Avec son 1,62 m, Frédéric Sammaritano s'est imposé à Dijon, leader de Ligue 2. L'ancien joueur de l'AJ Auxerre renvoie dans leurs buts tous ceux qui pensaient que sa petite taille l'empêcherait d'être davantage qu'un "bon joueur de National".
Pourquoi la France a-t-elle une certaine réticence pour les joueurs qui ne sont pas grands ?
Plus petit que Messi (1,70 m), Valbuena (1,67), Giuly (1,64) ou Giresse (1,63) et footballeur professionnel, c'est possible ? Oui, comme le prouve Frédéric Sammaritano. Pourtant, c’est sa taille (1,62 m) que Nantes, son club formateur, a mis en avant pour annoncer au joueur en 2006 qu'il ne le garderait pas.
A l'époque, "j'étais en concurrence avec Dimitri Payet (...), ça n'a pas été facile à vivre", se rappelle Frédéric Sammaritano qui se prépare à affronter mardi 1er décembre (dans le cadre de la 17e journée de championnat) son ancien club, Auxerre, qu'il a quitté cet été pour Dijon.
Reportage de Théo Souman et Yoann Etienne, avec les interviews de Frédéric Sammaritano et Olivier Dall'Oglio (entraîneur du Dijon FCO) :
Il est passé d'Auxerre à Dijon l'été dernier, et se retrouve au centre de toutes les attentions avant le derby bourguignon de Ligue 2. Rencontre avec le milieu du DFCO, Frédéric Sammaritano.
"En France, il y a une certaine réticence pour les joueurs qui ne sont pas grands. Cela avait été le cas pour Alain Giresse par le passé. Plus récemment, on l'a vu avec moi ou Valbuena", explique le milieu de terrain offensif de 29 ans, auteur de quatre buts et cinq passes décisives depuis son arrivée.
Je fais partie de ceux qui sont vifs, rapides, et je pense avoir une bonne technique.
Quel est le secret de Frédéric Sammaritano ?
En 2005, Frédéric Sammaritano est champion d'Europe des moins de 19 ans, en compagnie notamment d'Abou Diaby (Marseille), Yoann Gourcuff (Rennes), Hugo Lloris (Tottenham), Yohan Cabaye (Crystal Palace) ou Didier Digard (Nice).A Vannes (2007-2010), en National puis en Ligue 2, il trouve un entraîneur qui n'est pas rebuté par sa taille et qui l'installe sur les côtés, lui qui n'est "pas forcément taillé pour jouer avant-centre".
L'entraîneur Stéphane Le Mignan, adepte d'un foot offensif, "savait utiliser mes qualités", assure Frédéric Sammaritano. "Tous les joueurs qui ont un gabarit comparable au mien ont un centre de gravité très bas, ce qui nous rend difficile à marquer pour les défenseurs. Je fais partie de ceux qui sont vifs, rapides, et je pense avoir une bonne technique", dit-il.
Ses bonnes prestations avec le club breton, avec lequel il dispute une finale de Coupe de la Ligue en 2009 face à Bordeaux (0-4), lui permettent ensuite d'évoluer en Ligue 1, d'abord à Auxerre (2010-2011) puis à l'AC Ajaccio (2011-2013). Il goûte même à la Ligue des champions avec l'AJA.
Il a fait de son gabarit un atout
Comment les Espagnols ont-ils fait évoluer les mentalités ?
"Je crois qu'on commence à être revenu du profil type du joueur grand et athlétique. Il en faut, bien sûr, mais les joueurs plus petits, plus légers, sont tout à fait capables d'évoluer au plus haut niveau", veut-il croire. "Les Espagnols, qui ont gagné beaucoup de titres avec des footballeurs pas très grands, techniques et rapides (Xavi, Iniesta, ndlr), ont fait évoluer les mentalités", estime Frédéric Sammaritano.Au moment de le recruter pour deux saisons, Olivier Dall'Oglio, l'entraîneur dijonnais, n'a pas hésité longtemps : "Il n'est pas grand, certes, mais il est très musclé. Je pense que comme d'autres de son gabarit, Frédéric n'a pas toujours dû entendre des choses aimables. Cela l'a aidé à forger son caractère. Il a fait de son gabarit un atout".