Le Grand Dijon a identifié 300 hectares de terres sur son territoire qui pourrait être replantés en vignes. un projet ambitieux qui cherche à renouer avec le prestigieux passé viticole de la capitale de Bourgogne.
C’est dans le quartier de la Motte-Giron, à l’ouest de Dijon que le 1er projet de replantation devrait voir le jour : un champ de blé reconverti en parcelle de vignes. Un projet qui ne devrait pas voir le jour avant plusieurs années. Dijon était autrefois un bourg entourée de parcelles de vignes.
Ce matin avc @F3Bourgogne pr un reportage sur la renaissance du vignoble de @dijon .Une volonté politique forte de notre ville #vin #vignes
— Benoit Bordat (@bordatbenoit) 6 avril 2016
Dijon possède déjà plusieurs parcelles de vignes
Le clos des Marcs-d’or : cette parcelle de 42 ares est située dans le quartier de la Fontaine-d’Ouche. Elle est une possession de la ville de Dijon qui en a confié la gestion au domaine Derey frères qui en tire des vins blancs à la robe claire avec beaucoup de minéralité. Elle a été replantée dans les années 80 à quelques pas d’un ancien clos qui portaient le même nom et était la propriété des Ducs de Bourgogne. Le clos des Marcs- d’Or est un des derniers témoins du passé viticole de Dijon.Montrecul : c’est un « climat » d’environ 16 ha de la commune de Dijon, au nord de la Côte de Nuits. Il est exploité par 7 domaines qui en font un vin rouge à la robe foncée et aux arômes de fruits rouges. Cette parcelle est un héritage d’une parcelle historique. Son nom vient de sa pente qui permettait de voir sous les robes des femmes lorsqu’elles travaillaient penchées dans les vignes.
Le domaine de la Cras : sur le plateau de la Cras, à l’est de Dijon, un domaine viticole a été recréé à la fin des années 80 et racheté par la ville de Dijon en 2014. C’est aujourd’hui le plus grand domaine viticole de Dijon : d’une superficie de 160 ha au total, il compte aujourd’hui 8 ha plantés en chardonnay (pour faire des vins blancs) et en pinot noir (pour des vins rouges). Il est géré par Marc Soyard, un jeune viticulteur qui projette de replanter dans les années qui viennent.
Il existe également quelques pieds de vignes dans le quartier des Valendons pour une production confidentielle.
La vigne existe à Dijon depuis longtemps
La présence de la vigne est attestée en Côte-d’Or depuis l’époque gallo-romaine mais c’est au VIème avec Grégoire de Tours que l’on a les 1ères traces écrites de la présence de vignes à Dijon. La viticulture sera ensuite largement développée par les moines (notamment de Clairvaux) qui avaient besoin de vin pour alimenter leur grande communauté puis par les Ducs de Bourgogne qui vont servir le vin de Dijon (et de Bourgogne) lors de grands festins lorsqu’ils seront de passage dans leur palais dijonnais. Le vin est autant une boisson, qu’un plaisir et un objet de diplomatie auprès de leurs hôtes de prestige.Les riches bourgeois et les parlementaires bourguignons vont ensuite participer au développement de la viticulture à Dijon, chacun possédant des vignes et des pressoirs dans la ville. Le vin de Dijon fût même longtemps considéré comme un vin de qualité, supérieur à ceux de la côte.
A partir du XVIIIème siècle, les vignerons vont privilégier la quantité à la qualité pour profiter de la clientèle nombreuse de la ville de Dijon. Les vins de la Côte deviennent la référence en terme de qualité. L’industrialisation puis le phylloxéra et l’urbanisation vont accentuer le déclin des vins et des vignes du dijonnais. Au XIXème siècle, il y a plus de 1.000 ha de vignes à Dijon, aujourd’hui il en reste moins de 40 ha.
Ce passé viticole riche est un des arguments avancés pour intégrer la ville de Dijon dans la zone des climats du vignoble de Bourgogne inscrits à l'Unesco depuis juillet 2015.
Le reportage de Michel Gillot, Christophe Gaillard et Chantal Gavignet avec Benoît Bordat, conseiller du Grand Dijon délégué à l'agriculture périurbaine, Marc Soyard, viticulteur au Domaine de la Cras
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