Vendredi dernier, les Laboratoires Urgo étaient condamnés pour avoir offert des cadeaux illégaux à des pharmaciens, après une enquête menée notamment par la gendarmerie de Dijon. Ce 30 janvier, nous apprenons que près de 40% de la profession est concernée.
C'est une affaire qui éclabousse toute la profession. Nous apprenons ce lundi 30 janvier qu'environ 8 000 pharmaciens, soit près de 40% de la profession, ont accepté des cadeaux de la part des Laboratoires Urgo en échange d'abandon de remises sur leurs produits. Pour rappel, l'entreprise pharmaceutique basée dans la banlieue de Dijon (Côte-d'Or), a été condamnée vendredi 27 janvier à une amende de plus d'un million d'euros, après avoir reconnu les faits.
"Il y avait des frigos, des télés, des cafetières, des voyages, du champagne, plein de choses...", décrit Pierre-Olivier Variot, président de l'Union des Syndicats de Pharmaciens d’Officine (USPO) et pharmacien à Plombières-lès-Dijon. "Les remises faisaient 200 euros, donc vous aviez droit à un objet de 200 euros." Certains auraient reçu jusqu'à 120 000 euros, mais beaucoup d'autres seulement quelques centaines. Lui dit toutefois n'avoir jamais versé dans de telles pratiques, car il estime que c'est un "vol du fisc" : "on transforme une somme fiscalisée en un objet qui ne l'est pas. C'est voler l'État."
Plus de 55 millions d'euros de cadeaux sur tout le territoire
L'affaire a été révélée au grand jour par un enquêteur bourguignon de la répression des fraudes - il lui a fallu 18 mois d'investigation. Au total, l'organisme estime à plus de 55 millions d'euros les cadeaux offerts aux praticiens entre 2015 et 2021 et sur tout le territoire français, notamment en Île-de-France et Provences-Alpes-Côte-d'Azur.
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À noter que cette pratique est tout à fait illégale car "en contradiction avec la loi DMOS dite "anti-cadeaux" adoptée en 1993", selon le procureur de la République de Dijon, Olivier Caracotch. Le texte est clair : il interdit à toute entreprise fabriquant des produits de santé d'offrir des avantages aux professionnels qui les prescrivent. "Je crois que la problématique, c'est surtout celle du devenir de l'objet", défend Pierre-Olivier Variot. Si c'est un frigo pour conserver des médicaments dans votre pharmacie, très bien. Mais si c'est pour vous personnellement, alors là ce n'est plus pareil."
Reste que les pharmaciens ayant pris part à ce système encourent un an de prison et 75 000 euros d'amende. Pour l'heure, les investigations sont toujours en cours.