Le Dijonnais de 57 ans, atteint d'une maladie incurable, a suspendu ses traitements médicaux dans la nuit du vendredi 4 au samedi 5 septembre. Après avoir été hospitalisé, il annonce ce mercredi 9 septembre le retour prochain à son domicile.
De nombreux soutiens se sont élevés pour accompagner Alain Cocq dans sa lutte pour le droit à mourir dans la dignité.
Il avait interpelé fin août le Président de la République pour obtenir une injection de barbituriques "à titre compassionnel" pour abréger ses souffrances. Devant le refus d'Emmanuel Macron auquel il s'attendait, Alain Cocq a suspendu ses traitements médicaux et arrêté de s'alimenter.
Cela fait 4 jours qu'il ne reçoit plus aucun soin.
Voici le récit de sa lutte pour mourir dans la dignité.
Mercredi 9 septembre : l'annonce d'un retour à domicile
En milieu d'après-midi, Alain Cocq annonce son retour prochain à domicile "d'ici 7 à 10 jours". Le message a rapidement été commenté plusieurs centaines de fois. Certains annoncent prendre leurs distances.Un peu plus tôt, le Dijonnais avait affirmé n'avoir subit "aucunes pressions".
Mardi 8 septembre : Alain Cocq est hospitalisé annonce l'association "Handi mais pas que"
L'état de santé d'Alain Cocq s'est "considérablement dégradé" lundi 7 septembre dans la soirée annonce Sophie Medjeberg, sa mandataire. Son médecin traitant a alors été appelé. Alain Cocq est ensuite transféré par les équipes du SAMU au Centre hospitalier de Dijon où il aurait "récusé son refus de soins" auraient fait savoir les équipes médicales à Sophie Medjeberg.
Le CHU de Dijon n'a pour l'instant pas confirmé l'information. Sollicitée, une source médicale affirme qu'Alain Cocq "a sollicité des soins" auprès des équipes du SAMU venues à son domicile lundi soir.
"Je suis désolé mais j'ai besoin de sérénité pour partir, en paix, sans souffrance"
Dans la soirée ce mardi, après avoir pu s'entretenir avec Alain Cocq, Sophie Medjeberg confirme que ce dernier a pu bénéficer de soins palliatifs "parce qu'il souffrait trop". "Je suis désolé mais j'ai besoin de sérénité pour partir, en paix, sans souffrance" lui a-t-il déclaré. "Il a bien récusé le refus de soins. Il souffrait trop, c'était trop dur. Il souhaite toujours partir mais dans un processus sans souffrance. C'était trop difficile" clonclue sa mandataire.
Lundi 7 septembre : "Horrrible et dommage d'en arriver là"
Cela fait 3 jours qu'Alain Cocq ne s'alimente plus. C'est l'Association "Handi mais pas que" qui est en charge de transmettre les informations sur l'état de santé d'Alain. On apprend lundi 7 septembre qu'il connaît une déshydratation importante et des pertes momentanées de conscience.
Sophie Medjeberg, vice-présidente de l'association a déclaré : "Comme il a arrêté de s'alimenter, il a vomi toute la journée hier (dimanche) et souffre d'une déshydratation importante. Il alterne les phases de conscience et d'inconscience"
Elle a dit qu'il se sentait "serein" dimanche lors de leur dernier échange téléphonique. "Je compte sur toi; le combat ne doit pas s'arrêter", a-t-il exhorté.
"C'est vraiment pénible pour tout le monde, horrible et dommage d'en arriver là. On paye un lourd tribut pour notre cause", a insisté Mme Medjeberg.
A travers le combat d'Alain, c'est toute une refonte de la loi Léonetti qui se profile, des soutiens plaident pour un amendement.
Dimanche 6 septembre : le dernier message vocal
Au deuxième jour de Alain Cocq s'exprime par la voix du "Média indépendant"Sur un enregistrement vocal uniquement, il répond à "la censure" de Facebook.
Il rappelle comment Facebook a coupé sa vidéo, et précise à nouveau qu'il n'y avait "ni image violente, ni d'image trash, ni d'image dégradante pour la personne ou le corps humain."
Ils contreviennent à la liberté d'expression
Alain Cocq, dans sa déclaration, décrit sa démarche initiale, et donne son avis sur le réseau social :"Il s'agissait simplement d'images montrant pacifiquement la fin de vie d'un citoyen en France et donc ce venant, ils contreviennent à la liberté d'expression, droit fondamental garanti par la constitution Française et par la Convention Internationale relative aux Droits des Personnes Handicapées. Ayant contrevenu à ce droit fondamental, il ressort qu'ils contreviennent au droit français européen. Il se pose maintenant la question de leur droit légitime à pouvoir diffuser sur tout l'espace européen. Car, si un réseau social, qui se targue de mettre les personnes les unes en lien avec les autres, en arrive à priver nos concitoyens de leur liberté d'expression, alors de fait, il s'agit d'un réseau qui oriente la liberté de la communication des citoyens de l'espace où il diffuse."
Samedi soir : Alain Cocq dénonce une "dicrimination inique"
24 heures après l'interdiction de diffusion de la vidéo par Facebook le 5 septembre, Alain Cocq annonce la possibilité d'un "système de repli" et dénonce une "entrave à la liberté d'expression".Samedi 5 septembre : Facebook bloque la vidéo à la mi-journée
Alors qu'Alain Cocq avait prévenu qu'il ferait une vidéo en se filmant lui-même dès l'arrêt de ses soins, le réseau social bloque la vidéo samedi à la mi-journée.
Alain Cocq souhaite mourir, mais pas en secret. En écrivant "A vous de jouer", il encourage ses soutiens à s'exprimer directement à Facebook France.
Les soutiens s'élèvent sur la toile
Lorsqu'Alain Cocq entame sa démarche pour pouvoir mourir dans la dignité, deux hashtags se crééent sur les médias sociaux : #JeSuisAlainCocq #JeSoutiensAlainCocq
Sophie Medjeberg est présidente de l'Association "Handi mais pas que" et affiche son soutien à Alain.
Une attestation de refus de soins
Le 27 Juillet, Alain Cocq publie sur sa page Facebook son intention de stopper "toute alimentation, toute hydratation, toute forme de soins"
Une couverture médiatique internationale
Le blocage imposé par Facebook a permis de donner un retentissement international à la lutte d'Alain CocqPar exemple, la publication italienne Il Giornale a titré le 6 septembre : "Le Français meurt en direct et Facebook suspend les vidéos"
Le site de la BBC au Royaume-Uni relaie l'information le 6 septembre :
Le site Today Online avait publié un article le 21 aôut sur la démarche d'Alain Cocq saisissant le Président de la République.
Le débat sur le droit de mourir dans la dignité relancé
En sollicitant le Président de la République, Alain Cocq souhaitait attirer l'attention sur la fin de vie et le droit à mourir dans la dignité.De nombreux soutiens se sont fait entendre, tels que Jean-Luc Romero-Michel, de l'Association du Droit à Mourir dans la Dignité
— Jean-Luc Romero-Michel (@JeanLucRomero) September 7, 2020