Le dispositif Un chez soi d’abord permet aux personnes sans-abri les plus fragiles, souffrant notament de troubles psychiques sévères, d’accéder directement à un logement ordinaire et d’être ainsi accompagnées vers la réinsertion.
Le constat
Les personnes vivant dans la rue ont une espérance de vie réduite de 30 ans par rapport au reste de la population.
La plupart d'entre elles souffrent de pathologies mentales sévères et ne sont pas prises en charge médicalement.
Pour répondre à ce constat, le programme Un chez soi d'abord a été impulsé par les ministères en charge de la santé et du logement.
Un chez soi d'abord
En France, ce type de programme baptisé « Housing First » de l’autre côté de l’Atlantique (où il a été testé dès les années 90), est porté par l’Etat et l’Assurance Maladie.Il est piloté par la DIHAL (Délégation Interministérielle à l’Habitat et à l’Accès au Logement).
Entre 2011 et 2016, Un chez soi d’abord a été expérimenté à Paris, Marseille, Lille et Toulouse.
Il a ciblé des sans-abri parmi les plus vulnérables, ceux qui présentent des troubles psychiques sévères et qui échappent aux dispositifs classiquement proposés.
Parmi les personnes accompagnées durant ces cinq années :
- 50 % souffrent d’une pathologie somatique chronique
- 100 % souffrent de maladies mentales (69% de schizophrénie et 31% de troubles bipolaires)
- 79 % souffrent d’une addiction.
En outre, la grande majorité des personnes a repris des liens avec son entourage, ses amis ou sa famille.
On relève également une effectivité des droits sociaux, un accès à des ressources (RSA, AAH…) et une inscription auprès d’un médecin traitant.
20% des personnes ont été accompagnées vers une formation professionnelle, un emploi ou des activités bénévoles.
Ce système permet en outre une rationalisation des dépenses publiques : 30 000 euros, c’est le coût annuel moyen des dépenses induites par l’utilisation des structures sanitaires d’hébergement et de justice par personne avant l’entrée dans le dispositif.
Le suivi par Un chez soi d’abord permet de générer des économies par un plus faible recours à l’ensemble des services et plus particulièrement des hospitalisations (70% des coûts évités) et les structures d’hébergement des coûts évités.
Le coût total annuel du programme, évalué à 14 000 euros, est donc totalement compensé par les économies générées.
Le logement : une étape fondamentale
Ce programme se distingue des offres classiques en ce qu’il ne conditionne pas l’accès à un logement ordinaire à la réussite d’un certain nombre d’étapes préalables, par exemple à l’arrêt des consommations d’alcool ou de drogues, ou encore à la prise d’un traitement relatif aux troubles psychiques.L’analyse qui est faite est que ces comportements sont directement liés à l’errance et que des avancées ne sont possibles que si les conditions de vie s’améliorent et que les personnes quittent la rue pour un vrai logement.
C’est donc le logement lui-même qui constitue le préalable à tout le reste.
Le dispositif Un chez soi d’abord s’appuie sur 8 principes fondateurs :
- Le logement est un droit fondamental
- L’accès rapide à un logement ordinaire
- Le choix par la personne de son agenda et de son offre de services
- Un engagement à accompagner la personne autant que nécessaire
- Un accompagnement centré sur la notion de rétablissement
- Le développement d’une stratégie de réduction des risques et des dommages
- Un engagement soutenu mais non coercitif
- La séparation des services de gestion locative et d’accompagnement
Des résultats positifs
Au terme de l’expérimentation dans quatre grandes villes françaises, et compte tenu des très bons résultats de l’évaluation, un décret gouvernemental de 2016 a pérennisé les quatre sites expérimentaux et décidé l’ouverture de 16 nouveaux dispositifs sur le territoire français (quatre par an), avec l’objectif de 2000 personnes logés et accompagnées à la fin 2023.Par ce décret, l’expérimentation Un chez soi d’abord est donc devenue une politique publique à part entière, inscrite dans le Code de l’Action Sociale et des Familles.
Avec Lyon, Bordeaux et Grenoble, Dijon fait partie de la première « fournée » des nouvelles villes où s’installe le dispositif.
Le fonctionnement du dispositif Un chez soi d'abord
Un chez soi d’abord est le locataire en titre de ces logements, qui sont sous-loués aux sans-abri admis dans le dispositif.Le loyer est réglé aux propriétaires par le dispositif et les sous-locataires y participent en fonction de leurs revenus (RSA, APL, salaires…) et dans la limite de 30% de ces revenus.
Les personnes sans-abri potentiellement éligibles à Un chez soi d’abord sont d’abord repérées en amont par des équipes proches de ces publics (rue, hôpital, prison, veille sociale, mandataires judiciaires…)
Elles doivent alors faire une demande d’admission, et rencontrer un médecin psychiatre.
Leurs dossiers sont examinés par la Commission d’Orientation dans un délai d’un mois après leur demande. En cas d’avis favorable, l’équipe d’accompagnement les rencontre alors très rapidement et ils se voient proposer de visiter plusieurs logements dans les semaines qui suivent.
Quand leur choix est fait, Un chez soi d’abord leur alloue un budget de 1000 euros pour faire les premiers achats en vue de leur emménagement.