Ils subissent de plein fouet les mesures "barrières" de la crise sanitaire : ce sont les exploitants de salles de théâtre ou concert. Ils n'organisent plus d'évènements, compte-tenu des jauges de spectateurs réduites.
Carlos Goncalvès est exploitant et gérant de la salle de spectacle "Darcy Comédie" à Dijon. La crise actuelle est un coup dur pour cette scène de café-théâtre qui commençait à trouver son public. Il nous explique quelles sont les difficultés actuelles.
Une date anniversaire funeste
Le 14 mars 2019, le Darcy Comédie ouvrait ses portes au public. Une saison plus tard, la crise sanitaire est arrivée, avec le confinement.Carlos Goncalvès se remémore la date du 14 mars 2020, où il a fallu fermer la salle : "Je me rappelle très bien le samedi 14 mars 2020, on s'apprêtait à célébrer l'anniversaire, et ç'a étécomme un coup de massue, il a fallu fermer."
Immédiatement, le gérant du lieu de spectacles a anticipé la suite : "Alors que je multipliais ma programmation par trois pour le printemps, je me suis imaginé tout le travail pour reporter les dates de spectacles ! C’est une montagne de travail administratif qui m’a écrasé. Il faut refaire la mise en page, les mises en ligne des spectacles, les arguments à faire, tout est à l’eau !"
"J'ai pris cher"
Carlos résume la période de confinement très simplement : "3 mois et demi, et tout va à la poubelle… J’ai pris cher !»Sans pour autant se morfondre, le gérant a remis une nouvelle programmation en route "Dès qu’on a su qu’on pouvait rouvrir (annonce du gouvernement le 22 juin ndlr), j’ai refait une programmation que j’ai annulée à nouveau, avec la peur au ventre de ne pas avoir de public."
Derrière ce travail, les soucis des charges à régler : factures d'énergie, loyer...
"Passé le choc du confinement, voir son entreprise vide, errer dans le lieu, entièrement vide, c’est déprimant. S’ajoutent à cela les factures. Nos 20 000 euros de trésorerie sont partis le premier mois de confinement."
S'organiser pour tenir pendant la crise
Pour une entreprise qui débute, l'aspect financier est toujours fragile, et cela a été le cas pour le Darcy Comédie : "Notre banque a joué le jeu (reports de mensualités de crédit), sauf le propriétaire, qui nous réclamait les loyers, pas de demi-loyer, rien."Comme pour toutes les Très Petites Entreprises (TPE), la salle de spectacle a pu bénéficier des 1500 euros mensuels, issus du Fonds de Solidarité. Cela a permis à Carlos de couvrir les locations de licence et les charges d'énergie.
Concernant les aides spécifiques à la Culture, les dossiers formulés par Carlos auprès de l'Association de Soutien pour le Théâtre Privé (ASTP) et du Centre National de la Musique (CNM) ont été rejetés. "On va les solliciter à nouveau !" assure-t-il.
Ma chance, je n'avais pas trop de 'voilure', j’avais une employée qui a démissioné pendant le Covid, quelque part ça m’a sauvé.
La solidarité pendant la crise
Quelques évènements plutôt positifs ont permis de traverser ces six mois : Carlos a notamment été touché par le montant atteint à la souscription en ligne "du pot solidaire (5200 euros), un formidable élan de générosité !"La communauté de fidèles s'est constituée en tout juste un an, Carlos est ravi :"avec 3200 personnes inscrites sur la page Facebook, franchement on ne s'y attendait pas !"
Saison automne-hiver
Résolument tourné vers l'avenir, le gérant de la salle de spectacles est en train de terminer sa programmation jusqu'à la fin de l'année."Même si on a, entre le crédit et les loyers, environ 30 000 euros de dettes, on fait le pari que ça va bien se passer : pour les spectacles mis en ligne très en amont (les gens avaient acheté leur place) la promotion va reprendre."
Au-delà de son propre cas, Carlos Goncalvès est solidaire des autres gérants de salles : "les grandes salles ont les mêmes problématiques que nous…"