Neuf listes sont sur les rangs pour le 1er tour des municipales à Dijon. Un débat organisé mercredi 11 mars a permis d’entendre les principaux candidats à la mairie de Dijon. Il a été question notamment de l’attractivité de la cité et de la lutte contre le réchauffement climatique.
À l'occasion des élections municipales, France 3 Bourgogne se mobilise pour vous permettre de suivre les débats de proximité de votre territoire. Mercredi 11 mars 2020, nous avons reçu les principaux candidats à la mairie de Dijon, en partenariat avec France Bleu Bourgogne.
Le débat animé par Lilian Melet de France 3 Bourgogne et Stéphane Parry de France Bleu Bourgogne a vu intervenir :
- François Rebsamen (PS)
- Emmanuel Bichot (LR)
- Stéphanie Modde (EELV)
- Sylvain Comparot (LREM)
- Damien Cantin (RN)
- Arnaud Guvenatam (LFI)
Voici quelques uns des principaux points à retenir de ce débat :
1-Dijon, ville attractive ou ville musée ?
Dijon, dont le centre-ville est classé « zone touristique internationale » attire plus de trois millions de touristes par an.
Mais, le potentiel touristique de Dijon est insuffisamment exploité, estime Emmanuel Bichot, candidat LR et d’une partie du centre. Celui-ci voudrait ouvrir le palais des ducs et des Etats aux Dijonnais et aux touristes. Ce serait « le produit phare » qu’il manque à Dijon sur le plan touristique, dit-il.
De son côté, Sylvain Comparot, candidat de La République En Marche, trouve qu’on sous-exploite le classement de Dijon à l’Unesco au titre des climats de Bourgogne. "Il faudrait qu’on l’utilise pour créer un événement autour de la Saint-Vincent, ce qui va nous obliger à travailler avec Beaune […] Il faut que l’on joue en meute et jouer en meute, c’est le triangle doré : Dijon, Beaune, Dole. Cela permettra de faire travailler les deux Cités de la gastronomie et du vin ensemble et c’est ensemble qu’on pourra développer Dijon", déclare Sylvain Comparot.
François Rebsamen, qui est candidat à un 4e mandat, rappelle qu’en 20 ans Dijon s’est profondément transformée. "C’est une capitale régionale qui compte 160 000 habitants et elle est labellisée ville d’art et d’histoire. Le plus beau musée de province des beaux-arts de France est à Dijon et il attire 450 000 visiteurs par an dans le palais des Ducs. C’est aussi une ville de tourisme et d’affaires avec un million de nuitées par an. Actuellement, il y a 8 projets de construction d’hôtels sur Dijon."
De plus, la ville fait partie d’une métropole de 260 000 habitants qui a créé 4 000 emplois depuis 2014 et qui attire les entreprises, ajoute le maire sortant qui est aussi président de Dijon métropole. "Dijon n’est pas une ville musée, mais une ville où il y a le plus beau musée de province de France", conclut-il.
Cela dit, l’attractivité doit concerner tous les quartiers, note Arnaud Guvenatam, candidat divers gauche soutenu notamment par La France Insoumise. "Les habitants de la Fontaine d’Ouche et des Grésilles se sentent abandonnés et trouvent que la politique a été faite exclusivement pour le centre-ville", dit-il.
2-Dijon est-elle une ville trop bétonnée ?
Trop de béton à Dijon ? Oui, estiment la plupart des candidats.
Damien Cantin (RN) parle d’un "urbanisme délirant". Il faut plutôt rénover l’existant, dit-il.
«Je suis plus pour une rénovation qualitative et durable », déclare aussi Sylvain Comparot.
Un avis partagé par Emmanuel Bichot, qui trouve également que le rythme de construction doit être « freiné et encadré ».
Pour Stéphanie Modde, candidate d’EELV qui fut adjointe de François Rebsamen pendant des années, « il faut trouver un équilibre entre la densification de la ville et un urbanisme maîtrisé. Il faut des espaces de respiration ».
En face, François Rebsamen est affirmatif : "On a peu de logements vacants sur Dijon et il y a 7 500 demandes de logement qui ne sont pas satisfaites. Il a fallu construire d’abord pour remplir les objectifs que la loi nous fixait, puisque nous n’avions pas 20% de logements locatifs à loyer modéré. Nous les avons maintenant", dit-il.
"A Dijon, nous avons plus d’habitants, car les habitants ne fuient plus la ville-centre. C’est la seule ville-centre de tout le Grand Est qui gagne des habitants", ajoute-t-il.
3-Comment Dijon peut s’adapter au changement climatique ?
"Sur les six dernières années, j’ai vu peu d’arbres plantés et beaucoup de grues pousser", assure Damien Cantin. "Nous on veut planter 6 000 arbres sur la ville avec la moitié d’arbres fruitiers dans des parcs", dit le candidat du RN.
Stéphanie Modde rappelle que son programme prévoit la revégétalisation du centre-ville et des quartiers en construction "où il manque parfois cruellement de végétaux". L’objectif est de lutter contre la pollution de l’air, de créer des îlots de fraîcheur pendant les périodes de canicule, de vivre dans un cadre plus agréable, etc. C’est dans cet esprit que la candidate écologiste veut notamment créer un chemin vert à travers Dijon.
