Ce samedi 1er juillet, le docteur Pascal Bonnot, installé à Venarey-les-Laumes en Côte-d'Or, part à la retraite. Sans successeur, ce sont près de 3 000 personnes qui se retrouvent sans médecin.
C'est un départ qui risque d'en inquiéter plus d'un. Après 38 ans de bons et loyaux services, le docteur Pascal Bonnot ferme son cabinet ce vendredi 30 juin à 18 heures. Installé à Venarey-les-Laumes, ce médecin de 64 ans part en retraite, mais n'a trouvé personne pour lui succéder.
Une fâcheuse situation, puisqu'il avait une patientèle à hauteur de 3 000 personnes. Lorsqu’on appelle le docteur Bonnot, on tombe sans arrêt sur le même message. “Le docteur Bonnot n’a plus de place de consultation. En cas d’urgence, faites le 15 ou allez à l’hôpital de Semur-en-Auxois."
Pourtant, cela fait plusieurs mois que le docteur cherche quelqu'un pour prendre le relais. "Il y a onze mois, j'ai publié un article dans le bulletin du conseil de l’ordre, où tous les médecins ont pu voir l’offre. Je n’ai eu aucune demande, ça n’a intéressé personne."
2022 a été ma première année en 37 ans où je n’ai pas trouvé de médecin pour me remplacer lorsque je prenais des congés.
Docteur Pascal Bonnot
Un médecin "exténué"
Selon lui, c'est parce que la nouvelle génération de médecins n'a plus la même mentalité qu'avant. "Ils ont peur de la quantité de travail. Aujourd’hui, les médecins cherchent plus de confort que les anciens. Le problème n’est pas le lieu, il est très agréable et il y a le train. Les futurs médecins ne veulent plus travailler en libéral, mais en tant que salarié. Ils sont considérés comme employés de la commune. Le médecin libéral doit acheter ou louer son cabinet, acheter son matériel, et s'occuper de l’ensemble des charges."
S’il arrête c’est qu’il n’en peut plus. Il est exténué. Les habitants sont très inquiets de ne plus avoir de médecin.
Annie BonnotÉpouse et secrétaire de Pascal Bonnot
Car le docteur Bonnot affirme qu'il travaille comme très peu de médecins le font. À tel point que deux voire trois médecins sont nécessaires pour le remplacer. "Je travaille 60 heures par semaine depuis 37 ans. J’ai calculé et c’est 3,3 fois plus que la moyenne."
Quand j’ai commencé, il y avait 8 médecins dans le canton. Aujourd'hui, nous ne sommes plus que quatre.
Docteur Pascal Bonnot
Dans quelques jours, Pascal Bonnot prendra sa retraite. Mais il ne perd toujours pas espoir. "Mon cabinet est en vente, et je le céderai en priorité à un médecin. Il y a également un logement pour mon successeur. Je suis prêt à offrir une grande partie de mon matériel", assure-t-il.
Le maire optimiste pour trouver un successeur
De son côté, Patrick Molinoz le maire (PRG) de Venarey-les-Laumes, s'inquiète, mais ne désespère pas de la situation. "L’accueil des médecins est de plus en plus difficile. Quand on perd un professionnel de la santé avec une telle patientèle, c’est encore plus compliqué. On est inquiets, 3 000 personnes se retrouvent sans solution."
"Que ce soit des médecins libéraux ou des médecins salariés, peu importe. Le patient se fiche bien de savoir, tant qu’il est pris en charge. La maison de santé est disponible, et ils sont prêts à accueillir de nouveaux collègues. Je privilégie la maison de santé", ajoute-t-il.
Cette problématique n'est pas propre au nord de la Côte-d'Or, et Patrick Molinoz tient à le rappeler. "En tant que maire, je n’ai aucun pouvoir sur l’installation d’un médecin, mais je peux créer des conditions. Je fais parfaitement confiance aux médecins pour trouver des successeurs, mais nous savons par nature que notre pays manque terriblement de médecins."
"Il y a plein de belles raisons de venir à Venarey. Le foncier n’est pas cher, nous sommes à 30 minutes de Dijon et à une heure de Paris. Nous avons plein de raisons d’être optimistes pour trouver des médecins à l’avenir", déclare Patrick Molinoz.