FEUILLETON (3/4). De Dijon à la frontière ukrainienne : la famille enfin au complet

Genia et Alexandre, le couple franco-ukrainien de Dijon, arrivent à la frontière ukrainienne. Un endroit où les bombardements se font entendre au loin, tout comme la détresse des réfugiés. Plus tard à Varsovie, ils retrouveront enfin Mykola, le père de Genia,

Mercredi 16 mars. Moins d’une heure de route avant l’Ukraine. Gérard Zurita, au volant du minibus, est concentré. "On ne regarderait pas le GPS, on n'imaginerait pas qu'on est à seulement 50 kilomètres de la guerre, confie le retraité côte-d'orien qui aide Genia et Alexandre dans leur périple. Bizarrement, c'est encore relativement calme. Les gens continuent de vivre normalement. On s'attendait au pire, ce ne sera peut-être pas le cas". 

À la frontière à Hrebenne, près de Lviv. La guerre se fait pourtant plus proche. À plusieurs reprises, les bombardements se font entendre, comme le grondement de l'orage.

"Les Russes ont réussi à faire pire que les fascistes allemands"

Un réfugié ukrainien de 86 ans

Et à ce poste-frontière, son lot d’histoires sombres, de vies brisées. Comme cet homme qui passe en Pologne à pied, un peu perdu. Il a 86 ans. "Les Russes ont réussi à faire encore pire que les fascistes allemands. Que vous dire ? Je ne quitte pas le pays. Je suis sûr que je vais revenir au plus vite en Ukraine".

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Dans leur minibus, Genia Lychko et Alexandre Bringia apportent du matériel médical, et de la nourriture. Ces colis, ils veulent les faire passer de l’autre côté. Pour aider les ukrainiens. "Des sacs de couchage, des serviettes... On a aussi des lits de camp et du matériel pour bébés", détaille Alexandre aux agents du poste-frontière.


Il faut aussi récupérer Helena, la mère d’une collègue de Genia. Puis Yrina et Olekssi, 17 ans. Les voici, avec seulement quelques sacs en main.

"On se sent utiles, apprécie Gérard. J'avais un petit coup de fatigue sur la route, mais ça me redonne la pêche pour rentrer".

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Jeudi 17 mars. Pendant cette mission à la frontière, celui que tout monde attendait est arrivé à Varsovie : le père de Genia. Mykola Lychko était passé en Russie il y a 3 mois, pour le travail. Séparé de sa femme, qui n’avait pas réussi à franchir la frontière. Pour la retrouver, il a dû remonter jusqu’en Lettonie. Puis traverser la Lituanie, et arriver en Pologne.

Les retrouvailles ont lieu dans le hall de l'hôtel. Mykola arrive le regard un peu perdu, presque incrédule. Il serre sa fille dans ses bras.

"Ne pleure pas.

- Non, je ne vais pas pleurer, j'ai déjà trop pleuré hier", lui répond Genia, qui se tourne vers nous : "c'est un grand soulagement".

Mykola raconte : "c'est une énorme joie, un soulagement intense de voir que tout le monde va bien, qu'on est finalement en sécurité. Ici, on a l'opportunité de s'occuper de notre santé, je peux voir ma fille et bientôt ma petite-fille, restée à Dijon". 



À leurs côtés, Alexandre reste silencieux. Très ému. "Je n'avais vu Mykola qu'en photo. En vrai, c'est beaucoup mieux", sourit-il en regardant la famille au complet. Est-ce que Genia, sa compagne, a changé durant ces 3 jours ?, lui demande-t-on. "Oui, elle a le sourire désormais".


Toute la famille est désormais réunie. Il reste 1500 kilomètres avant de rejoindre la France. Et pour ces réfugiés, tenter d’oublier les horreurs de la guerre.

Le 4e et dernier épisode sera publié vendredi. Retrouvez le premier épisode ici, et le deuxième épisode là.

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