Depuis près de 9 ans, Yann Rivoal est à la tête de la Vapeur, la scène de musiques actuelles de la ville de Dijon. L’épidémie de coronavirus a entrainé la fermeture « sine die » des salles de spectacles. Son équipe et lui-même se retrouvent au chômage partiel ou en télétravail.
Le confinement et les mesures sanitaires ont mis tout un pan du spectacle vivant à l'arrêt. C'est un coup dur pour la culture et un drame économique à moyenne échéance pour tous les intermittents du spectacle.
Yann Rivoal, directeur de la salle de musiques actuelles "La Vapeur" à Dijon, nous livre son sentiment sur cette crise sanitaire et les changements qu’elle a opérés dans sa vie, mais aussi dans son activité professionnelle.
La Vapeur, une salle de musiques actuelles à l'arrêt
Après plusieurs semaines d'arrêt, qu’est-ce que la crise a changé pour vous à la Vapeur ?
Yann Rivoal répond qu'« une partie de l’équipe est au chômage partiel, puisque ceux qui sont directement liés à l’activité de concert, à l’accueil du public, ne peuvent pas travailler. Ils sont au chômage. Une partie est en télétravail pour prévoir la suite et pour régler aussi toutes les questions administratives du moment, ou la communication. Mais la difficulté pour nous, c’est qu’on a pas du tout de visibilité, d’horizon »
« Pour le moment, on a reporté beaucoup de dates de concert et on prévoit de reprendre l’activité en septembre. Mais on n’a pas de garantie à ce jour que cela soit possible. »
Comment envisager une reprise de l'activité ?
Yann Rivoal demeure incertain, car pour l'instant, l'accueil du public reste une gageure.
« Je pense que ça va être très long avant de pouvoir accueillir à nouveau du public et des artistes dans le format concert. Mais très long, je ne sais pas si c’est trois mois, six mois ou plus ; je ne sais pas. »
« Mais on aimerait pouvoir reprendre une certaine forme d’activités, pouvoir être utile aussi aux artistes et à l’ensemble de la chaîne de musique à laquelle on appartient. Pour pouvoir faire travailler les gens et éventuellement ramener un peu de musique de culture dans la vie de tout à chacun. »
Comment voyez-vous la vie en société ultérieurement ?
A cette question, Yann Rivoal se livre à un petit état des lieux de la société dans quelques mois, et lance aussi une réflexion sur des bonnes habitudes à prendre par la suite :
« Malheureusement, il y a beaucoup de gens qui vont y laisser ou leur travail, ou des revenus considérables, ou leur entreprise, qui vont se retrouver certainement dans des situations très délicates en terme de revenus ou de logement, etc. »
« Après, pour ceux qui sont dans une situation plus aisée, dont je fais partie, c’est sûr que ça vient renforcer des convictions qu’on avait déjà avant : sur la nécessité d’un monde qui marche un peu plus à l’endroit, qui est peut-être plus en connexion avec son environnement proche sur des questions d’écologie, de nourriture… Pour moi, c’est pas quelque chose de nouveau mais j’espère que ça va participer à une prise de conscience plus importante. »
L'entretien de Sylvain Bouillot avec Yann Rivoal (montage Cécilia Ngoc)