Des négociations sur les retraites débutent ce lundi. Elles doivent déboucher sur une loi de programmation des revalorisations. Les enseignants sortiront-ils gagnants de la réforme, comme le promet le gouvernement ?

 

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Des discussions dont l'enjeu est primordial commencent au ministère de l'Education nationale lundi 13 janvier 2020. Elles débutent alors que la grève se poursuit un peu partout en France contre le projet de réforme des retraites lancé par le gouvernement. 

La FSU, par exemple, appelle à continuer la mobilisation car "la réforme est bel et bien maintenue par le gouvernement malgré le mouvement social en cours", dit le syndicat.
 
 

Qu'est-ce que le gouvernement a promis aux enseignants ?

Le gouvernement a tout de suite reconnu qu'avec la réforme des retraites, les enseignants pouvaient y perdre beaucoup, et il a promis en compensation des revalorisations salariales. Toute la question est de savoir combien.

Des augmentations progressives de budget de l'ordre de 400 à 500 millions d'euros par an pour commencer, et qui devraient atteindre 10 milliards par an à l'horizon 2037, ont pour l'instant été évoquées. Le ministre Jean-Michel Blanquer a indiqué dimanche que les objectifs d'amélioration des rémunérations "situeraient la France à terme comme étant un des pays qui paie bien ses professeurs".

Reste à savoir comment ces revalorisations vont se traduire concrètement sur les fiches de paie des enseignants : les augmentations ne seront pas les mêmes pour des profs en début ou en milieu de carrière, ou pour ceux nés après 1975, donc concernés par la réforme des retraites, et les autres.
 

Quand les premières augmentations vont-elles être versées aux enseignants ?

"Les modalités de déploiement" vont justement se décider lors des négociations qui commencent lundi 13 janvier, et qui doivent durer six mois pour aboutir à une loi de programmation avant l'été, dit-on dans l'entourage du ministre.

Des premières revalorisations sont toutefois attendues dès janvier 2021.

"Si on étale trop les augmentations dans le temps, elles risquent d'être rognées par l'inflation", prévient Catherine Nave-Bekhti, secrétaire générale du Sgen-CDFT.

 
 

Pourquoi les syndicats sont-ils sur leurs gardes ?

Ils attendent des clarifications sur les engagements budgétaires du gouvernement. "Depuis des mois, des chiffres sont évoqués, il faut maintenant qu'ils se concrétisent", dit Stéphane Crochet, secrétaire général du SE-Unsa. "Et il faudra s'assurer que les hausses annoncées arrivent bien en plus de l'augmentation naturelle du budget de l'Education nationale", ajoute-t-il.

"Si on veut que les choses soient crédibles, il nous faut le détail des mesures, et qu'elles soient gravées dans le marbre", ajoute Frédérique Rolet, secrétaire générale du Snes-FSU.

Des syndicats mettent aussi en doute la capacité du gouvernement à tenir ses engagements alors que le point d'indice a encore été gelé cette année.
 

Quels sont les autres motifs d'inquiétude chez les enseignants?

"Ce qui nous inquiète, c'est que la hausse serve seulement à compenser la baisse des pensions", explique Frédérique Rolet. Les syndicats souhaitaient des augmentations de salaires indépendamment de la réforme des retraites.
L'autre crainte, c'est que les revalorisations ne s'appliquent pas à l'ensemble de la profession, mais seulement aux personnels visés par la réforme.

Au ministère de l’Education nationale, on rappelle que le ministre s'est engagé à ce que tout le monde soit concerné. Mais, Jean-Michel Blanquer a souligné dimanche qu'on "veut augmenter tout particulièrement les professeurs les plus jeunes, notamment ceux nés après 1975 puisque c'est en rapport avec la réforme des retraites".

Surtout, les revalorisations seront-elles conditionnées à des "contreparties", comme des heures de travail en plus ou de nouvelles missions?
"Si on nous paye deux heures en plus mais qu'on doit travailler deux heures de plus", le compte n'y sera pas, avertit Jean-Rémi Girard, du Snalc.

Dans l'entourage du ministre, on réfute ce terme de "contreparties". On préfère insister sur "une opportunité historique de repenser la façon de rémunérer les professeurs à l'aune de ce qu'est un professeur au 21e siècle". "On va plutôt vers de bonnes nouvelles pour les professeurs et les personnels de l'Education nationale", dit-on.

Jean-Michel Blanquer a souligné dimanche que "c'est le moment où il y a une possibilité d'unité nationale autour d'un enjeu que tout le monde peut partager, c'est-à-dire comment on met plus de moyens sur l'éducation de nos enfants".
 
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