Témoignage. "Je pourrais parler de scènes de guerre" : un policier déployé à Dijon raconte les nuits de violences urbaines

Publié le Écrit par Auberi Verne et Gaël Simon
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Des dizaines de milliers de policiers ont été déployés partout en France, durant six nuits, pour tenter de contenir les violences urbaines après la mort de Nahel. L'un d'eux, qui a vécu les émeutes à Dijon (Côte-d'Or), a accepté de témoigner auprès de France 3 Bourgogne.

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Six nuits au cœur de l'action. Depuis le 27 juin dernier, date à laquelle Nahel a été tué à Nanterre par un policier, Sébastien (le prénom a été modifié) a été mobilisé chaque nuit à Dijon (Côte-d'Or) pour faire face aux émeutes urbaines. Policier depuis près de 20 ans, il a raconté à France 3 Bourgogne cette semaine d'affrontements.

Comment se sont déroulées ces nuits d'émeutes à Dijon ?

Sébastien : Les jeunes ont voulu montrer qu'ils étaient là, et ça s'est répercuté de Nanterre sur d'autres communes et circonscriptions. Les premières nuits étaient vraiment intenses, notamment sur les Grésilles, à Chenôve et à la Fontaine-d'Ouche. Une école a été brûlée, des véhicules incendiés... Même à Talant, il y a eu un pillage du Super U. Je pourrais parler de scènes de guerre.

Vous êtes habitué à voir ce genre de scènes ?

Sébastien : Mon travail, moi, je le prends le matin sans savoir vraiment ce que je vais faire. Le métier de policier est très aléatoire, on prend les missions comme elles viennent. Mais je ne suis pas là pour me prendre du mortier ou essuyer des jets de projectiles. Notre métier est de servir nos concitoyens. Heureusement, à Dijon, ce n'est pas habituel ce genre de heurts.

En quoi consistent vos missions lorsque vous faites face à ces violences ?

Sébastien : en un mot, la sécurité. À la fois des fonctionnaires de police et de nos concitoyens. Heureusement, ce ne sont pas des missions qui sont effectuées tous les jours.

Qu'est-ce qui vous a marqué pendant ces nuits ?

Sébastien : Ce qui est marquant, c'est l'âge des jeunes. Il y a eu des interpellations pour des jets de mortier par exemple, et quand on voit leur âge, de 13 à 17 ans, ça laisse à penser que la responsabilité des parents doit intervenir.

Comment peut-on laisser un enfant de 13 ans dans les rues dijonnaises à minuit, une heure ou deux heures du matin ?

Certains ne savent même pas pourquoi ils sont là ! On leur pose la question, on leur demande pourquoi ils sont là, et ils nous répondent qu'ils ont suivi parce qu'untel leur a dit de venir. On a l'impression qu'ils sont complètement déconnectés de ce qu'il se passe vraiment. Mais il y a aussi un sentiment de défiance de la part des jeunes, parfois de haine.

On a beaucoup comparé ces émeutes à celles de 2005. Qu'en pensez-vous ?

Sébastien : En 2005, j'étais très jeune policier, tout fraîchement sorti d'école. Je venais d'être affecté sur la région parisienne. Je revois des choses de 2005 en 2023, mais ça reste différent. À l'époque c'étaient vraiment de grosses violences qui ont duré des semaines. Là, sur l'agglomération dijonnaise, c'est plus calme.

► LIRE AUSSI - "Les gens vont devenir encore plus racistes" : comment les habitants vivent les violences urbaines après la mort de Nahel ?

Certes, chaque fois il y a eu des choses dramatiques : la perte de vies. Mais est-ce que ça donne le droit de brûler des établissements publics, des écoles, de piller des magasins, d'incendier des véhicules ? Qu'on fasse une marche blanche, c'est concevable, mais qu'on s'attaque ensuite aux forces de l'ordre qui ne font que leur travail, ce n'est pas entendable.

Un apaisement est-il possible ?

Sébastien : Oui. Ça a été fait en 2005, je crois qu'on va y arriver en 2023. Les nuits dernières, on a senti une accalmie. On espère que ça va durer.

Comment parvenir à cet apaisement ?

Sébastien : Ça passe par les parents. Ils jouent un rôle primordial dans tout ça. Et il y a une enquête en cours, il faut qu'on la laisse se dérouler en bonne et due forme.

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