Lutte contre le harcèlement scolaire : des cours d’empathie à l’école du Nord de Dijon

Développer l’écoute pour lutter contre le harcèlement scolaire : c’est l’un des objectifs des cours d’empathie annoncés fin septembre par le ministre de l'Éducation nationale, Gabriel Attal. Ces ateliers, qui doivent entrer en vigueur à la rentrée 2024, existent déjà depuis plusieurs années à l’école du Nord de Dijon. Et les résultats sont déjà visibles, selon le corps enseignant.

Dans cette classe de CE1, chaque matin, les élèves participent à une leçon particulière : un cours d’empathie. Une fois au tableau, ils sélectionnent le personnage de leur choix. Seule condition : il doit correspondre à leur émotion du jour.
" Que ressens-tu lorsque papa ou maman te fait un bisou ou des câlins ? " , aiguille la maîtresse. Après quelques secondes de réflexion, l’élève interrogée ouvre grand les bras et pousse : "  De l’amour ". Grâce à cette méthode, les enfants peuvent analyser, parler et développer leur ressenti.

Comprendre ses émotions et celles des camarades

L’autre but du cours est qu’ils parviennent à reconnaître les baisses de moral de leurs camarades, par exemple. Mais surtout : qu’ils puissent les aider. Un dessin leur est proposé. Dessus, un bonhomme au visage tourmenté.

" On doit réussir à comprendre ce qu’il exprime... dans sa tête ", tente d'expliquer une élève. " On ne doit jamais se moquer dans notre classe ", renchérit sa camarade. " Sinon, on est inscrit sur le tableau rouge : celui montrant si on a été méchant ou violent ", termine leur copain. Résultat : les enfants analysent et identifient les bons et les mauvais comportements.

Réduire les disputes

Une pause douceur s’ajoute à ces exercices. Un temps durant lequel les enfants se massent, se parlent et s’écoutent. " L’objectif est de se mettre à la place de l’ami. La question qu’on leur pose toujours est : ‘si tu étais à sa place, que ressentirais-tu ?’. Mais s’ils ne connaissent pas leurs émotions, c'est impossible ", explique leur maîtresse formatrice, Inglid Piccioli.

Un enseignement qu’elle dispense à ses élèves depuis maintenant plusieurs années. Et les résultats sont là, selon elle : " On sent vraiment la différence au milieu du cursus. Les comportements évoluent positivement : on a peu de bagarres, par exemple ", conclut-elle.

Ne minimiser aucune situation

Ces cours d’empathie, inspirés de la méthode danoise, font partie du plan de lutte contre le harcèlement scolaire du gouvernement. Il vise à prévenir, mais également à traiter chaque situation sans détour. 

" Notre ambition est clair : tous les signaux faibles, les situations dont on se disait auparavant ‘ce sont des chamailleries, ça va passer’ sont maintenant prises très au sérieux ", développe Pierre N’gahane, recteur de l’académie de Dijon. Le gouvernement promet une lutte sévère contre le harcèlement à l'école, notamment après les suicides de Lindsay, 13 ans, en juin dernier dans le Pas-de-Calais et Nicolas, 15 ans, début septembre, dans les Yvelines.