L'avocat de Tomofumi Uchimura a répondu à France 3 ce lundi soir. Le chef du restaurant Origine, étoilé au guide Michelin, a été placé en garde à vue ce lundi 25 novembre à Dijon. En réponse, il accuse l'un de ses ex-collaborateurs d'avoir monté une "cabale" à son encontre, en "manipulant" la plaignante.
Tomofumi Uchimura, chef du restaurant Origine, a été entendu en garde à vue dès 8h30 ce lundi 25 novembre au commissariat de police de Dijon. À 16h30, la garde à vue était encore en cours. Le parquet ne souhaite pas s'exprimer sur l'affaire, mais nous avons pu nous entretenir avec maître Fabien Kovac, l'avocat du chef étoilé, qui nous livre la version de son client.
Quels sont les faits reprochés à votre client ?
Maître Fabien Kovac : "Le dossier est constitué de la plainte d'une ex-salariée pour harcèlement moral, harcèlement sexuel et agresison sexuelle ; des faits vivement contestés par mon client." [Selon le Bien Public, cette femme âgée d'une trentaine d'années était employée de juin 2023 à mai 2024 au restaurant Origine, et dit avoir subi ces faits durant toute cette période : "propos dégradants, sexistes et d’attouchements réguliers, par-dessus ses vêtements".]
Que répond Tomofumi Uchimura à ces accusations ?
Maître Fabien Kovac : "Nous estimons qu'il s'agit d'une cabale montée de toute pièce par un ex-collaborateur de mon client. Un homme que Tomofumi Uchimura a, en quelque sorte, pris sous son aile au début du restaurant.
Ils ont travaillé ensemble, et ce collaborateur était payé mensuellement en tant que consultant en vin, en gestion d'entreprise, en ressources humaines, sélection des fournisseurs, etc. C'est d'ailleurs lui qui avait embauché la salariée qui a porté plainte.
Il y a eu des dissensions entre mon client et cet homme cette année, et la collaboration a pris fin cet été.
Par la suite, cet homme a dit, et même écrit, par téléphone notamment, qu'il "ferait tout pour nuire" à monsieur Uchimura. Ça sent la cabale.
Fabien Kovacavocat de Tomofumi Uchimura
Nous pensons que la plaignante a pu être manipulée par cet homme. Cette histoire de plainte est là pour nuire."
Quels ont été les rapports entre Tomofumi Uchimura et la plaignante, selon lui ?
Maître Fabien Kovac : "Elle n'est pas restée longtemps, une petite année. Elle n'a pas donné satisfaction. Elle était adjointe sommelière, il me semble."
Dans quel état d'esprit est votre client ?
Maître Fabien Kovac : "Il a confiance en la justice. Il savait qu'il serait auditionné et attendait même ce moment pour s'expliquer. Il devrait y avoir d'autres auditions, peut-être des contre-auditions, une confrontation."
En l'état, le service de demain [mardi] soir n'est pas remis en cause.
Fabien Kovacavocat de Tomofumi Uchimura
Les comportements des chefs, parfois irascibles dans le milieu de la haute cuisine, sont souvent pointés du doigt. Les faits reprochés peuvent-ils être de cette nature ?
Maître Fabien Kovac : "C'est un métier exigeant dans lequel il faut être exigeant avec soi-même. Tout est sujet à interprétation. Si vous dites : "Faut me sortir une assiette de foie gras !" vous ne dites pas "Merci, s'il te plaît..." Vous criez le nom du plat. C'est la vie classique de tous les jours en cuisine.
La plupart des déclarations de la plaignante sont soumises à interprétation. Je pense qu'à une autre époque, ces faits n'auraient certainement pas donné lieu à une garde à vue.
Aussi, la culture et la rigueur japonaises sont différentes des pratiques françaises. Les chefs japonais sont connus pour être très rigoureux, très durs.
Fabien Kovacavocat de Tomofumi Uchimura
Il y a, en plus pour monsieur Uchimura, la barrière de la langue ; il peut y avoir des mots durs et involontaires. Est-ce que la plainte n'a pas été déposée en se basant sur cela ?"
Installé place Wilson, étoilé en 2022
Arrivé en France en 2007, Tomofumi Uchimura a d'abord travaillé à Megève, au Flocon de Sel, établissement trois étoiles. Puis, il s'installe en Bourgogne et passe près d'une décennie à la maison Lameloise, à Chagny, en tant que chef adjoint d'Eric Pras.
Tomofumi Uchimura reprend en 2020 le restaurant du chef Stéphane Derbord, situé place Wilson aux portes du centre-ville de Dijon. Deux ans plus tard en 2022, le Japonais décroche une étoile au guide Michelin. "C'est une belle chose pour nous, pour l'équipe aussi. On va continuer comme ça, pour une deuxième, troisième étoile !" nous confiait le chef en 2022.
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