Après la mort de Nahel, 17 ans, tué par un tir policier, les violences urbaines ont gagné plusieurs villes de notre région comme Dijon (Côte-d'Or) où des tensions ont éclaté dans le quartier des Grésilles. Hier, une école a été incendiée. Les habitants confient leur colère. Des jeunes évoquent la fracture avec les forces de l'ordre.
Samedi 1er juillet. Il est 18 heures lorsque des individus incendient l'école Champollion, dans le quartier des Grésilles à Dijon (Côte-d'Or). Les flammes détruisent toute une classe. Ce dimanche, alors que la façade noircie laisse la trace de ce feu d'origine criminelle, les parents et enfants sont dans l'incompréhension.
"C'est l'école de mes enfants. Mes deux filles sont ici depuis deux ans. C'est une école avec de bonnes maîtresses, un directeur gentil. Je suis très triste. Quand je vois tout ça... je ne sais pas quoi dire. C'est horrible", confie-t-elle très émue.
"Je suis très en colère et triste, ajoute-t-elle. C'est trop... C'est à l'école où on apprend. On ne touche pas à l'école ! On n'a pas à faire la justice nous-mêmes. Ce n'est pas à la population de faire ça. Ca va traumatiser les enfants".
Une fracture entre la police et les jeunes
Le quartier des Grésilles a été le premier de Dijon à se révolter, mardi soir, après la mort du jeune Nahel. Le drame est venu raviver des mots profonds et rappelle la fracture entre les jeunes et la police. Ce jeune homme a grandi ici depuis qu'il a l'âge de 6 ans.
"C'est un ras-le-bol de toute la population. Ce sont des évènements qui arrivent souvent en France, des jeunes qui peuvent mourir lors d'un contrôle policier. C'est pour ça qu'il y a tout ça qui se passe cette semaine. C'est une colère que je comprends et que je partage", témoigne le jeune homme tout en dénonçant les pillages et violences à l'égard des commerces, écoles et bâtiments publics.
"Par contre je n'ai pas peur de le dire, en tant que maghrébin, j'ai peur. S'il y a un contrôle de police, j'ai peur. Je ne sais pas pourquoi mais c'est un instanct qui va venir naturellement. On commence à avoir de plus en plus peur de la police", conclut-il.
"Les gens vont devenir encore plus racistes"
Dans cette cité de 6 000 habitants, beaucoup dénoncent ces nuits de violences urbaines. Ces affrontements avec les forces de l’ordre et ces dégradations qui se répètent. Un vent de révolte qui écorne l’image du quartier.
"Quand ils brûlent des voitures, des commerces, les gens vont devenir encore plus racistes. C'est n'importe quoi ce qu'ils font", nous raconte un habitant. Des habitants qui aimeraient trouver une porte de sortie aux protestations. Un début d’apaisement.
Du côté de la mairie de Dijon, François Rebsamen a également réagi à l'incendie de l'école du quartier. "Il s'agit d'un acte de malveillance d'une extrême gravité qui touche un bâtiment public. Cet incendie a endommagé sérieusement l'école et pénalise les familles du quartier, en particulier les enfants".
L'école élementaire sera fermée aux élèves. Un accueil collectif sera organisé dansles locaux périscolaires de Champollion et Montmuzard.