Deux associations dijonnaises, spécialisées dans l'urgence sociale et l'insertion, innovent ! Emmaüs et ADEFO proposent à leurs bénéficiaires de construire des tiny houses.
Quand un projet permet de se reconstruire après avoir vécu à la rue ou dans une très grande précarité... La communauté Emmaüs de Norges et l'Association Dijonnaise d'Entraide des Familles Ouvrières (ADEFO) ont cherché parmi les personnes qu'elles accompagnent des volontaires pour fabriquer deux tiny houses, c'est-à-dire des minuscules maisons en ossature bois mobiles.
Un chantier motivant
Le chantier de la première tiny house a commencé il y a deux semaines dans un atelier de la communauté Emmaüs. A la manœuvre, on trouve Benoît Monteiro. Large sourire aux lèvres, il manie l'agrafeuse à percussion avec un bonheur non dissimulé.
Il est difficile de croire que Benoît vivait la galère de la rue il y a encore dix mois. Aujourd'hui, il réside dans une maison d’accompagnement de personnes en situation de grande marginalité gérée par l'ADEFO. Et cet ancien sans-abri se passionne pour ce projet de construction d'un logement.
"D'habitude, je regarde tout le temps l'heure. Là tellement c'est prenant, quand arrive l'heure de déjeuner, je me dis que c'est passé trop vite", se réjouit Benoît. A ses côtés, travaillent Richard, éducateur à l'ADEFO, et Michel Perrin. Ce charpentier bénévole en retraite est à l'origine de projet. Il a dessiné les plans et supervise le chantier.
Une solution d'hébergement sociale et écologique
Michel Perrin avait connaissance d'autres tiny houses utilisées en France dans le cadre de l'hébergement d'urgence de SDF, de mères isolées ou de réfugiés.
L'innovation dijonnaise réside dans le fait de les faire construire par les usagers des deux associations auxquels elles sont destinées.
Autre singularité, valoriser le travail de collecte de matériaux réalisé par les compagnons d'Emmaüs. Les deux tiny houses dijonnaises sont fabriquées à 60% avec du bois de palettes, des huisseries de récupération, des matériaux de réemploi.
"Avoir quelque chose de bien construit, de durable et qui peut se déplacer et aller à proximité de là où l'accompagnement social peut se faire est une bonne chose ", se félicite Michel Perrin.
La première des deux maisons pourrait être achevée dès la mi-avril en fonction de l'arrivée des matériaux de réemploi. Débutera alors la seconde construction avec et pour les compagnons d'Emmaüs.
Pour baisser les coûts, ces tiny houses ne disposent pas de leurs remorques propres. Mais c'est bien par camion, puis à l'aide d'une grue, qu'elles s'installeront sur leur site d'accueil d'ici quelques semaines.