Ce dimanche 31 mai correspond à la journée mondiale sans tabac. Le confinement a eu des effets sur le comportement des fumeurs. Un quart d'entre eux ont consommé davantage de cigarettes pendant cette période.
Pour plus d'un quart des fumeurs, le confinement a entraîné une augmentation de leur consommation de tabac. C'est le résultat d'une enquête* menée par l'agence sanitaire Santé publique France. "L'ennui, le manque d'activité, le stress et le plaisir sont les principales raisons mentionnées par les fumeurs ou usagers d'alcool ayant augmenté leur consommation", selon Viêt Nguyen Thanh, responsable de l'unité addictions à la direction de la prévention et de la promotion de la santé à Santé publique France.
27% des fumeurs interrogés déclarent avoir augmenté leur consommation de tabac depuis le confinement, plus de la moitié (55%) la jugent stable et pour 19%, elle a diminué, précise l'étude publiée le 13 mai dernier. Pour les fumeurs quotidiens (94 % des fumeurs interrogés), la hausse moyenne du nombre de cigarettes fumées est de 5 cigarettes par jour. Ce sont les 25-34 ans (41 %) et ceux travaillant à domicile (37%) qui indiquent le plus fréquemment fumer plus.
"D'habitude je fume six ou sept cigarettes par jour. Pendant le confinement, c'était plutôt dix, confirme Benjamin, étudiant en médecine rencontré devant un bureau de tabac de Dijon. D'habitude, la journée je suis actif. Rester à la maison toute la journée ça n'aide pas." Depuis quelques semaines, il a repris le travail et a repris sa consommation habituelle.
"Le stress m'a fait reprendre"
Claire avait réussi à arrêter au mois de septembre. Elle a rallumé quelques cigarettes pendant le confinement. "De temps en temps je rachète un paquet. C'est le stress qui m'a fait reprendre, mais pas le stress du confinement, le stress en général", confie-t-elle.Élodie, elle, fume depuis quinze ans. Le confinement n'a rien changé à sa consommation, comme pour la moitié des fumeurs. Pendant sa grossesse, elle avait réussi à s'arrêter. Plus récemment, elle avait fait une pause de quatre mois mais la mauvaise habitude est revenue.
"Là je repense à arrêter, surtout qu'il n'y a plus les menthols maintenant. C'est dur, mais bon on arrêtera de fumer au bout d'un moment". Le prix du paquet pourrait être un déclic pour elle. "Dix euros les paquets de cigarette alors qu'avant je les payais dix francs, ça fait mal." Elle préfère d'ailleurs acheter du tabac en pot et faire elle-même ses tubes pour économiser.
"La consommation du tabac s'est maintenue, voire avec une petite augmentation. Les gens étaient beaucoup chez eux et les gros fumeurs avaient tendance à fumer encore un peu plus. L'effet confinement n'a pas fait diminuer la consommation", confirme une buraliste. Certains n'hésitent pas d'habitude à acheter leur tabac moins cher à l'étranger. Le confinement, et la fermeture des frontières, les en a empêchés. "Les gens consomment de nouveau français. Je sais que j'ai des clients qui habituellement vont se fournir au Luxembourg et qui par défaut ont bien été obligés de venir se fournir chez nous. C'est un fort pourcentage au niveau du territoire".
Entre le 1er et le 30 avril, les ventes ont en effet augmenté de 23,7% dans les tabacs français selon les chiffres publiés par la Seita. Et c'est dans les zones frontalières que la hausse est la plus marquée. Les ventes de cigarettes dans les zones frontalières de la Suisse ont par exemple bondi de +19,3% par rapport au mois précédent. Pour le tabac à rouler ou à tuber, l'augmentation est encore plus importante : +63,3%.
Malgré tout, si l'on s'intéresse à une période plus longue que simplement celle du confinement, la consommation de tabac est en baisse en France. Ainsi, en 2019, 30,4% des Français âgés de 18 à 75 ans déclaraient fumer, au moins occasionnellement, contre 34,3% en 2014. Pour le tabagisme quotidien, le chiffre a baissé à 24%, contre 28,5% en 2014, selon des données de Santé publique France.
"C'est la première fois depuis le début des années 2000 qu'une baisse de cette ampleur est constatée", insiste Santé Publique France dans son bulletin épidémiologique publié à l'occasion de la journée mondiale sans tabac. Et elle est observable chez les hommes comme chez les femmes, dans différentes classes d'âge et pour tous les niveaux de revenus.
L'organisme estime que les mesures mises en place ces dernières années (hausse progressive du prix au paquet de cigarettes, remboursement des substituts niconitiques...) a "vraisemblablement contribué" à cette baisse.
* L'enquête s'est déroulée en ligne du 30 mars au 1er avril auprès d'un échantillon représentatif de 2 003 personnes de plus de 18 ans.