Université de Bourgogne : un nouveau conseil d'administration sous tension

Le dernier conseil d'administration de l'université de Bourgogne n'avait pas pu se tenir, car la salle avait été envahie par des étudiants et des professeurs mécontents de la réduction des budgets. Une nouvelle séance s'est tenue ce mercredi 19 octobre 2016 dans une salle gardée par des CRS.

Le conseil d'administration de l'université de Bourgogne qui s’est tenu le 19 octobre devait examiner le budget de l’établissement. Il avait dû être reporté car des manifestants avaient envahi la salle de réunion où il se déroulait.
Cette fois, Alain Bonnin, le président de l'université de Bourgogne, a demandé la présence de forces de l’ordre à l’entrée de la salle du conseil.
C’est le projet de réduire le nombre d'heures d'enseignement qui est à l’origine de ces tensions.

"Aller au-delà d'un déficit de 2.8 millions d'euros serait dangereux"

"Je soumettrai au Conseil d'Administration du 19 octobre une proposition basée sur un déficit de 2,8 millions d'euros, permettant de renforcer le budget de la formation à hauteur de 300.000 euros (soit 6.000 heures) pour l'année universitaire en cours. J'ai engagé un dialogue avec la Rectrice en ce sens pour obtenir l'accord de l'Etat, encore incertain à cette heure. Il faut rappeler qu'une décision de flécher 430.000 euros supplémentaires sur la formation avait déjà été prise à la suite du Conseil d'Administration extraordinaire du 7 septembre, où j'ai été à l'écoute des demandes d'alléger les contraintes à faire peser sur la formation. Au total, ce sont donc 730.000 euros, soit 14.600 heures de plus sur la ligne formation par rapport à la proposition initiale de budget présentée début septembre et qui était basée sur un déficit de 2.07 millions d'euros. Aller au-delà d'un déficit de 2.8 millions d'euros serait tout simplement dangereux pour notre établissement car le fonds de roulement ne pourrait pas compenser un tel déséquilibre, nous plaçant de fait dans une situation décrite plus avant.

"L'université subit de manière douloureuse le contexte économique"

Il importe que nous engagions rapidement les discussions sur la préparation de l'offre de formation du nouveau contrat qui débutera à la rentrée 2017 et engagera notre université pour 5 ans. Nous devrons démontrer à l'Etat sa soutenabilité financière. Dès ce mois d'octobre, un groupe de travail associant les directeurs de composantes, des directeurs de laboratoires et représentants élus des conseils centraux sera réuni par les vice-présidents en charge de la formation pour construire une offre de formation ambitieuse mais financièrement soutenable. Une fois validée par la Commission de la Formation et de la Vie Universitaire et par le Conseil d'Administration, cette offre 2017-2021 recevra de l'équipe de gouvernance un engagement stable, exprimé en heures, pour les 3 années restantes de mandat", indique le président de l’université dans un courrier.

"Notre université est loin d'être la seule à subir de manière douloureuse le contexte économique difficile de notre pays. L'Etat doit faire des choix à la hauteur des enjeux et adapter son modèle de financement de l'enseignement supérieur et la recherche", rappelle encore Alain Bonnin dans son message aux étudiants et aux personnels de l'université.

En fin de matinée, les nouvelles orientations budgétaires pour 2017 ont finalement été votées par le conseil d'administration de l'université. On a compté 20 voix pour, 6 voix contre et 5 abstentions. Les syndicats d'étudiants et d'enseignants se sont abstenus ou ont voté contre. Le budget définitif sera soumis au vote au mois de décembre.

Le reportage d’Anne Berger, Dalila Iberrakene et Chantal Gavignet

Intervenants :
-Lucie Charoy, étudiante en histoire
-Victorien Di Fraja, étudiant en histoire
-Sylvie Laigneau-Fontaine, enseignante en latin
-Alain Bonnin, président de l'université de Bourgogne