Dans le sillage d'une recomposition politique engagée en marge de la présidentielle, de nouvelles formations et coalitions politiques ont émergé en France. Mais à Dijon (Côte-d'Or), à quelques jours du premier tour des législatives, peu d'électeurs arrivent à appréhender ce que sont vraiment la NUPES, Ensemble ou encore Reconquête.
Nupes, Ensemble, Reconquête, Horizons, Renaissance, c’est peut-être ça le nouveau monde. Dans le sillage de la présidentielle et avant les législatives, de jeunes formations émergent et les partis traditionnels, face à cette recomposition du paysage politique, font leur mue, même si certains irréductibles (LR ou RN) résistent encore. Mais dans cette constellation d’acronymes, savez-vous quelles personnalités, quelles idéologies et quelles propositions se cachent derrière chacun de ces mouvements ?
À en croire Romain, avec lequel nous avons discuté à Dijon (Côte-d’Or), tout le monde ne connait pas encore ces nouvelles formations. Quand on lui demande ce qu’est la Nupes, le mouvement de coalition de nombreuses forces de gauche, le jeune homme de 21 ans nous acène : "C’est une maladie ? Je ne sais pas du tout". Encore plus facétieux, il répond qu’Ensemble "est un nom commun". Raté. Ensemble est la structure qui rassemble tous les partis de la majorité présidentielle.
Un paysage politique difficile à appréhender
"Je me suis renseigné par rapport à ce qui se passe en ce moment, mais ça reste assez flou avec toutes les personnes qu’il y a", explique l’étudiant croisé sur la place de la République.
D’autres jeunes, rencontrés à Dijon en cette semaine de premier tour des législatives, assument ne pas se repérer dans le nouveau paysage politique. "C’est un peu compliqué de s'y retrouver", confie Nicolas, 21 ans, qui pensait qu’Ensemble était "un groupe". Décidemment, la coalition des partis qui soutiennent Emmanuel Macron n’a pas encore imprégné.
Pour Louis, si ces nouvelles familles ne sont pas encore reconnues par les Français, c’est parce qu’elles sont trop nombreuses. "Les nouvelles compositions ne sont pas assez médiatisées pour que je les connaisse. Les grands axes se perdent au profit de tous ces petits groupes. Il y a plein de petits mouvements qui se réunissent sous la même bannière. Ça reste à l’état d’embryon", juge le Dijonnais de 30 ans.
Trop de mouvements et de partis pour les Dijonnais
Mais l’incapacité de naviguer dans les eaux du paysage politique français n’est pas seulement l'apanage des jeunes. Les personnes plus âgées que nous avons croisées savent rarement ce que sont la Nupes, Horizons ou encore Reconquête. "Je ne sais pas du tout ce que c’est, je ne suis pas trop la politique. Mais là, encore moins. Je ne m’y retrouve pas", glisse Geneviève, âgée de 71 ans.
Jean-Louis, 72 ans, confirme même l’argument utilisé plus tôt par Louis : "Il y a tellement de compositions, de mouvements, que ça devient un peu difficile à lire".
Au final, durant nos pérégrinations dans le centre-ville de Dijon, quelques exceptions comme Fabrice nous impressionneront par leur maîtrise du paysage politique actuel. "La Nupes, c’est la coalition de gauche. Ensemble, c’est la nouvelle coalition d’Emmanuel Macron", nous répond ce retraité de 64 ans.
"Moi, je me retrouve toujours, j’arrive à faire la part des choses", se gargarise-t-il ensuite. Mais comme visiblement, vous êtes rares à arriver à vous repérer aussi facilement que Fabrice, on vous propose un résumé des nouvelles forces en présence qui ont émergé dans le paysage politique français.
Changer de nom pour incarner une nouvelle stratégie
Mais pourquoi ces nouveaux partis ou nouvelles coalitions changent-ils de nom ? On en profite ici pour vous expliquer la différence entre les deux structures. Un parti désigne une association de citoyens qui se rassemblent pour porter leur idéologie au pouvoir. La coalition est la réunion de plusieurs partis visant à présenter un programme commun pour gouverner.
Pour en revenir à la question de l’identité des partis, Delphine Jouenne, auteure d'Un Bien Grand Bien Mot estime dans L’Express qu’un changement de nom marque l’envie d’incarner une nouvelle stratégie.
"Cela peut avoir plusieurs sens : créer une nouvelle dynamique et nourrir une communication en quête de renouvellement ; répondre à une "tactique politique" en témoignant alors d'une reconfiguration d'alliances ou donner une nouvelle vision idéologique. L'objectif est d'agir sur la perception des électeurs, des militants et des élus".
On est dans une période de recomposition politique en ce moment. Donc il y aura une prime à Emmanuel Macron.
Philippe Moreau Chevrolet, politologue
Changer de nom pour incarner une évolution, mais au risque de perdre les Français ? C’est ce qu’évoque le politologue Philippe Moreau Chevrolet. "Les électeurs voient qu’il y a énormément de candidats et ne comprennent pas forcément pourquoi".
Avec une conséquence, plus que pour voter pour des partis et des idées, les électeurs font le choix d’élire un candidat rattaché à une figure nationale.
"Le plus simple pour eux, c’est de faire des raccourcis. 30 % des électeurs se décident dans l’isoloir. Beaucoup font leur choix en se demandant à l’entrée du bureau de vote 'c’est qui le candidat de Macron ? C’est qui celui de Mélenchon ? C’est qui celui de Marine Le Pen ?'".
Pour rappel, en Bourgogne, on compte 142 candidats représentant 32 partis différents.