Histoires 14-18 : L'amiral Louis-Hippolyte Violette, inventeur du périscope

L'amiral Louis-Hippolyte Violette n'est pas très connu. En Bourgogne, deux rues portent son nom : une à Dijon, l'autre à Longeault (près de Genlis), village dont il fut le maire pendant quelques années. On lui doit pourtant, avec le contre-amiral René Daveluy, l'invention du périscope.

Parmi les illustres personnages que compte la Bourgogne, se trouve l'amiral Louis-Hippolyte Violette. Son nom est pourtant peu connu des Bourguignons, si ce n'est à Longeault, petite ville de Côte-d'Or située près de Genlis, où il est une figure historique locale. Né à Besançon en 1869, il est décédé à Dijon en 1950. 

Louis-Hippolyte Violette entre à l'école navale en 1886, à l'âge de 17 ans. Il en sort major de promotion de 1889 à 1891. Brillant en mathématiques et passionné d'optique, il est appelé à la rescousse par le commandant René Daveluy, commandant du Gymnote (sous-marin expérimental, pour mettre au point avec lui le premier périscope opérationnel).

Un "vrai" périscope à inventer: 

Dans son ouvrage "Réminiscences", l'amiral Daveluy explique:
"Tandis que je rêvais de doter les sous-marins d'un périscope, on eût pu m'objecter que le Gustave-Zédé en avait déjà un. En effet, il était doté d'un appareil qui en avait le nom, mais n'avait pas la chose. (...) Au point de vue optique, cet appareil était excessivement ingénieux; il était dû à un colonel d'artillerie ou du génie qui, ne sachant trop quoi faire de son invention, avait demandé à un "cher camarade" de le caser sur un sous-marin. (...) Dès qu'il fut en place, on s'aperçut qu'il ne répondait à aucun besoin. En surface, ou même en position de plongée, on avait la vision directement par le casque de commandement; et en plongée, le périscope était complètement immergé, le Gustave-Zédée ne pouvant tenir la plongée qu'à trois mètres."


Violette appelé à la rescousse

Il fallait, écrit l'Amiral Daveluy, "guérir le sous-marin de sa cécité". (...) J'arrivais à cette conclusion que, sur le Gymnote, un périscope devait avoir au moins 3,50 de longueur. Quant au diamètre, plus il serait faible, mieux cela vaudrait afin d'offrir une moindre résistance à la marche.Dans cet ordre d'idées, il ne fallait pas songer à dépasser le diamètre de 80 millimètres.
Cela posé, j'avais les éléments du problème, mais je n'en avais pas la solution. (...)

Il fallait des précisions et, pour les avoir, j'appelais à la rescousse l'enseigne de vaisseau Violette, second du Gustave-Zédé, pour qui les sciences n'avaient pas de secret.


(...) Violette rédigea avec précision la partie technique et scientifique. Et nous demandâmes qu'on nous autorisât à faire construire par des spécialistes une chambre noire et une lunette astronomique aux dimensions requises.(...) Il s'agissait d'une dépense de trois cent francs. On n'osa nous refuser cette aumône."

Ce premier essai s'avère décevant. Le commandant Daveluy, et Louis-Hippolyte Violette se remettent au travail: 
"Sans rien dire à personne, Violette et moi, nous décidâmes de modifier l'appareil (...) Au bout de deux jours, il arriva au poste des sous-marins avec un nouveau projet de périscope dans lequel la chambre noire était remplacée par une chambre claire.

Pour réaliser celle-ci, il nous suffit de dévisser les verres de mes jumelles, et de les monter  sur notre tube de chaudière à la place de la chambre noire. Quand nous regardâmes dans l'appareil, nous eûmes la certitude que la solution de la vision indirecte dans l'eau était trouvée

 

Le périscope, une invention française

En 1931, dans une publication de l'Académie des sciences, sous le titre : OPTIQUE. De l'invention du périscope. Note de M. Jean Rey, on peut lire une mise au point sur l'invention du périscope. Attribuée par les journaux anglais à un certain Sir Howard Grubb, l'ingénieur Jean Rey explique avoir été le premier à avoir "combiné un appareil optique pour la vision des sous-marins": un dispositif installé sur le sous-marin Gymnote en 1891. "Mon appareil présentait plusieurs défauts que la pratique révéla bientôt" écrit-il avant de poursuivre:  

Sur le Gustave Zédée, le second sous-marin de notre flotte, on employa un dispositif avec miroirs à 45°, placés aux deux extrémités d'un tube vertical du périscope. Ce nouveau système avait été construit sur les indications des commandants Daveluy et Violette, devenus amiraux depuis.

Les sous-marins, une force sous-estimée avant 1914

Lorsque la guerre éclate en 1914, la marine française n'avait que deux sous-marins offensifs, qui n'étaient d'ailleurs que des échantillons : le Gustave-Zédée et l'Archimède, tous les deux à vapeur, écrit le contre-amiral René Daveluy, dans son ouvrage " Les enseignements maritimes de la guerre anti-germanique". Il consacre tout un chapitre au sous-marins.

"La flotille sous-marine française n'était pas faite pour l'offensive, mais pour la défensive", explique t-il.  Plus loin, il poursuit: " le sous-marin paraissait particulièrement adapté à la défense de nos côtes; mais il se perfectionna; dès lors il cessa d'être intéressant et on le relégua au second plan. On se souvient peut-être que la construction de nos premiers submersibles fût décommandée et on leur substitua de petits sous-marins défensifs. Cette décision porta un coup fatal à notre flotille sous-marine qui ne s'en est jamais relevée".
 
Source archives : - Pathé Gaumont - Archives Municipales de Dijon ©France 3

Louis-Hippolyte Violette - France 3 Bourgogne -
Présentation : Caroline Jouret - Images: Alain Tixier - Son :  Yoann Danjou - Lumière : Jean-Renaud Gacon
Remerciements aux Archives municipales de la ville de Dijon : notamment à Madame Eliane Lochot, et à Madame Clothilde Tréhorel.
Remerciements à Madame Sylvie Brunetière Violette.


 
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