Inondations : y a-t-il eu un défaut de communication dans la chaîne d'alerte pour la crue de l'Armançon ?

Les fleuves et rivières de Bourgogne ont inondé des zones rurales et urbaines, suite aux épisodes pluvieux du week-end de Pâques. Les riverains de l'Armançon ont été largement touchés par ces inondations. Certains affirment qu'ils n'ont pas été alertés de la montée des eaux.

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L'Armançon serpente en Côte-d'Or et dans l'Yonne sur près de 200 km et se déverse dans la rivière Yonne. En sortant de son lit le 1er avril, beaucoup de riverains ont été touchés et inondés, mais certains expliquent qu'ils n'ont pas été avertis de la montée des eaux.

"Puisque l'on ne nous prévient pas, le coût sera tellement plus important"

Une équipe de France 3 Bourgogne a rencontré une habitante sinistrée à Semur-en-Auxois. Marie-Claire Couvreux explique son incompréhension car elle n'a pas été prévenue de la montée des eaux dimanche, alors qu'elle se situe en zone 'rouge'. "On se pose la question de 'la courroie de transmission de l'information' et de la façon dont l'argent de l'Etat est dépensé. On nous subventionne une somme importante pour nous protéger d'inondations, puisque nous sommes en zone rouge et puisque l'on ne nous prévient pas... Le coût sera tellement plus important, pas seulement pour nous, mais pour les autres riverains, pour la collectivité. Ça pose question."

Marie-Claire a pu effectivement bénéficier du Fonds de prévention des risques naturels majeurs du budget du ministère de la Transition écologique, pour une somme de plus de 28 000 €, financés par l'Etat à 80%. Ce qui a consisté à refaire les sols (retirer le parquet), mettre les prises de courant en hauteur, les éléments de chauffage en hauteur, et poser des batardeaux (barrages amovibles) devant les entrées pour une somme de 11 000 €.

"Ce sont les pompiers qui m'ont appelée"

Le village de Semur-en-Auxois est situé en aval du lac de Pont-et-Massène, où un barrage géré par VNF (Voies Navigables de France) permet de créer un réservoir d'eau important avec l'Armançon (environ 6 millions de mètres cubes) pour alimenter le canal de Bourgogne. L'ouvrage est conçu pour supporter des crues, grâce à l'adjonction, lors d'importants travaux en 2015, d'un canal d'évacuation de crues.

Catherine Sadon, maire (DVC) de Semur-en-Auxois, explique comment elle a été prévenue dimanche soir, 31 mars : "On m'a appelée pour me dire que la rivière allait monter de 50 centimètres lorsqu'à deux heures du matin, ce sont les pompiers de Dijon qui m'ont appelée en me demandant si on n'avait pas des problèmes avec la rivière. On ne savait pas comment faire à ce moment là, quelle était la prévision d'augmentation du niveau d'eau." 

On était un peu désemparés

Catherine Sadon

maire (DVD) de Semur-en-Auxois

Ce que reproche la maire de Semur, c'est un défaut d'information de la part de VNF : "Le problème, c'est qu'au niveau du barrage (du Lac de Pont, ndlr), on n'a pas eu d'information de la part de VNF qui nous a dit, attention, cela dépasse la cote, vous allez avoir de l'eau chez vous. On était un peu désemparés."

L'élue explique ensuite que, dès qu'il a fallu évacuer des habitants, la mairie a mis à disposition une salle avec une collation, et des solutions de relogement ont été proposées. "La sirène d'alerte n'a pas été activée, regrette la maire. Cela aurait permis de réveiller tout le monde. Ce n'est pas de notre ressort, c'est celle des pompiers."

Autre difficulté évoquée, la "complexité de contacter tout le monde", au cours d'un week-end prolongé, avec la présence de touristes dans les gîtes de la commune. "On n'a pas les portables des gens. J'ai fait demander à mes services de recenser les numéros de téléphone, qu'on puisse les appeler. On va avancer sur notre communication à nous."

La maire évoque vis-à-vis de VNF "le besoin de nous informer car nous sommes juste après le barrage, nous ne sommes pas une petite commune, et aussi de communiquer régulièrement sur leurs outils."

"C'est la Préfecture qui contacte l'élu concerné"

Sur la commune de Pont-et-Massène se trouve le barrage du lac de Pont. Le maire de la commune, Patrick Roux (SE) explique que "c'est la Préfecture qui contacte l'élu concerné. J'ai aussi la chance d'être sur une petite commune de 200 habitants, c'est évident que lorsqu'on voit qu'il y a quelque chose qui ne va pas, je peux rapidement joindre ces habitants, j'ai tous les portables. C'est l'avantage et c'est lié à ma commune. C'est sûr que pour les autres communes plus conséquentes, c'est plus difficile."

Le dispositif initial d'alerte est décrit par le maire : "La cote d'alerte, c'est à l'entrée du lac de Pont, à Brianny, lorsqu'on atteint un débit de 50 m3/s. C'est VNF, qui gère le barrage du lac, qui prévient la Préfecture."

Comme évoqué par la Maire de Semur-en-Auxois, il existe bien un système d'alerte sonore spécifique au barrage. Une alarme, mais qui est celle d'un danger bien supérieur à une inondation : "il y a un système de sirènes d'alertes, qui sonnent uniquement quand VNF estime que le barrage est en danger dans les communes de Pont-et-Massène ou de Genay. Mais ce n'est pas un dispositif pour prévenir d'une crue."

Toutefois, Patrick Roux relève qu'il faudrait davantage informer : "Je suis favorable à ce qu'une réunion puisse se tenir annuellement, avec tous les interlocuteurs, VNF, les élus, pour que tout le monde soit au courant du protocole d'information."

"Nous sommes entièrement transparents"

Du côté de Voies Navigables de France, le principe est simple, comme l'explique Thierry Feroux, responsable de la communication institutionnelle : "Nous avons été d'abord alertés de l'alerte jaune de l'Armançon par le bulletin de Vigicrues. On a également nos propres systèmes de prévision qui nous avaient alertés."

VNF lutte néanmoins contre les rumeurs et mauvaises informations, comme par exemple celle de faire des lâchers d'eau, ou bien de ne pas utiliser le barrage 'en tampon' de la crue, "ce qui aurait été impossible, au regard du volume d'eau qui est passé en deux jours", précise Therry Feroux.

Concernant les 'lâchers d'eau', Thierry Feroux explique "qu'à partir du moment où dans un bassin, on a moins d'eau avant la crue qu'après, ça ne veut pas dire qu'on a 'lâché' de l'eau. Les relevés de la hauteur du barrage sont disponibles sur Vigicrues, nous sommes entièrement transparents."

Le relevé vigicrues du barrage est visible sur ce lien

Contactés dans la journée du 4 avril, les services de la préfecture de Côte-d'Or ne nous ont pas répondu dans les délais pour obtenir davantage d'informations sur la communication vers les élus et les habitants.

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