Prêts Garantis par l'Etat : "une fin inévitable repoussée" pour certaines d'entreprises en Bourgogne Franche-Comté

C’était une des mesures-phares du soutien apporté par Bercy aux entreprises pendant la crise du Covid : les Prêts Garantis par l’Etat (PGE) pour redonner aux entreprises une bouffée d’air dans leur trésorerie. Le dispositif a été prolongé mais certains redoutent des faillites d'ici quelques mois.

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25 000 des entreprises ont été bénéficiaires des prêts garantis par l'Etat en Bourgogne-Franche-Comté. Initialement, le dispositif devait prendre fin le 30 juin 2021, la date a été prorogée au 31 décembre 2021, "avec des accords de prêts qui s'arrêteront auparavant", selon la Banque Publique d'Investissement (BPI).
Les prêts garantis ont permis aux entreprises de pouvoir emprunter, dès mars 2020, jusqu'à trois mois de chiffre d'affaires, selon leur situation financière. Dans les faits, 80% des PGE ont été octroyés durant le deuxième trimestre de 2020.
Début juin 2021, Bercy estime à environ 138,3 milliards d'euros le total des encours accordés à quelque 680 000 entreprises.

Une bouée de secours en mars 2020

A l'auto-école de Stéphane Cretin à Dijon (Côte d'Or), la crise du Covid en mars 2020 a immédiatement stoppé l'activité : impossibilité de recevoir des élèves en centre d'examen, impossibilité de donner des leçons de conduite. Le gérant de l'auto-école a fait appel au Prêt Garanti par l'Etat, tout en plaçant ses 27 employés en chômage partiel : "Immédiatement j'ai fait la demande. J'ai emprunté 200 000 euros. Le PGE c’est ni plus ni moins qu’un emprunt bancaire, sur des taux relativement faibles. Cela nous a permis de courber l’échine pendant le creux de la vague. Et là c’est reparti. "

Au coeur du premier confinement, le chef d'entreprise n'a pas souhaiter non plus faire un choix trop radical en faisant appel à ce dispositif : "On pouvait demander jusqu’au 25% du chiffre d’affaires, mais il fallait quand même se garder une capacité d’investir dans l’entreprise."

Le dispositif est encore plus utile pour les entreprises qui avaient d'importants frais avancés. C'est le cas de la société Coublanc Stores, spécialisée dans la fabrication d'équipements de protection solaires (stores, pergolas) est dirigée par Pierre Marsaglia. Le groupe emploie 250 salariés. Son PDG a vu la moitié de ses clients se désister tout en ayant de grosses commandes auprès de ses fournisseurs. 
Au mois de Mars 2020, l'arrêt est arrivé au pire moment pour cette entreprise car en plein début de la saison commerciale. M.Marsaglia explique le contexte : "Avec des commandes engagées, on ne pouvait pas se désister de nos fournisseurs. On fait 9 millions d’euros d’achats par an. Quand vous avez 1,5M à 2M d’euros engagés chez les fournisseurs, vous ne pouvez pas leur dire d’arrêter !"
En ayant recours au PGE par un emprunt de 1,1M d'euros, cela a permis "d'apporter de l'oxygène à notre trésorerie. Ce prêt, on l'a eu très vite, il faut saluer la prouesse. Ca nous a rassurés, c’est bon, on ne va pas tout flinguer !"

Malgré le retour à l'équilibre, le chef d'entreprise reste prudent : "On a commencé les remboursements en l’échelonnant sur cinq ans. On le rembourse comme un prêt classique de fonds de roulement. Si on a des petits investissements, il faudra qu’on fasse des réarbitrages pour les remboursements. On a de la trésorerie à présent, cela nous aide bien à négocier avec les banquiers !"

Un tableau qui risque de se noircir à moyen terme

"Cette fluidité dans l’économie a été salutaire." selon Jérôme Prince, président du Tribunal de commerce de Dijon.
L'analyse du président du Tribunal de Commerce, qui a l'habitude de voir passer des dossiers de sociétés en redressement judiciaire, est la suivante : "La crainte, c’est de voir arriver des entreprises au tribunal, avec le remboursement dès les premières mensualités. Mais cela concerne des entreprises qui étaient déjà en difficulté, et le PGE ne leur aura permis que de reculer une fin inévitable."

Le magistrat rappelle qu'un prêt "à un moment, il faut bien le rembourser !". Et c'est à partir de ce moment que les difficultés peuvent apparaître. Le dispositif prévoit un différé de remboursement d'un an, les problèmes pourraient apparaître d'ici 12 mois : "Là où je peux avoir de l’inquiétude, c’est dans un an, deux ans, trois ans, où ce remboursement commencera à peser."

Selon lui, l'heure est néanmoins à la reprise pour l'instant : "On a une explosion des créations d’entreprise, petite restauration, vente à emporter, il y a des chiffres en hausse, mais à côté de cela, on n’a pas de dossiers d'entreprises en fin de vie. C’est une période très bizarre qui peut en partie s’expliquer par l’extrême soutien du Gouvernement avec les mesures."

Le Tribunal de commerce a ouvert environ une quinzaine de dossiers de societés en redressement judiciaire depuis le début de l’année, habituellement l'ordre de grandeur est de 60 à 70 dossiers par an.

En Bourgogne-Franche-Comté, ce sont 88% de Très Petites Entreprises qui ont bénéficié de PGE pour un montant de 3,22 milliards d'euros selon la Banque de France.

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