Trois questions au linguiste Philippe Blanchet sur la glottophobie

Nous avons interrogé à Dijon le linguiste Philippe Blanchet sur la glottophobie, la discrimination linguistique.

Mercredi 17 octobre 2018, dans les couloirs de l'Assemblée nationale, le chef de file de La France insoumise et député des Bouches-du-Rhône Jean-Luc Mélenchon avait tourné en dérision une journaliste qui lui posait une question, en imitant l'accent du sud de celle-ci.

"Vous dites n'importe quoi. Est-ce que quelqu'un peut me poser une question en français et à peu près compréhensible ? Parce que votre niveau me dépasse", avait lancé Jean-Luc Mélenchon dans une séquence qui a largement circulé sur les réseaux sociaux.
 


Au lendemain de cet incident, une députée du groupe La République en Marche (LREM), Laeticia Avia, a annoncé le dépôt d'une proposition de loi contre les discriminations linguistiques ou "glottophobie".

Nous avons interrogé à Dijon le linguiste Philippe Blanchet sur le sujet.


Quelle forme prend la glottophobie ? 


Philippe Blanchet : La glottophobie porte sur deux grand types de parole. Il y a le fait de parler une autre langue que la langue dominante. Par exemple, en France de parler une langue étrangère, régionale, immigrée. Et il y a la façon de parler la langue. Par exemple, parler le français avec un accent ou des mots locaux.

Ça se rencontre dans tous les secteurs de la vie. Aussi bien dans les institutions que dans l'accès aux droits et aux ressources, l'accès à la santé, au logement, à l'emploi. Il y a beaucoup de discriminations à l'emploi. Et aussi dans le respect du droit de la personne à prendre la parole, par exemple la parole publique.

 

Tous les accents sont-ils stigmatisés ?


Philippe Blanchet : Ce ne sont pas les accents qui sont victimes. Ce sont les personnes, c'est important de dire ça. Il y en a qui sont moins stigmatisés que d'autres, moins mal perçus. Notamment les accents méridionaux, parce qu'ils ont une connotation positive, mais qui se retournent aussi en manque de sérieux, en légèreté.

Et puis il y a les accents populaires de la moitié nord de la France, qui sont les accents ruraux qu'on peut avoir en Bourgogne, ou les accents banlieusards des grandes villes qui sont de loin les plus stigmatisés.

 

Faut-il une loi pour lutter contre la glottophobie ?


Philippe Blanchet : Il y a déjà dans le code pénal un article qui interdit les discriminations. Il a été plusieurs fois modifié par la loi pour ajouter des nouveaux critères de discrimination. 

Fin novembre 2016, les discriminations linguistiques ont déjà été ajoutées mais seulement pour les gens qui s'expriment dans une autre langue que le français. Il faudrait ajouter aussi les différentes façons de parler le français.
 
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