Séisme meurtrier : à Dijon, un réfugié syrien explique le sentiment d'abandon qu'endure son pays

Le 6 février 2023, deux séismes ont touché la Turquie et la Syrie. Aujourd'hui, des Syriens se sentent délaissés par le régime de Damas et les Nations-Unies. Ahmed Sawan, réfugié politique à Dijon, raconte le calvaire des sinistrés.

"Trois personnes sont décédées dans ma famille." Ahmed Sawan, réfugié politique syrien et installé à Dijon depuis 2014, raconte le calvaire que vivent les personnes du régime de Damas après les deux séismes touchant le pays le 6 février 2023, entre récupération politique du dirigeant Bachar Al-Assad d’un côté et manque d’aide humanitaire pour la Syrie de l’autre.

"On tombait sur des images qui nous déchiraient"

Ahmed Sawan, qui a fui la Syrie en 2012 et est désormais traducteur à la cour d'appel de Dijon, a appris la nouvelle au matin du 6 février, dans les coups de 7 heures du matin. "Pendant deux jours, ma femme et moi n’avons pas dormi", raconte-t-il encore avec émotions. Le couple fouillait les réseaux sociaux pour avoir le maximum d’informations sur ce drame.

On était chez une famille syrienne, la maman a perdu 17 personnes de sa famille et ils n’ont pas de nouvelle de 30 personnes.

Ahmed Sawan, traducteur à la Cour d'appel de Dijon

à France 3 Bourgogne

"On tombait sur des images qui nous déchiraient", témoigne Ahmed Sawan. En contact, avec des personnes sur place, les scènes sur les terres turques comme syriennes sont effroyables. "J’ai eu au téléphone des personnes qui vivaient en Turquie dans une ville de la taille de Dijon, 80 % de la ville est touchée", déplore-t-il.

Ahmed Sawan alerte qu'en Syrie et en Turquie, l'hiver est assez froid. Il aimerait que la solidarité soit plus forte : "Des enfants dorment dans la rue et ont froid. Imaginons si ça arrive à Dijon. On aimerait voir cette solidarité entre nous pour héberger quelqu’un."

Une récupération politique de la part du régime syrien

Déjà dévasté par la guerre civile syrienne, le chiffre des victimes ne cesse d’augmenter. Au 16 février, plus de 3 500 Syriens ont perdu la vie. "Le chiffre va être facilement triplé dans les prochains jours", estime l'ancien professeur de français à Alep. Pour lui, l’aide internationale n’est pas à la hauteur, notamment dans les zones rebelles.

Sur place, des membres d’associations humanitaires protestent aussi ce manque d’aide de la part de l’ONU. Ils ont manifesté lundi 13 février dans les rues de Idlib.

Les Nations-Unies reconnaissent leur faute. "Les sinistrés se sentent à juste titre abandonnés. Mon devoir et notre obligation, c'est de corriger cette défaillance au plus vite", pointe du doigt, au travers d’un tweet le 12 février, Martin Griffiths, secrétaire général de l'ONU.

Du côté du régime de Damas, Ahmed Sawan est révolté par la politique appliquée par Bachar Al-Assad. Le pays utiliserait la catastrophe à son avantage pour que les sanctions visées soient abandonnées.

"On le voit sourire alors qu’à côté de lui, il y a des bâtiments détruits, avec des cadavres ensevelis. Cela  résume sa mentalité, comment il pense et comment il réagit par rapport à tout ça", raconte en colère Ahmed.

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