Vendredi 10 juillet, le Premier ministre Jean Castex et son ministre de l'intérieur, Gérald Darmanin ont rencontré des habitants du quartier des Grésilles à Dijon. Une visite plutôt appréciée, qui n'éteint pas les fortes attentes de la population.
10 heures du matin, dans le quartier des Grésilles. Sur la place Galilée où se situent les commerces, la terrasse d'un café est animée. Autour, les passants vont et viennent.
" Nous on attend de voir les résultats "
Quelques centaines de mètres plus bas, Jean Castex et Gérald Darmanin s'apprêtent à arriver. Mais ici, ils sont peu nombreux à s'intéresser à leur venue. Beaucoup accueillent cette visite avec résignation et semblent ne rien en attendre. " Il vient pour faire une promenade, c’est tout. Qu’est-ce qu’il va faire ? Qu'est-ce qui a été fait avant lui ? Ce sont tous les mêmes ! ", explique un homme dont le sourire tranche avec son état d'esprit. Alors que de nombreuses forces de l'ordre bouclent le quartier, un autre expose : " Je pense qu’il sera tellement protégé qu’on ne pourra pas lui dire un mot. Je ne pense pas que ça soit pour nous qu’il vienne. C’est pour sa publicité à lui et pas pour nous. "
Ils sont tout de même une dizaine à attendre l'arrivée des deux ministres, devant la mairie de quartier. Certains ont été invités à participer à un échange avec Jean Castex et Gérald Darmanin. Ce sont des représentants des habitants, des membres du conseil citoyen, ou encore des représentants associatifs, comme la MJC du quartier, le centre social ou des associations culturelles.
Mais tout le monde ne pourra pas asister à cette rencontre. " On nous a demandé de venir à 9h30, mais on n’est même pas sûres de rentrer " s'inquiètent deux habitantes du quartier, préoccupées derrière leur masque. Leurs craintes vont s’avérer exactes. Elles ne pourront pas prendre part aux discussions. " Je suis présidente d’une association dans le quartier, cela fait 40 ans que je vis ici. Tout le monde me connaît. Là il y a des gens qui ne sont même pas du quartier ", glisse l’une d’elles sans masquer sa déception.
Rencontre improvisée avec des riverains
Comme ces dames, un groupe de plusieurs hommes est invité à se rendre sur le trottoir d'en face. Parmi eux, Hamid, 46 ans, infirmier de profession, est une figure du quartier. Devant son insistance, les deux ministres, accompagnés du maire de Dijon François Rebsamen, vont à la rencontre du petit groupe. Pendant près de cinq minutes, les échanges sont fermes, mais courtois. Accompagné d'un autre " grand du quartier ", Hamid demande au Premier ministre de "reconnaître que la police n'a pas fait son travail". Quelques instants plus tard, Hamid se montre satisfait de cette discussion avec le chef du gouvernement : " Il est venu en plein milieu du quartier des Grésilles avec le ministre de l’intérieur. Bon, c’est vrai qu’il y a plus de policiers que d’habitants aujourd’hui. Mais il est quand même venu faire le premier pas, c’est un signe d’apaisement, c’est un signe de confiance. (...) Il sera jugé sur sa feuille de route et sur son travail ".
" Je n'attendais pas forcément quelque chose de cette visite "
À l'intérieur de la mairie annexe, et contrairement à ce qu'il s'est passé au commissariat de police plus tôt dans la matinée, Jean Castex et Gérald Darmanin ne font pas d'annonces particulières. "Le ministre ne s’est pas engagé, il n’a fait aucune promesse, mais il a été à l’écoute " raconte Mounir Ez-Zoubi, responsable éducation spécialisé de l'association Acodege. Il poursuit : " Je n’attendais pas forcément [quelque chose] de cette visite. Mais c’est une opportunité que l’on saisit, on a essayé de faire passer des messages et puis on verra comment les choses vont évoluer."Comme lui, ils sont nombreux à remarquer que les ministres sont avant tout venus délivrer un message. " On passe beaucoup de temps à chercher de l’argent et c’est du temps qu’on ne passe pas à être au plus près des habitants et des jeunes, et ça c’est un problème. Il faut nous donner les moyens d’avoir du temps pour créer du lien social. Je n’ai pas vu qu’il avait entendu ce message là. ", regrette Aurélie Miller, directrice de la coursive. Mais pour elle, l'essentiel était ailleurs : " Ce qui est très positif, c’est qu’il a discuté avec les habitants juste avant nous. C’était la chose la plus importante de ce déplacement. "