DOSSIER. "Ah c'est vrai, le prix a baissé ?" : au rayon des fournitures scolaires, les effets du ralentissement de l'inflation invisibles

À quelques jours désormais de la rentrée scolaire 2024, la traditionnelle ruée sur les fournitures scolaires bat son plein. Certaines associations de consommateurs pointent une très légère baisse des tarifs par rapport à 2023, mais dans les rayons, la tendance est nettement plus contrastée, et varie d'un magasin à l'autre.

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"La rentrée de tous les records", "Petits prix à l'appel", ou encore "La rentrée à petits prix" : comme chaque année à quelques jours de la fin des vacances, les slogans publicitaires de la grande distribution promettent les meilleures affaires aux parents en charge de remplir les cartables. Mais pour cette rentrée 2024-2025, la donne a-t-elle vraiment changé, après des années de hausse ?

C'est ce que promet l'association Familles de France, dans son étude annuelle consacrée au coût de la rentrée scolaire, basée sur le profil d'un élève entrant en 6ème. L'addition finale afficherait "une légère baisse" de 1,27% par rapport à celle de 2023 à la même époque. Un résultat "attendu compte tenu du ralentissement de l’inflation depuis le début de l’année passant de 4.9 % en 2023 à 2.2 % au mois de juin dernier", détaille l'étude.

Dans le détail, la tendance n'est pas uniforme, et peu visible

Mais dans le détail, cette légère baisse est contrastée par la très forte inflation de la rentrée 2023 : toujours selon Familles de France, l'an dernier la hausse des prix s'élevait à +8,75%. D'autant plus qu'elle ne se vérifie pas partout, ni sur tous les types de fournitures.

Le tarif des fournitures dites "papetières" (cahiers, feuilles, ...) a chuté cette année, mais à l'inverse celui des "non-papetières" s'est encore un peu plus envolé. La Confédération Syndicale des Familles (CSF), qui a également étudié ces évolutions de prix parle d'un "rapport de 1 à 5 fois le prix", incompréhensible selon eux, car les magasins "devaient avoir du stock".

Plus globalement, selon les chiffres de Familles de France, les tarifs dans les supermarchés auraient baissé d'1,64%, mais à l'inverse, les magasins spécialisés affichent une hausse des tarifs de +0,47%, et l'addition flambe encore un peu plus dans les hypermarchés qui affichent +2,38%.

Des données à relativiser, avertit Charly Hée, le président de l'association Familles de France. De tels chiffres s'expliquent par le fait que les tarifs des hypermarchés étaient plus bas que dans les autres modèles de distribution. Ainsi, "l'hypermarché reste le plus intéressant, mais un petit peu moins qu’avant. Il y a simplement moins de différence avec les supermarchés, les prix se rejoignent", décrypte-t-il.

Ce bilan finalement contrasté se vérifie rapidement dans les allées de l'hypermarché Carrefour de Dijon, à la Toison d'Or, où personne n'a rien remarqué. "Ah c'est vrai, le prix a baissé ? On pensait plus l'inverse" s'étonnent Sabrine et sa fille Shana, qui rentre en 1ère cette année, devant le rayon des stylos. Même constat un peu plus loin, pour Magalie et Alice qui rentre en Terminale : "Faut s’en rendre compte. Là, on le voit pas spécialement, y’a ce qu’on dit et ce qui est réel".

Les magasins spécialisés veulent rester dans la course

Une chose est sûre pour Magalie et Alice : les courses de rentrée se font en hypermarché, ou bien via des achats groupés lancés par les établissements scolaires, pour faire le maximum d'économies. "Notre crainte, c'est que dans un magasin spécialisé, il y ait moins de choix et que le prix soit plus élevé", expliquent-t-elles. Et pourtant, ces derniers font tout pour rester dans la course, à en croire les équipes du Cultura situé à quelques mètres de l'hypermarché.

"Nous avons 600 produits en promotion dans nos rayons" se défend Émilie Blain, la conseillère de vente en papeterie du magasin de Dijon. Elle met aussi en avant des bons de réduction offerts lorsqu'on ramène un cartable usagé ou non, pour être réutilisé ou recyclé, mais aussi lorsqu'un client vient pour une reprise de calculatrice. "Dans ce cas-là, le bon d'achat peut aller jusqu'à 25 euros", renchérit la vendeuse.

Pas mal d'astuces pour faire baisser la note donc, mais justement, cette note a-t-elle encore légèrement augmenté cette année, comme le démontre l'étude de l'association Familles de France? Là-dessus, les équipes du magasin assurent ne pas avoir d'information sur le tarif du panier moyen, et ne pas savoir comparer par rapport aux années précédentes, qui, pour rappel, étaient déjà marquées par une forte inflation.

Des alternatives toujours plus nombreuses

Face à des prix toujours plus haut, les alternatives se développent, pour tenter d'éviter de payer le prix fort. Beaucoup de clients croisés dans l'hypermarché de la Toison d'Or disent essayer de réutiliser un maximum les classeurs, pochettes, trousses ou encore stylos de l'année passée, pourvu qu'ils marchent encore. Ainsi, ils ne rachètent "que le nécessaire", de quoi contribuer à une réduction de la note finale.

Plus insolite, certains n'hésitent plus à revendre leurs fournitures inutilisées sur des plate-formes en ligne de revente d'occasion. Pour la Confédération Syndicale des Familles, il faut tout de même rester prudent face à ces annonces, comme pour tous les achats en ligne : "les frais de port peuvent parfois être élevés", et produire une addition tout aussi salée qu'en magasin.

Les achats groupés lancés directement par les établissements scolaires se développent également, pour faire baisses les coûts, mais aussi éviter les demandes parfois un peu farfelues de certains enseignants, qui réclament des modèles de cahiers ou de calculatrices en particulier, selon la CSF.

Enfin, Emmaüs propose également, en cette période de rentrée scolaire, des opérations spéciales de vente de fournitures issues de sur-stocks de grandes surfaces. C'est notamment le cas sur le site de Norges-la-ville, au nord de Dijon, où France 3 s'était rendu le 17 août dernier, à la rencontre de ces familles qui profitent de ces bonnes affaires.

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La chasse aux bonnes affaires pour les fournitures scolaires chez Emmaüs, à quelques jours de la rentrée 2024. ©D. Segal / G. Robin / C. Ngoc

Ces alternatives restent cependant largement minoritaires : selon une étude de marché de Businesscoot de mars 2023, la grande distribution représente encore 83% de la distribution de fournitures scolaires.

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