Cet auteur dijonnais de bandes dessinées à succès a publié au début du mois d’octobre un nouvel album, « Comédie française : Voyages dans l'antichambre du pouvoir ». Il raconte la mise en scène du pouvoir de Jean Racine à Emmanuel Macron.
Après une BD sur la campagne de François Hollande, une autre sur sa vie à l’Elysée et un album consacré à Gérard Depardieu, avec "Comédie française : Voyages dans l'antichambre du pouvoir", Mathieu Sapin continue de commenter la vie politique française. Dans sa nouvelle production, il s’attache à raconter la fin du quinquennat du président socialiste, l’arrivée d’Emmanuel Macron au pouvoir et ses nombreuses tentatives pour l’approcher.
Le tout avec en toile de fond, le récit de la vie de Jean Racine, le célèbre dramaturge du XVIIe siècle qui a passé la deuxième moitié de sa vie à être l'historiographe de Louis XIV. Un travail de 20 ans finalement vain puisque ses écrits ont disparu dans un incendie peu après sa mort.
Quand on est témoin des milieux de pouvoir, c’est difficile d’y être indifférent. En retour, les hommes de pouvoir ont une attirance pour les artistes, ils ont envie de les séduire et d’en être entouré
Quel point commun entre Racine et Sapin ? "Un acharnement à vouloir côtoyer le pouvoir", selon l’auteur. Cette figure tutélaire "au côté courtisan et servile" n’en fait néanmoins pas "une figure enviable". Cette persévérance à vouloir chroniquer la vie des présidents le pousse à s'interroger sur sa volonté : "quand on est témoin de ce milieu, c’est difficile d’y être indifférent. En retour, les hommes de pouvoir ont une attirance pour les artistes, ils ont envie de les séduire et d’en être entouré", pense Mathieu Sapin.
Séduit, il l’est par Emmanuel Macron qui lui lance un clin d’œil après une brève rencontre lors du débat entre le futur président et Marine Le Pen, le 3 mai 2017. "Il a lu ma BD sur Gérard Depardieu et souhaite le rencontrer. Nous commençons à échanger et je perds son contact (le chef de l’Etat change de numéro de téléphone, ndlr)". S’en suivent de nombreuses tentatives, plus ou moins réussies, pour s'approcher de près du Président. "Les hommes politiques se protègent en créant un masque que l’on peut comparer à celui des acteurs. C’est difficile d’avoir un rapport naturel et simple".
Malgré tout, il a eu accès à des moments privilégiés durant la présidence et cela titille l'intérêt du lecteur friand de politique. L’album regorge d’anecdotes sur le chef de l'Etat, le couple présidentiel ou l’équipe qui l’entoure. Mathieu Sapin aime raconter que la Première dame a utilisé ses planches pour "taper" sur son mari, comme on peut le voir sur une photo diffusée sur les réseaux sociaux.
Une famille originaire de Côte-d'Or
Emmanuel Macron "n’a pas détesté sa BD" selon son auteur qui a croqué le dessin dans la petite ville de Lantenay, à quelques kilomètres de Dijon dans la Côte-d’Or, dans la maison de son père, pendant le confinement. Sa sœur, coloriste, a terminé le travail et l’album a été lancé au début du mois d’octobre. "Mon éditeur vient de m’appeler, un nouveau tirage de 10 000 exemplaires va être lancé", s’enthousiasme Mathieu Sapin. 35 000 numéros étaient déjà sortis des imprimeries, un très bon chiffre pour un auteur du 9e art.
"Je reviens très souvent en Côte-d’Or, mon père et ma sœur y habitent encore", se livre le désormais Parisien qui a fait toute sa scolarité à Dijon dont une année de philo à la fac. Sa famille d’artistes a traîné ses guêtres dans les lieux de culture de la ville : "mon père a été professeur d’histoire de l’art aux Beaux-Arts de Dijon et ma mère était bibliothécaire à la bibliothèque municipale et à celle de l’université". Il témoigne : "lors de ma jeunesse, la ville avait un autre aspect. Les parkings en centre-ville étaient nombreux et les rues piétonnes n’existaient pas. Dijon a changé dans la bonne direction".
Mathieu Sapin projette désormais de réaliser un deuxième film. Après "Le Poulain" avec Alexandra Lamy, sorti en 2017, il espère tourner l’année prochaine "Fake News", son nouveau scénario. Il narre le destin d’une journaliste parisienne obligée de fuir la ville, victime malgré elle des réseaux sociaux.