Le ministère de l'Intérieur évoque des affrontements d'une "intensité moindre". Mais la nuit de ce vendredi 30 juin au samedi 1er juillet a été une nouvelle fois le théâtre de violences en Bourgogne à la suite de la mort de Nahel, notamment à Dijon et Mâcon.
994 interpellations et 1 350 véhicules incendiés à travers la France, c'est le bilan avancé par Gérald Darmanin de la quatrième nuit de violences après la mort de Nahel. Des affrontements qui ont, une nouvelle fois, frappé plusieurs villes de Bourgogne, notamment Mâcon (Saône-et-Loire), Beaune et Dijon (Côte-d'Or).
Le ministre de l'Intérieur évoque tout de même des tensions d'une "intensité moindre" entre ce vendredi 30 juin et ce samedi 1er juillet. Pour rappel, 45 000 policiers, gendarmes et unités d'élite étaient déployés sur tout le territoire. 79 forces de l'ordre ont été blessés lors des heurts, contre 249 la veille.
Interpellations au Creusot, couvre-feu à Chalon
En Saône-et-Loire, la préfecture évoque le chiffre de 59 policiers, 63 gendarmes et 144 sapeurs-pompiers mobilisés au plus fort des évènements. "La soirée a été de nouveau perturbée par des épisodes de violence sporadique, essentiellement concentrés sur la ville de Mâcon". Les services de l'Etat décrivent essentiellement des feux de poubelles et de véhicules, mais aussi des tentatives d'intrusion et de dégradations dans des commerces et au complexe sportif des Saugeraies.
Dans le reste du département, on compte 4 interpellations au Creusot pour des feux de poubelles et des pneus crevés. Un feu de poubelle s'est par ailleurs propagé à Lux et a endommagé la toiture de la salle des fêtes.
A Chalon-sur-Saône, le maire (LR) Gilles Platret avait instauré un couvre-feu entre 22 heures et 6 heures du matin dans trois secteurs sensibles de la commune. 40 forces de l'ordre étaient déployées. "C'est l'arme juridique qu'on donne aux policiers pour disperser les rassemblements et inviter les personnes à rentrer chez elles avant que des groupes très mobiles se forment. On se donne tous les moyens de mettre la force de notre côté car on à affaire à des jeunes très déterminés", justifie l'édile.
"Si c'est pour protéger la population, c'est pas plus mal pour éviter des débordements et des situations dangeureuses", estime un habitant. La soirée s'est déroulée dans le calme.
9 personnes arrêtées en Côte-d'Or, feux de poubelle et de véhicules dans l'Yonne
Ce samedi matin, le maire (LR) de Beaune, Alain Suguenot, condamne les violences urbaines qui ont émaillé sa commune. Dans un communiqué, il évoque notamment l'attaque du commissariat de police. "Comme si nos policiers avaient une responsabilité quelconque dans le drame intervenu à Nanterre. Cette récupération de quelques individus souvent étrangers à la ville est en contradiction totale avec le respect qui est dû à la mémoire du jeune Nahel".
La préfecture de Côte-d'Or évoque aussi l'attaque de plusieurs commerces dont une boulangerie vandalisée. Le préfet du département Franck Robine fera d'ailleurs un point de situation dans la commune à 11h30 ce samedi. Selon nos sources, une cinquantaine de personnes ont procédé à des tirs de mortiers sur le bâtiment et les forces de l'ordre. Des renforts ont été envoyés sur place ainsi qu'un hélicoptère de la gendarmerie.
L'agglomération dijonnaise a également été touchée par de nouveaux épisodes de violences cette nuit. Des épisodes qui ont notamment eu lieu aux Grésilles, à Saint-Apollinaire et à Quetigny.
Cet habitant du quartier de la Fontaine-d'Ouche a assisté aux violences depuis sa fenêtre. Il est descendu dans la rue pour protéger son véhicule. "Le soir, c'est comme dans un film policier. Ils se rassemblent sous les arbres et puis après ils foutent le bordel quand il commence à faire nuit", décrit-il.
"On a entendu un 'boom'. On a sursauté dans le canapé. On s'est dit qu'il y avait le feu et on est descendu pour voir s'ils ne mettaient pas le feu aux voitures. Ce n'est pas normal... Il y a des familles". Au total, 9 personnes ont été arrêtées en Côte-d'Or pour un bilan de 16 véhicules et 11 containeurs incendiés.
L'Yonne n'a pas été épargnée non-plus. Hier soir, 160 policiers, gendarmes et pompiers étaient mobilisés. Ils ont fait face à une quinzaine de feux de poubelles et une dizaine de feux de véhicules légers.
"Plusieurs commissariats et brigades de gendarmerie ont été pris pour cible sans que des dégâts importants ne soient occasionnés. À Saint-Florentin, un magasin de bricolage a été incendié", précise la préfecture du département.
Enfin, à Nevers, 24 policiers et 58 gendarmes ont été déployés pour assurer le maintien de l'ordre. Des tensions sur survenues à partir de 22h30 dans les quartiers de Courlis et des Bords-de-Loirs. Les forces de l'ordre ont fait face à des tirs de mortiers. Résultat : trois policiers légèrement blessés.
"L'action des forces de l'ordre a notamment permis d'éviter le pillage du magasin Intermarché et de la boulangerie des Bordes de Loire. Quatre fauteurs de troubles ont été interpellés et sont actuellement placés en garde-à-vue", détaille la préfecture.
Ce samedi 1er juilllet, les obséques de Nahel auront lieu à Nanterre.