Dans la même idée, Sylvain Comparot évoque pour sa part la création de « bulles de fraîcheur ». Il s’agit d’une question de "santé publique" : l’été, il y a entre 5 et 8 degrés d’écart la nuit entre les espaces minéralisés comme le centre-ville et d’autres quartiers.
"Il faut sanctuariser des rues et des quartiers pavillonnaires pour conserver une trame verte de jardins. Une ville, ce sont des immeubles et des maisons", estime Emmanuel Bichot.
"On a planté 13 500 arbres quand on a créé le tramway et 2 500 dans les cours d’école. Mais, on n’est pas dans une course à l’arbre", dit François Rebsamen.
"Aujourd’hui, il y a une menace, c’est le dérèglement climatique. Il faut prendre des mesures de grande ampleur. C’est pourquoi on va couvrir l’ancienne décharge de la ville de Dijon avec une centrale photovoltaïque qui produira de l’électricité pour le tramway, on va produire du méthane à partir des boues issues de la station d’épuration et on va transformer l’électricité produite par la valorisation des déchets en hydrogène", promet le maire sortant qui prend l’engagement de devenir la première ville hydrogène de France.
En attendant, Arnaud Guvenatam estime qu’il faudrait aussi "en finir avec le fait que des biens communs essentiels comme l’eau soient gérés par le privé".
Municipales à Dijon : revoir le débat du 11 mars 2020
François Rebsamen est élu à Dijon depuis 2001. Il est candidat pour un quatrième mandat à la tête de la plus grande ville de Bourgogne-Franche-Comté. Il pourrait donc marcher dans les pas de Félix Kir (23ans dans le fauteuil de maire) et Robert Poujade (30 ans de 1971 à 2001). Il avait pourtant promis de ne pas se représenter, mais devant l'absence plus ou moins assumée de succession, l'édile a replongé vers un 4e mandat potentiel. François Rebsamen a renouvelé sa liste de moitié : 27 sont encartés au PS, 9 au Modem dont le numéro 3, François Deseille, 1 au PRG, 2 à CAP21, 2 à l'UDE, 2 au PR, 1 au MDC et 1 au PCF.
François Rebsamen veut capitaliser sur son bilan tout en balayant l'idée d'un mandat de trop. A 68 ans, il part avec une longueur d'avance, il avait été réélu au second tour il y a 6 ans avec près de 53% des suffrages.
La droite unie
Principal opposant durant le dernier mandat, notamment autour du projet de la cité de la gastronomie, Emmanuel Bichot se pose là aussi en recours, ferraillant toujours contre les travaux de la future cité. Politiquement, il a réussi à unifier surtout en apparence la droite dijonnaise et veut rebâtir un projet pour la ville. Sa liste est soutenue par Les Républicains et les Centristes. Il se présente sous l'étiquette de son micro-parti : Agir pour Dijon.
Alors que les écologistes étaient présents sur sa liste en 2014, ils ont cette fois-ci décidé de faire bande à part, une première depuis 1995 avec la candidature de Stéphanie Modde, élue conseillère municipale sur la liste Rebsamen depuis 2008 et adjointe depuis 2014. Les Verts espèrent surfer sur la vague des européennes, et ces 16% à Dijon. Ils veulent placer Dijon sur la carte de la transition écologique affirmant que l'écologie ne peut se faire sans les écologistes. Une autre liste verte est en lice menée par Bruno Louis, elle s'est faite remarquer en affichant en gris le mot sexe sur son programme et ses affiches pour attirer l'attention des électeurs.
Campagne difficile pour En Marche
La République en marche a investi Sylvain Comparot. Cet ancien directeur de cabinet du président de l'université bénéficie également du soutien de l'UDI. Sa première campagne n'est pas une partie de plaisir : peu connu du grand public, lâchés par les députés dijonnais de la majorité, rejet populaire de la réforme des retraites... Il a dû batailler pour apporter sa vision... Ce chargé de relation à l'université, qui a fait ses gammes au PS, a surtout cherché à rassembler dans la conquête d'un nouveau monde.
Arnaud Guvenatam est investi par La France Insoumise. Il peut compter sur le soutien du Parti ouvrier indépendant démocratique et de gilets jaunes. Cet assistant de formation a déjà été candidat aux législatives dans la première circonscription. Il est membre de l'association Eau Bien Commun qui milite pour une régie.
Damien Cantin représente de son côté le Rassemblement national et son programme sécuritaire, avec la volonté d'augmenter et d'armer les policiers municipaux. Le parti de Marine Le Pen qui était arrivé en tête dans 14 bureaux sur 95 aux européennes veut confirmer son ancrage. Il possède un socle de 6 000 voix.
Enfin, 59 avocats ont déposé une liste pour donner un écho à leur mobilisation contre la réforme des retraites, un cas unique en France.
L'analyse politique de notre journaliste Lilian Melet
Municipales 2020 : 300 débats proposés sur les antennes de France 3
Cherchez et regardez les autres débats dans les grandes communes de France avec cette carte interactive.L'ensemble des candidats au premier tour à Dijon
- Mme Claire ROCHER (LEXG)
- M. Arnaud GUVENATAM (LDVG)
- Mme Stéphanie MODDE (LVEC)
- M. François REBSAMEN (LUG)
- M. Damien CANTIN (LRN)
- M. Sylvain COMPAROT (LREM)
- M. Bruno LOUIS (LECO)
- M. Emmanuel BICHOT (LLR)
- M. Jean-Baptiste GAVIGNET (LDIV)