Le lactarium de Dijon a un besoin urgent de lait maternel pour les grands prématurés. Depuis 2020, les stocks sont insuffisants alors que la structure fournit de nombreux services de néonatalogie de Bourgogne et Franche-Comté.
"Actuellement, nos stocks de lait maternel pasteurisé sont vraiment bas", explique Nathalie Moscone, préoccupée. "Nous avons des réserves entre 40 et 60 litres alors qu'il faudrait avoir en permanence 200 litres pour un fonctionnement serein."
L'infirmière-puéricultrice référente au lactarium de Bourgogne reconnaît que la situation est compliquée, car l'établissement est le seul du Centre-Est à desservir les services de néonatalogie de Dijon, Besançon et Lons-Le-Saunier notamment.
Ce lait maternel est absolument indispensable pour les grands prématurés, nés avant 32 semaines. Cela leur permet de limiter les risques d'infections.
Nathalie Moscone, infirmière-puéricultrice, référente au lactarium de Bourgogne
Le lait maternel est donné par sonde : "Cela prévient les entérocolites qui sont une menace majeure pour de si petits bébés. On sait également que cela positive leur développement neurocognitif."
Toutes ces raisons ont motivé l'Association des lactariums de France et l'association SOS Préma à lancer un appel de détresse à toutes les mamans qui allaitent. "C'est un acte gratuit mais cela peut sauver des vies car, à cet âge-là, le lait est un médicament naturel" explique la présidente nationale de SOS Prémas Charlotte Bouvard.
Donner du lait est comme donner du sang.
Charlotte Bouvard, présidente de l'association SOS Préma
Un manque chronique
Nathalie Moscone, l'infirmière-puéricultrice date la baisse des réserves en lait du premier confinement en mars 2020 : "Nous avons été confrontés à deux problèmes : en raison du Covid, nous ne pouvions plus nous rendre chez les mamans qui habitent à proximité de Dijon et celles qui habitent loin, ne pouvaient plus se rendre dans les hôpitaux périphériques, habilités à collecter le lait maternel."
En 2020, seuls 1012 litres ont été collectés sur toute la Bourgogne Franche-Comté. Le phénomène de pénurie touche la France entière.
Pour relancer les dons, le lactarium de Bourgogne a mené une campagne d'appel aux dons dans les locaux hospitaliers en 2021. Il a réussi à augmenter le nombre de donneuses mais pas le volume de la collecte. "Traditionnellement, nous avons quelques donneuses de lait qui s'engagent jusqu'aux 12 mois de l'enfant ce qui permet un vrai suivi. Cette année, le contexte était peut-être plus délicat mais il y a quand même 175 donneuses anonymes qui ont donné leur surplus de lait."
Ce lait est ensuite réparti entre les services de néonatalogie du CHU de Dijon (446 litres demandés en 2021) et ceux des hôpitaux dits périphériques que le lactarium fournit (850 litres demandés en 2021). On compte parmi eux Mâcon, Chalon-sur-Saône, Auxerre mais aussi Besançon, Lons-Le-Saunier ou Troyes.
Comment donner ?
Le don de lait maternel paraît encore méconnu.
Même dans les associations qui parlent d'allaitement comme la Leche League, le sujet n'est pas abordé. Céline Taoutaou confie : "Les mamans viennent à nos réunions avec les problématiques propres et elles sont peu nombreuses à parler de dons de lait. Cela peut arriver si c'est vraiment une maman qui a vraiment énormément de lait ou qui a entendu parler du lactarium à titre privé."
Donner du lait maternel reste une démarche très personnelle
Céline Taoutaou, animatrice Leche League en Côte d'or
Toutes les femmes peuvent donner, à condition de ne pas boire d'alcool, de ne pas fumer et de ne pas prendre de traitements médicamenteux pour des maladies chroniques.
En fonction du lieu de résidence de la maman, le lait peut être collecté à domicile sur rendez-vous ou déposé dans un hôpital partenaire. "Il y a des petites différences dans le volume de lait collecté et la procédure mais il suffit de nous contacter ou de consulter le site internet" explique Nathalie Moscone.
L'association SOS Préma aimerait populariser ce don. Elle milite pour des campagnes d'informations à l'image de ce qui est fait pour le don du sang. Selon Charlotte Bouvard, "en parler aux femmes lors des entretiens prénataux ou mettre un encart dans le carnet de santé serait un bon début."