INTERVIEW. Place de la République à Dijon : pourquoi les bars de nuit devront-ils fermer à 2 heures ? Le préfet se justifie

Le préfet de Côte-d'Or, Franck Robine, a répondu aux questions de France 3 ce jeudi 17 novembre. Il confirme qu'il va fermer les bars de nuit de la place de la République à 2 heures au lieu de 5 actuellement, à cause de l'insécurité qui règne sur la place dijonnaise depuis plusieurs mois.

Les noctambules dijonnais auront un dernier week-end pour profiter des bars de nuit de la place de la République : après cela, ces derniers devront fermer à 2 heures du matin au lieu de 5 actuellement. Les établissements concernés sont les cinq bars de nuit des abords de la place : la Rhumerie-Jamaïque, la Salsa Pelpa, le Smart, la Belle époque et le Beverly. Même chose pour les épiceries de nuit, tacos et autres établissements de restauration rapide du secteur. Le préfet de Côte-d'Or, Franck Robine, l'a confirmé ce jeudi après-midi, lors d'un point presse en préfecture. 

Qu'est-ce qui justifie cette décision de fermer les bars de nuit à 2 heures au lieu de 5 heures du matin ?

Franck Robine : "C'est la situation de l'insécurité sur la place de la République et ses abords. Depuis juillet dernier, on constate 121 faits de délinquance, notamment 30 agressions, et un fait extrêmement grave il y a 15 jours, puisqu'un homme a terminé à l'hôpital pour un mois. Ça ne peut plus durer.

Sur ces 121 faits, combien se sont produits entre 2 heures et 5 heures du matin ?

Franck Robine : "La plupart se produisent à la fermeture des établissements. La situation est particulière : il faut savoir que ces établissements ouvrent de façon dérogatoire. Le droit normal, c'est une fermeture à 2 heures, c'est le cas dans l'ensemble de la région et du département de Côte-d'Or."

"On constate que la fermeture tardive à 5 heures fait que beaucoup de gens s'agglutinent, sortent au même moment des bars de nuit, beaucoup sont ivres, et tout cela est propice à la délinquance."

Cette décision ne risque-t-elle pas simplement de poser les mêmes problèmes, mais plus tôt dans la soirée ?

Franck Robine : "La sécurité, c'est l'affaire de l'État avant tout. D'où une présence accrue de la police nationale, systématiquement, toutes les nuits des week-ends, ainsi que de la police municipale jusqu'à 3 heures du matin. Mais c'est aussi l'affaire de tous les acteurs de la place de la République, et notamment des établissements.

Donc, en réduisant les horaires, on limite quand même la possibilité de ces faits de délinquance qui se concentrent à cet endroit-là parce qu'il n'y a que là que c'est ouvert si tardivement."

Le monde de la nuit s'inquiète d'une perte massive de chiffres d'affaires : selon l'UMIH, 60 à 80% du chiffre d'affaires des bars de nuit du secteur s'effectue entre 2 et 5 heures du matin. Que répondez-vous ?

Franck Robine : "D'abord, comme je m'y étais engagé, j'ai reçu les professionnels hier et nous avons discuté de manière extrêmement constructive, discussion que leur communiqué de presse que je trouve extrêmement véhément me semble assez mal refléter."

"Je leur ai dit deux choses : d'une part, que nous ferons le point dans six mois pour tirer le bilan. Le maire de Dijon est d'accord avec moi sur ce point."

"Deuxièmement, un certain nombre de cafetiers s'est inquiété de possibles effets sur l'emploi. Dès ce matin, j'ai reçu le responsable départemental de Pôle Emploi qui mettra en place une cellule spécifique s'il devait y avoir des licenciements - ce que je ne crois pas. Mais s'il devait y en avoir, ces métiers sont des métiers en tension dans lesquels on a besoin de recruter, donc je ne doute pas que ces salariés seront rapidement reclassés."

Vous souhaitez mettre en place cette mesure rapidement. Ce week-end, les Dijonnais pourront-ils encore sortir jusqu'à 5 heures, ou la fermeture à 2 heures sera-t-elle déjà en place ?

Franck Robine : "Je crois qu'il faut laisser aux établissements un petit temps d'adaptation. Ils ont besoin aussi de gérer leur main-d'œuvre, les éventuelles réservations d'établissements. Donc on va leur donner quelques jours pour s'adapter. Je pense que ce week-end, la mesure ne sera pas encore effective, chacun peut le comprendre. Mais cela interviendra dans les tous prochains jours."

Concrètement, tous les établissements de la place de la République sont concernés, sauf le Baltazar ?

Franck Robine : "Oui, il y a une exception pour le Baltazar qui bénéficie du statut de boîte de nuit [ce qui n'est pas le cas pour la Rhumerie-Jamaïque, la Salsa Pelpa, le Smart, la Belle époque et le Beverly, ndlr]. Les boîtes de nuit sont soumises à des contraintes extrêmement fortes sur la tenue de l'établissement et le niveau sonore, et cette réglementation leur permet de rester ouvertes jusqu'à 7 heures du matin."

Que répondez-vous aux Dijonnais qui sortent le week-end et ne comprennent pas cette décision ?

Franck Robine : "J'insiste sur la gravité des agressions qui ont eu lieu. Certaines concernent des jeunes. On ne peut pas laisser durer. Je ne ferais pas mon travail si je ne prenais pas de telles mesures, en accroissant d'une part la présence accrue des forces de l'ordre mais aussi en constatant objectivement qu'on est sur une situation grave qui exige, du point de vue du droit, de revenir à une situation qui soit compatible avec la sécurité."

"Je suis profondément persuadé que, si l'on ne faisait rien place de la République, les gens arrêteraient d'eux-mêmes de la fréquenter et de fréquenter ces établissements, car la situation est sérieuse."

► À LIRE AUSSI : La réaction de l'UMIH, l'union des métiers de l'hôtellerie-restauration, qui estime que cette décision est "injuste"

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