Internes en grève. Valentine nous raconte son quotidien : "je travaille 50 à 60 heures par semaine"

Depuis le 28 octobre, les internes ont lancé un mouvement de grève national. Ils s'opposent au projet de loi du Sénat, visant à les obliger à travailler dans les déserts médicaux. Interne en pédiatrie au CHU de Dijon, Valentine soutient ce mouvement et témoigne de son quotidien parfois délicat.

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Ils se mettent en grève pour dénoncer un projet de loi. Depuis le 28 octobre dernier, les internes en médecin s'opposent à la volonté du Sénat de les obliger à travailler dans zones sous-dotées en personnel médical. Un mouvement qui durera jusqu'à mardi et que soutient Valentine Simon.

Cette jeune femme de 25 ans a démarré sa formation en médecine il y a huit ans. Pour elle, la projet du Sénat vient rajouter de la difficulté pour des professionnels de santé déjà sous pression. Elle nous raconte son quotidien. "J'aime ce métier, mais si je savais tout ce qui allait m'attendre, je n'aurais pas fait ça et je ne suis pas la seule à me dire ça autour de moi", avoue cette interne en pédiatrie à l'hôpital de Dijon. 

Actuellement en 9ème année d'étude, elle ne pensait pas que le manque de personnel était si important. "À 18 ans ce n'est pas ce qui vient en premier dans votre esprit. Mais aujourd'hui, je travaille 50 à 60 heures par semaine, soit 10 heures par jours. Cela ne s'arrête pas au vendredi puisqu'on peut être amené à ne pas prendre de pause et travailler les week-end". 

"Beaucoup de patients ne sont pas vus par des médecins mais par des internes"

En formation, Valentine et ses collègues doivent endosser le rôle de médecin titulaire sans avoir toutes les compétences. "On est censé être en apprentissage, mais la plupart du temps il y a tellement de demande que certains patients ne sont jamais vus par des médecins mais par des internes encore en formation", confie-t-elle. 

Au-delà de ces conditions de travail compliquées, Valentine assure que son métier n'est pas reconnu à sa juste valeur. "Nous faisons dix ans d'étude pour gagner 6 euros de l'heure. Les gens ne se rendent pas compte. Lorsqu'ils arrivent aux urgences, certains sont désagréables, pressés... Ils ne voient pas qu'on est débordé"

Comme Valentine, d'autres internes racontent leur quotidien. Récemment, un interne sous couvert d'anonymat a lui aussi évoqué on rythme de travail. "J'ai fait des semaines à plus de 90 h de façon régulière, des collègues font plus de 110 h pour une rémunération aux alentours de 5 euros de l'heure", affirme-t-il dans un post publié sur les réseaux sociaux.

Un emploi du temps qui joue sur sa santé mentale et son envie de continuer dans ce milieu. "Ces études étaient pour moi une vocation mais je n'ai plus envie de pratiquer. Je ne me suis jamais senti aussi loin de la médecine. J'ai vu des amis internes faire des burn out, j'ai pensé à tout arrêter, à me suicider"

Bientôt trois ans d'internat dans les déserts médicaux ?

Depuis ce vendredi 28 octobre, un mouvement national de grève des internes a lieu. La raison ? Outre leurs conditions de travail, ces derniers s'indignent des décisions des politiques. Ces derniers ont l'intention d'obliger les internes spécialisés à réaliser trois années dans les zones sous-dotées en personnel. Un projet de loi afin de lutter contre les déserts médicaux.

Une décision plus que contestable pour Valentine. "C'est une profession libérale et nous n'avons plus la liberté de nous installer où on le souhaite pour travailler, c'est absurde. On nous force à partir quelque part pendant trois ans alors que nous avons notre cadre familial", s'indigne-t-elle. 

Si beaucoup veulent faire grève, ils n'en ont pour autant pas la possibilité. "Je me suis mis en grève mais je suis quand même allé travailler car j'étais seul à gérer mon service au CHU. Une amie a voulu faire grève mais son chef lui a rétorqué "si je ne te vois pas au bloc opératoire demain, ne remets plus jamais les pieds ici jusqu'à la fin de ton internat", révèle l'interne anonyme dont nous vous parlions plus haut.  

Quelques semaines plus tôt, le Sénat avait voté en faveur de l'instauration d'une quatrième année d'internat aux études de médecine générale en zone sous-dotée. Un mouvement de grève avait déjà été mis en place pour contester cette loi. 

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