Harcèlement : l'affaire Maël classée sans suite, "notre fils n'a pas été entendu en tant que victime"

En janvier 2023, on apprenait que Maël, élève de CM2 en Saône-et-Loire, était harcelé depuis 3 ans. Une affaire qui avait eu un retentissement national. L'enquête préliminaire vient d'être classée sans suite par le parquet de Chalon-sur-Saône

Mickaël Gauthier donne d'abord des nouvelles de son fils Maël : "il va mieux, il a repris le chemin de l'école [NDLR : près du Creusot, en Saône-et-Loire]. Ça se passe très bien au sein de l'école avec ses copains, ceux d'avant. Après trois mois passés à la maison, le retour à l'école, c'était pas évident. Mais là il y a un suivi, ça se passe super bien !" L'enfant qui harcelait Maël a, lui, changé d'école.

Une plainte classée sans suite

Mickael Gauthier et la mère de Maël avaient porté plainte pour "harcèlement", provoquant l'ouverture d'une enquête préliminaire par le parquet de Chalon-sur-Saône, contre l'enfant harceleur de son fils. Le retour lui a été fait lundi 12 juin : la plainte a été classée sans suite "pour infraction insuffisamment caractérisée. On nous explique l'élément moral : en-dessous de 13 ans, un enfant ne se rend pas forcément compte de la gravité des actes qu'il commet", rapporte M.Gauthier.

Le père de Maël est déçu." On ne voulait pas du pénal, mais au moins une reconnaissance de harcèlement, que la justice écoute notre fils... Ça aurait été mieux que dire qu'il n'y a pas assez d'éléments. Pour ainsi dire, notre fils n'a pas été entendu en tant que victime. Même s'il y a eu quelque chose, ce n'est pas assez pour caractériser les faits. Ce qui est le plus rageant, c'est que l'académie reconnaissait les faits de harcèlement sur Maël et sur les autres victimes".

Le procureur de la République de Chalon-sur-Saône, Patrice Guigon, a quant à lui publié un communiqué de presse mardi 13 juin : "Des investigations complémentaires, notamment des auditions, ont été sollicitées et effectuées entre le 23 janvier et le 5 mars 2023.  L’ensemble des diligences accomplies n’a pas permis de caractériser l’infraction de harcèlement scolaire. Il convient en outre de préciser que si les mineurs, lorsqu’ils sont capables de discernement, sont pénalement responsables des crimes, délits ou contraventions dont ils sont reconnus coupables, les mineurs de moins de treize ans sont présumés ne pas être capables de discernement."

Une heure de sensibilisation au collège

Cette semaine est aussi marquée par l'annonce d'une heure de sensibilisation au harcèlement dans les collèges, à la suite de l'affaire Lindsay, une adolescente de 13 ans qui s'est suicidée. "Dans ce contexte, ces mesures de sensibilisation sont très bien pour les enfants, réagit Mickaël Gauthier. On peut comprendre qu'ils ne se rendent pas compte, au début, de la gravité de se moquer d'un élève. Une fois de temps en temps, on dira que ça reste de la chamaillerie, mais si c'est tous les jours, c'est du harcèlement. Leur faire comprendre ça, c'est très bien. Mais avant de lancer ça, il aurait fallu former le personnel au harcèlement."

Le père de Maël parle en connaissance de cause  : "On ne s'attendait pas du tout à ça. J'étais surpris de voir mon fils pas très joyeux pendant un moment, mais je ne m'attendais pas à ce que sa soeur me dise ça et que lui me raconte tout derrière. Dans notre cas, on ne peut pas dire que l'Education nationale n'a pas agi : il y a eu des mesures de prises, qui ont été inefficaces. C'est aussi la sensibilité d'une directrice : quand Maël a parlé de son suicide en pleine classe, elle n'est pas venue m'en parler".

"On ne pense pas forcément à du harcèlement quand on voit son enfant pas forcément en forme."

Mickaël Gauthier

Alors que le Ministre de l'Education Nationale a évoqué un "échec collectif" dans le cas de Lindsay, le père de Maël reconnaît "dans notre affaire, ils ont quand même essayé de traiter au mieux. Même si est arrivé six mois après le premier signalement, ils ont quand même mis une psychologue et essayé de vivre ensemble."

Des mesures supplémentaires pour la rentrée de septembre

Le ministre de l'Education nationale a également annoncé que les directeurs académiques seront désormais autorisés à changer d’office un élève harceleur d’école élémentaire, avec l’accord du ou des maires concernés. Autre mesure : la nomination d'un adulte référent harcèlement dans chaque établissement.

Le ministre a également affirmé qu'en septembre, 100% des écoles, collèges et lycées seront engagés dans le programme de lutte contre le harcèlement "pHARe", un dispositif de prévention qui permet de détecter des cas dans certains collèges.

"Si ces mesures sont appliquées en septembre, ce n'est que du positif pour le futur de nos enfants dans les établissements, conclut Mickaël Gauthier, le père de Maël. Il faut s'assurer que ce soit bien mis en place. On a toujours des doutes, forcément, car ce n'est pas le premier cas de harcèlement qui arrive. On espère que le cas de Lindsay fera bouger les choses".

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