Partie de Marseille, la contestation des policiers s'étend ailleurs en France après le placement d'un de leurs collègues en détention provisoire. Dijon et d'autres villes de la région entrent dans le mouvement.
Des interventions de la police nationale sur la voie publique limitées aux situations d'urgences, telle est la situation ce matin à Dijon. Pas de patrouilles dans les rues, ni de possibilité de déposer une main courante au commissariat. Selon Christophe Fernandez, représentant régional du syndicat Unité SGP Police- Force Ouvrière, "la totalité des effectifs sur voie publique appliquent le 562." Pour ces fonctionnaires qui ne disposent pas du droit de grève, le "562" est un code, prévu par l'administration, pour dire que les policiers sont en service, mais pas sur le terrain.
"Une montée en puissance aussi forte, cela ne s'est jamais vu à Dijon", explique le syndicaliste, qui indique que les commissariats de Chalon, Montceau et Auxerre sont aussi en service minimum. "Ce qu'on veut c'est du concret au regard du statut et de la protection de l'agent", explique Christophe Fernandez. "Il s'agit d'exprimer un soutien marqué à notre collègue de la BAC, comme il s'agit d'exprimer notre soutien à notre collègue incarcéré dans l'affaire de Nanterre."
Partie des Bouches-du-Rhône, la fronde des policiers s'étend donc sur le territoire. Elle fait suite au placement en détention provisoire jeudi dernier d'un fonctionnaire de la BAC de Marseille. Le fonctionnaire, ainsi que trois de ses collègues, est mis en examen pour "violences volontaires ayant entraîné une ITT supérieure à huit jours", aggravées par trois circonstances, puisqu'elles ont été "commises en réunion, avec usage ou menace d'une arme" et par "personne dépositaire de l'autorité publique dans l'exercice de ses fonctions".
"Nul en République n'est au dessus des lois"
Les fonctionnaires sont soupçonnés de violences policières sur un jeune homme de 21 ans, dans la nuit du 1er au 2 juillet à Marseille, en marge des émeutes survenues après la mort du jeune Nahel à Nanterre. La victime, Hedi, a raconté qu'il était simplement venu faire la fête à Marseille avec un ami quand des policiers se sont "rués sur eux" vers 2 heures du matin. Son avocat, Jacques Preziosi, précise que son client n'a pas de casier et qu'il a "reçu des coups de poing, de pied, a la mâchoire cassée et l'œil gauche qui ne voit plus", cite France 3 Provence-Alpes Côte d'Azur.
Interrogé dimanche par le Parisien, le directeur général de la police nationale (DGPN) s'était ému du placement du policier en détention provisoire : Frédéric Veaux avait considéré "qu'avant un éventuel procès, un policier n'a pas sa place en prison." Cette déclaration a suscité une grande émotion, en particulier à gauche. Sans condamner ces propos, le Président Macron a déclaré lundi que "nul en République n'est au dessus des lois"
Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin reçoit ce soir à Paris les syndicats de policiers.