Des feux d'artifice lancés dans les cortèges pendant les manifestations des "gilets jaunes", un constat désormais récurrent chaque samedi à Dijon. La préfecture de Côte-d'Or parle de tirs de mortier. Qu'en est-il vraiment ? Quels sont les dangers ?
Des boucliers métalliques face aux feux d'artifice. Chaque samedi, le scénario se répète à Dijon lors de la manifestation des "gilets jaunes". Samedi 20 avril, la préfecture de Côte-d'Or parle sur Twitter de "tirs de mortier", une expression qu'elle n'a pas souhaité expliciter.
Acte 23 des #GiletsJaunes à #Dijon : encore des tirs de mortier sur les forces de l'ordre rue de la préfecture. Le Préfet condamne ces violences inadmissibles et apporte son soutien aux forces de l'ordre sur le terrain.
— Préfet Bourgogne-Franche-Comté, Préfet Côte-d'Or (@Prefet21_BFC) 20 avril 2019
Il n'est pas question de guerre ici, les tirs de mortiers que l'on voit sur les images des manifestations sont "artificiers". Ici, le mortier est un tube qui permet l'envoi à distance de pétards ou de chandelles. Des objets de fête tout sauf inoffensifs.
Nous avons soumis les images des manifestations à Philippe Rodriguez, artificier. "C'est du gros, ça éclate dans différents sens avec différents effets. Cela risque de brûler soit les vêtements, soit les personnes, se faire arracher la main, crever un œil, nous explique-t-il. C'est complètement aberrant."
Vente autorisée
Ces produits sont vendus en toute légalité aux plus de 18 ans en magasin comme sur internet. Philippe Rodriguez est régulièrement sollicité par des particuliers à travers sa plateforme en ligne. "J'ai été contacté par des manifestants gilets jaunes de Saône-et-Loire qui m'ont demandé de leur fournir des fumigènes jaunes, détaille-t-il. Personnellement, je refuse. L'utilisation, une fois qu'elle n'est plus dans mes mains, c'est vrai que c'est la responsabilité de la personne qui va s'en servir. Mais je n'ai pas envie de voir ça à l'écran en train de brûler une personne ou un établissement.Détourner des feux d'artifice en armes est un acte de violence puni par la loi. "C'est un délit qui est puni à hauteur de trois ans d'emprisonnement et 45 000 euros d'amende, rappelle Maître Jean-Christophe Bonfils, avocat au barreau de Dijon. En revanche, s'il y a blessures, interruption de temps de travail supérieur à huit jours, la peine est portée de cinq à dix ans d'emprisonnement et de 75 000 à 150 000 euros d'amende en fonction de la réunion d'une ou plusieurs circonstances aggravantes."
Pour rappel, l'utilisation de pétard, même à son domicile, doit être déclarée en mairie ou en préfecture.