Une patiente morte de faim au CHU de Dijon ? "Je ne peux pas imaginer qu'on l'ait abandonnée"

Une femme de 77 ans est morte le 31 août au CHU de Dijon après avoir été admise pour une fracture du fémur. Ses enfants accusent l'hôpital de l'avoir laissée à jeun pendant plus de 4 jours. Les syndicats se montrent plus réservés.

Le CHU de Dijon tiendra une conférence de presse à 17 heures ce mardi 8 novembre, après le décès d'une femme de 77 ans le 31 août dernier. L'affaire, médiatisée en fin de semaine dernière, fait l'objet d'une plainte déposée par les enfants de la défunte. Elle et son frère accusent le CHU d'avoir laissé mourir de faim leur mère, Claudette Simon. Admise pour une fracture du fémur, elle a selon eux été laissée plus de quatre jours sans être alimentée, avant d'être admise en réanimation le 28 août et de mourir trois jours plus tard. 

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Les opérations reportées "relèvent du fonctionnement normal du CHU"

Sur les réseaux sociaux, de nombreux commentaires affluent pour dénoncer le manque de moyens à l'hôpital. Mais y a-t-il un lien direct de cause à effet avec le décès de Claudette Simon ? Contactés, les syndicats de l'hôpital se montrent assez réservés. "Au CHU, je ne peux pas m'imaginer qu'on l'ait abandonnée", estime Rodolphe Gaumain, ambulancier et secrétaire de l'UNSA-CHU.

"Le fond de l'histoire, c'est qu'il y a des opérations reportées et que les patients doivent être à jeun." Il explique : "On a un programme opératoire établi tous les jours. Il ne peut pas être respecté : si une opération prévue sur une heure dure finalement 1 heure 30, on la termine quand même. En plus, il y a toujours des urgences, des accidents graves qui passent en priorité. Donc, on est obligé de reporter des opérations. Pas par manque de moyens ni de personnel, mais à cause de ces pics d'activité. Cela relève du fonctionnement normal de l'hôpital. Tous les jours, il y a plein d'opérations repoussées. Et certaines fractures, en soi, ne sont pas urgentes. Elles le sont moins que le fémur par exemple, la hanche, le crâne ou la colonne vertébrale."

"En revanche, être à jeun pendant plusieurs jours, c'est de plus en plus rare, c'est rarissime aujourd'hui. Des fois, ça se goupille mal, c'est vrai. Mais je ne vois pas comment des soignants auraient pu ne pas réagir."

Rodolphe Gaumain

"Si l'enquête le démontre, je m'alignerai sur ses conclusions, mais ça me paraît invraisemblable qu'on ait laissé cette patiente à jeun si longtemps. Normalement, on ne va pas au-delà de 48 heures. De plus, en principe, les gens sont hydratés par perfusion."

"On ne meurt pas de faim en quatre jours"

Pour Rodolphe Gaumain, la patiente n'a pas pu mourir de faim. "Oui, on a pu reporter l'opération, mais on ne meurt ni d'une fracture du péroné ni de malnutrition. On peut mourir de soif en trois jours, mais il faut trois mois pour mourir de faim !" La question qui se pose alors, c'est de savoir si Claudette Simon a au moins été hydratée, ou pas, pendant les quatre jours qui ont précédé son admission en réanimation.

"On fait ce travail-là pour soigner les gens, pas pour les abandonner. On a une conscience professionnelle", insiste le secrétaire de l'UNSA-CHU. La CGT, interrogée par le Bien Public, s'inscrit sur la même ligne : "C’est littéralement impossible qu’elle n’ait pas du tout été nourrie, qu’elle ait été dénutrie et soit morte de faim, il y a des protocoles à respecter. Il faut être prudent sur le ressenti de la famille, sur ce que la patiente a dit. Elles peuvent légitimement penser qu’elle n’a pas mangé, mais si c’est le cas, c’est qu’il y avait de quoi la nourrir dans la perfusion", promet son représentant François Thibault.

"Nous n'allons pas nous exprimer sur cette situation intra-service ni faire de raccourci", indique pour sa part le syndicat Force Ouvrière. 

La direction du CHU va s'expliquer en fin de journée

La plainte, initialement déposée en gendarmerie, a été confiée à la sûreté départementale de la police nationale. Selon nos informations, l'affaire est prise très au sérieux : les autorités parisiennes ont donné des directives précises sur les actes d'enquête à effectuer, en particulier sur des actes médicaux (prélèvements post-mortem, notamment).

Pour l'instant, le parquet de Dijon ne communique aucune nouvelle information sur cette affaire. Le CHU, lui, organise une conférence de presse à 17 heures ce mardi 8 novembre. Elle sera à suivre en direct sur le site de France 3 Bourgogne.

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