Tourisme en BFC : qui sont les gagnants et les perdants de cet été 2020 ?

En raison de la crise sanitaire, les professionnels du tourisme dans la région redoutaient un été 2020 catastrophique. Juillet et août se sont révélés moins sinistrés que prévu. Les grands gagnants sont le Jura, la Saône-et-Loire et certains sites de Haute-Saône. Les villes ont moins bien résisté.

Deux mois d'été plutôt bons


Dans l'ensemble, la grande majorité des professionnels du tourisme en Bourgogne-Franche-Comté se déclarent satisfaits des mois de juillet et d'août 2020. C'est ce qui ressort d'une enquête d'opinion menée par le Comité Régional du Tourisme à laquelle 1621 prestataires ont répondu. La moitié d'entre eux affirment même que l'été 2020  a été meilleur que l'été 2019. La saison a été sauvée !

La Bourgogne-Franche-Comté a représenté 4% des séjours des Français. C'est moins que les intentions de départ mesurées au printemps (7%) mais plus que la part de marché habituelle (3,6%). Notre région a ainsi reçu plus de touristes nationaux que la Corse, l'Ile-de-France ou les Hauts-de-France. Les Franciliens, les Rhône-Alpins ou ceux en provenance du Grand Est ont été très présents. Faute de voyageurs américains et chinois, la Bourgogne-Franche-Comté a pu compter sur un afflux de touristes européens de proximité pour les remplacer : Belges, Hollandais, Allemands et Suisses.

"Les très bons mois de juillet et août auront permis de limiter la casse. On a évité la catastrophe mais pas rattrapé le manque à gagner du printemps. Et attention à l'effet trompe-l’œil ! Certains secteurs, certains sites ou certains types d'hébergement ont plus souffert que d'autres", reconnaît Patrick Ayache, vice-président en charge du tourisme à la Région. 

 
 

Les grands gagnants

Les touristes n'ont pu se rendre dans de nombreux pays d'Europe en raison des fermetures des frontières ou du rebond épidémique. Ils recherchaient du calme, de la tranquillité et de la verdure pour se remettre d'un printemps stressant. Ils souhaitaient des espaces plutôt ouverts sans risque de surpopulation pour limiter au maximum leur exposition au virus.

Dans ce contexte, certaines destinations nature de Bourgogne-Franche-Comté ont fait le plein. C'était particulièrement frappant dans le Jura, en Saône-et-Loire, dans le Morvan, dans le secteur de La Planche des Belles Filles ou le Plateau des Mille étangs en Haute-Saône.

Installé dans la bucolique vallée du l'Ignon en Côte-d'Or, Frédéric Dansert confirme. Ses deux cabanes insolites et haut de gamme n'ont pas désempli de l'été "J'ai refusé 400 clients, du jamais vu !", se souvient le propriétaire du domaine Pont-Roche & Spa. Les locations et les chambres d'hôtes ont également tiré leur épingle du jeu. 


Les grands perdants

En revanche, le tourisme urbain reste très pénalisé, notamment à Besançon et à Dijon. Les vacanciers redoutaient sans doute de côtoyer la foule, ils se sont éloignés des grandes agglomérations. Le secteur de l'hôtellerie dans ces grands centres a particulièrement souffert, sauf le très haut de gamme qui a mieux résisté.

Dominik Frachot, propriétaire de l'hôtel du Nord au cœur de Dijon, confirme : "L'été a été catastrophique. En juillet et en août, on a vu le chiffre d'affaires de notre établissement fondre de 50% par rapport à 2019. Les pertes sont moindres du côté du restaurant, de l'ordre de 20%. Et septembre s'annonce encore plus difficile. Je n'ai rentré aucune réservation de repas de groupes. Quant aux chambres, tout se fait à la dernière minute. "   
 

Les agences de voyage, le tourisme fluvial (bateaux-promenades notamment) et les guides-conférenciers sont toujours dans l'oeil du cyclone. Les gérants de campings ont également une opinion moins positive que d'autres sur l'été 2020 car leur saison a commencé tardivement. Le début du mois de juillet n'a pas été à la hauteur de leurs attentes.

Enfin, si les vacanciers sont restés plus longtemps en Bourgogne-Franche-Comté se muant d'une clientèle de passage en clientèle de séjour, le panier moyen a baissé. Il s'est établi à 46 € par jour et par personne. 

Chez Active tours, on ne dit pas autre chose. Cette agence de voyage, spécialisée dans le cyclotourisme, est basée à Beaune et à Dijon. Elle a loué beaucoup de vélos ou vendu des sorties guidées à la demi-journée avec découverte d'un domaine viticole. En revanche, les séjours vélo avec hôtellerie-restauration-visites et logistique n'ont pas connu l'engouement des années précédentes. De riches Américains en sont friands mais, fermeture des frontières oblige, ils n'ont pas sillonné la Bourgogne cet été.

"Si je devais faire le parallèle entre notre activité et un restaurant, cet été, on a vendu beaucoup de cafés. Résultat, après une très belle année 2019, on a perdu 80% de notre chiffre d'affaires par rapport à l'an dernier. On pense passer le cap de 2021 mais il ne faudrait pas que la situation s'éternise. On a besoin de retrouver notre clientèle internationale à fort pouvoir d'achat.", s'inquiète Florian Garcenot, gérant-associé d'Active Tours.


Et après ?


Les regards se retournent désormais vers l'arrière-saison, propice habituellement au tourisme des seniors, des couples sans enfant et aux voyages de groupe. Or, ce dernier secteur a pris du plomb dans l'aile avec la crise sanitaire. Et le secteur ne pourra sans doute pas plus compter sur la clientèle étrangère.

Avec le rebond épidémique en France, de nombreux Belges et Néerlandais annulent leurs réservations pour septembre. Ils n'ont pas envie de se soumettre à un test et à une quatorzaine à leur retour de congés. "Les perspectives sont sombres !",  s'alarment unanimement les acteurs du tourisme en Bourgogne et en Franche-Comté.
 


Après avoir débloqué 10 millions d'euros d'aides d'urgence au printemps, la Région promet entre 40 et 50 millions d'euros pour épauler le secteur du tourisme. Une enveloppe incluse dans le plan de relance régional qui sera débattu et voté en octobre prochain.


Le reportage de M. Jolly et D. Rabeisen avec :
  • Bertrand de Vogüé, propriétaire du château de Commarin
  • Loïc Niepceron, président du Comité Régional du Tourisme
  • Dominik Frachot, gérant de l'Hôtel du Nord
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