TÉMOIGNAGES. " On ne demande pas des miracles, on veut juste un peu d'aide ". Les soignants manifestent leur ras-le-bol

Mardi 30 juin, les soignants sont descendus dans la rue pour un nouveau " mardi de la colère ", à quelques jours des conclusions du " Ségur de la santé ". Revalorisation de salaires, recrutement, moyens matériels, que demandent-ils ? Extraits choisis à Dijon.

 

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Sophie - Aide-soignante 

" Une aide-soignante aujourd’hui, fait le travail de trois aide-soignantes dans les années 1990. On demande une revalorisation des salaires, et le dégel du point d’indice qui est gelé depuis 2010. C'est à dire que quand le coût de la vie augmente, on garde le même salaire. (...) On applique à l’hôpital les méthodes industrielles du management. L’agent doit bosser non-stop alors que ce sont des métiers où la relation à l’autre est thérapeutique. On doit avoir le temps de parler aux patients. "
 

Chloé* - Masseuse-kinésithérapeute

" On ne demande pas des miracles on demande juste un peu d’aide. Il faut qu’on puisse exercer notre métier dans de bonnes conditions. Nous on demande du matériel pour qu’on puisse vraiment aider les patients. Par exemple pour de la manutention des patients, pour arriver à les lever en sécurité. On a des patients qui ont des pathologies de plus en plus lourdes et qui ont besoin de plus en plus de temps. Sauf que nous le temps on ne l’a pas forcément. "

" On ne veut pas que ça soit la prime (la prime de 1500 euros promise par le gouvernement) qui cache la colère des soignants. Les gens se disent « c’est bon les soignants ont eu leur prime » sauf que la prime c’est bien beau pendant un mois mais le reste de l'année on n’aura pas plus de moyens, pas plus de postes, les arrêts ne seront pas plus remplacés. "

Camille – Aide-soignante

" Pendant le confinement les gens nous ont applaudi tous les soirs à 20h et aujourd’hui il n’y a plus personne. C’est ce que je craignais et c’est ce qu’il se passe finalement et ça fait chier (sic). (...) Moi j’arrête là. Pour l’instant j’arrête de travailler là où je suis actuellement, je vais me prendre une pause et je vais voir ce que je ferai après. S’il n’y a pas de valorisation de notre travail ou de revalorisation des salaires ça ne donne plus envie de faire ça. Beaucoup de jeunes professionnels ont une durée de vie dans le médical et le paramédical qui est vachement plus limitée qu’à l’époque. "

"Je fais ce métier depuis 5 ans, ce taf je l’aime mais ça fait 3 ans que je suis un peu dégoûtée. "

Geneviève - Auxilière de puériculture

" Les soignants sont à bout de souffle et on ne nous promet rien. Ce n’est que du vent, c’est du saupoudrage. À la CGT, on a chiffré les besoins pour que le personnel travaille dans de bonnes conditions (recrutement, augmentation de salaire, formation, réouverture des lits fermés). Il faudrait 51,7 milliards d’euros et aujourd’hui on ne nous propose que 6 millards. "

" En 20 ans, ils ont fermé 100 000 lits. L’une des conséquence c’est qu’au moment du covid il a fallu s’organiser pour fermer des services que l’on disait " non-vitaux " pour pouvoir accueillir les gens qui allaient arriver. Il a fallu vite créer des lits de réanimation parce qu’on les avait tellement diminué que même en simple période grippale on est obligés de choisir quels patients on va mettre en réanimation. "

Julie - Infirmière en gériatrie 

" Comme toutes mes collègues, j’ai attrapé le coronavirus au travail. Aujourd’hui je suis toujours en arrêt mais je vais mieux, enfin. Moi je bosse depuis 2006, j’ai été augmentée une seule fois, de 1,2 %. Tout le reste du temps cela a été bloqué. Au bout d’un moment ça ne sert à rien de parler, les gouvernements successifs ne font que parlent…  Les choix ne sont pas sanitaires ils sont économiques. Je ne suis d’accord, ça n’est pas possible de travailler comme ça. "

* Prénom modifié
 
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