Moins de vaches et moins d'éleveurs : la filière alerte sur une possible pénurie de bœuf. La production de viande a baissé de 4 % en un an et la Bourgogne n'est pas épargnée. Avec la crise énergétique, les éleveurs s'inquiètent.
Bientôt plus de bœuf sur les étals ? Le risque de pénurie pointe son nez. La production de viande bovine en France a chuté de 4 % en un an. Avec la baisse du nombre d'éleveurs et l'inflation, la Bourgogne est aussi touchée. De quoi inquiéter la filière charolaise..
500 000 bêtes en moins en six ans
Avec la crise énergétique, les consommateurs l'ont constaté : le prix de la viande bovine a augmenté. Serge Alviset, artisan-boucher à Dijon, tente de limiter cette augmentation en se fournissant au plus près : "L'essence fait fortement augmenter les coûts de transport. Donc en achetant directement chez l'éleveur, la hausse est limitée", relativise-t-il.
L'inflation n'est pas la seule raison de cette augmentation. Depuis plusieurs années, la production est en baisse. Selon l'institut de l'élevage, on compte 500 000 bêtes en moins en six ans, soit 11 % du cheptel français. La raison ? De nombreux éleveurs sont partis en retraite sans être remplacés. À Benoisey, en Côte-d'Or, le village est passé de cinq à trois éleveurs. Jean-Luc Gerbron est l'un d'entre eux : "Aujourd'hui, j'ai 140 vaches. À l'avenir, je ne pourrais pas en avoir plus. J'espère déjà garder le nombre actuel".
Je perds en moyenne 350 € sur chaque bête.
Jean-Luc GerbronÉleveur bovin à Benoisey (Côte d'Or)
Difficile d'investir tant le futur est incertain. Les éleveurs font face à la hausse du prix des carburants, de l'engrais et des aliments. "J'arrive un peu à compenser car je suis autonome en paille et en céréales, souffle-t-il. Mais on est tout de même obligé d'aller voir notre banque pour dire qu'on a besoin d'un prêt pour passer l'année." L'éleveur bourguignon n'est pas rentable et vend sa viande en dessous du coût réel de production : "Je devrais la vendre 5,90 € au lieu de 5,10 €/kg. Je perds en moyenne 350 € sur chaque bête."
+ 15 % d'importations en un an
La baisse de la production de viande française a fait bondir les importations : + 15 % en un an selon FranceAgriMer. Le bœuf nord et sud-américain arrive dans nos rayons. Une hantise pour la filière tricolore : "On a mis en place des normes de bien-être et de respect de l'animal, de l'élevage jusqu'au transport. Tout ça n'a aucun sens pour ces pays." martèle Emmanuel Bernard, président de la section bovine d'InterBev (Interprofessionnelle du Bétail et des Viandes). La profession souhaite un accord signé avec les distributeurs pour un prix à la hausse : "On a la passion et la capacité d'entreprendre. Aujourd'hui, il nous faut des perspectives sur le moyen et long terme".