise une soirée avec des amis sur sa terrasse. Aux alentours de 22h30, ils sont interpellés par un groupe de passants.
"Au début ça a juste été "il est joli ton drapeau" puis très rapidement ça a été des insultes homophobes, notamment à l'encontre de mon conjoint" commence Marie. Ces premières insultes dégénèrent rapidement en invectives de plus en plus violentes, jusqu'à des menaces de mort.
Le ton monte entre les deux groupes. Marie précise : "On a commencé en essayant de parler avec eux, en leur disant de partir. Puis on s'est enervé aussi. On était huit ou neuf, dont deux hommes, eux en face étaient une dizaine. C'est assez dur à estimer parce qu'ils étaient nombreux, puis au fur et à mesure des personnes partaient, d'autres arrivaient pour les rejoindre. Ils sont même allés chercher des gens qui étaient dans un restaurant voisin".
Un des gars du groupe a sauté pour attraper notre drapeau, ils l’ont mis par terre et ils l’ont piétiné.
L'agression passe ensuite de la parole aux gestes. Les agresseurs, jeunes selon Marie, auraient jeté des projectiles, des canettes de soda notamment, en direction du groupe toujours sur sa terrasse. "On a eu de la chance de ne pas avoir de blessé ni de casse matérielle." ajoute-t-elle.
Prévenues par Marie, les forces de l'ordre sont intervenues. Elles ont dispersé les agresseurs avant de recueillir le témoignage des victimes. Aucune arrestation n'a eu lieu.
"Ça fait une semaine que j'en rêve chaque nuit"
Une intervention pointée du doigt par Marie, choqué par la remarque d'une policière. "Elle nous a fait comprendre qu'il fallait s'attendre à ce genre de comportements quand on affiche un drapeau LBGT dans le centre-ville de Dijon. Et que si on ne voulait pas que cela arrive il ne fallait pas accrocher ce drapeau".
Profondément touchée par l'agression, Marie dit y penser jour et nuit. "Ça fait une semaine que j'en rêve chaque nuit, confesse la jeune fille. Hier soir par exemple, c'était jeudi, le jour des soirées étudiantes, ils auraient très bien pu être sous notre balcon. On essaie de se rassurer en se disant qu'ils se sont peut-être rendu compte qu'ils avaient fait une erreur".
Soutien unanime de la communauté LGBT
Dans un communiqué de presse, l'association AIDES a affiché son soutien au couple et dénoncé "l'urgence" qu'il y a à agir face à ces agressions.
"Ces situations sont d’insupportables exemples de la LGBTphobie encore bien trop présente dans l’ensemble de la société, facilitée par des institutions et le manque d’engagement politique sur ces enjeux" peut-on lire dans le communiqué.
Le couple a déjà déposé une pré-plainte en ligne, il déposera plainte ce lundi au commissariat. "On fait ça aussi pour sensibiliser. Il faut que les victimes n'aient plus peur d'appeler la police et que les policiers soient davantage formés à réaliser ce genre d'interventions" conclut Marie.