Au lendemain du premier week-end de décembre, c'est le rush dans les maisons de Bourgogne. Le record de vente de crémant a déjà été battu. Mais la 5e vague de Covid-19 inquiète les producteurs.
Les bouchons de Crémant de Bourgogne sauteront de plus belle dans les foyers français à Noël. Après une année 2020 fortement paralysée par la crise sanitaire, les maisons de crémant de la région profitent d’un second souffle. Avec un afflux conséquent de clients qui souhaitent assurer leur stock de grands crus à l’approche des fêtes.
Une année record pour le crémant de Bourgogne
Comme chaque année, les premiers jours de décembre sont attendus au tournant par les producteurs bourguignons de crémant. "À cette période, j’écoule plus de 40% de mes volumes", explique Martial Corbex, directeur commercial de la maison Moillard. Dans cette maison de Bourgogne, 10% de la production est consacrée au vin effervescent. Et malgré une récolte 2021 touchée par le gel, "entre 400 et 500 000 bouteilles seront vendues pour les fêtes", assure Martial Corbex.
Même son de cloche à la maison Louis Bouillot. Dans les points de vente de ce producteur spécialisé dans le crémant, à Nuits-Saint-Georges, la clientèle afflue, mais surtout dépense. "On sent que l’état d’esprit des clients est totalement différent par rapport à 2020. À la même période l’année dernière, on nous annonçait qu’on ne pourrait pas fêter Noël à plus de six. Alors, cette fois, tout le monde se prépare à pouvoir enfin célébrer les fêtes, normalement", affirme Marcel Combe, directeur de l'activité des vins effervescents chez Louis Bouillot.
Résultat, en 2021, plus de 21 millions de bouteilles de crémant de Bourgogne ont été vendues, soit une augmentation de 13% par rapport à 2020. "L’année n’est pas encore terminée, mais on a déjà dépassé le record de ventes établi en 2019. À force, on va devoir fermer les portes des caves pour ne pas que les bouteilles ne s’échappent", plaisante Pierre Du Couedic, directeur de l’Union des Producteurs et Élaborateurs de crémant de Bourgogne.
Explosion des ventes à l’étranger et chez les professionnels
Il n’y a pas qu’en France que le Crémant fait des adeptes. Si la crise sanitaire a fortement ralenti la demande étrangère de vins, depuis septembre le marché connait un rebond salvateur pour les producteurs. "L’export représente 70 à 75% des volumes que l’on produit. Aujourd’hui, on refournit des clients comme les Etats-Unis ou la Scandinavie", détaille Marcel Combe.
Du côté des restaurants et des hôtels, le crémant de Bourgogne est très demandé également. "J’ai échangé avec le directeur commercial du HCR (hôtellerie, restauration). Il me rappelait pour me dire qu’il avait besoin de commander davantage de bouteilles, car il n’avait pas prévu assez large face à la demande des clients", ajoute Marcel Combe.
Un bilan positif mis à l’épreuve
Si un joli mois de décembre et belle année 2021 se profile pour les crémants de Bourgogne, les maisons pensent déjà à l’après. "Cette saison, les cultures ont été fortement touchées par le gel en Bourgogne donc les vendanges de septembre ont donné une petite récolte surtout au niveau des Chablis et des Mâconnais, nécessaire à la production des blancs", confie Martial Corbex. Une fois récolté le raisin doit ensuite vieillir au moins 12 mois sur lattes avant d’être vinifié, donc il faudra attendre 2023 pour sentir les premiers impacts de cette récolte sur les stocks de Crémants.
Mais que les amateurs de grands vins de Bourgogne se rassurent, malgré des vendanges amoindries et tardives, 2021 semblerait être une bonne année pour les vins blancs effervescents. "On va être sur des vins très équilibrés et qualitatifs, mais surtout la fraîcheur et la délicatesse propre au Crémant sera présente", assure la maison Moillard.
Cependant, un autre sujet préoccupe les producteurs de la région : la 5e vague de Covid-19. La crise sanitaire avait déjà affaibli le secteur du crémant en 2020 avec une perte de 10% des ventes et une demande moindre de la part des particuliers. "Si on voit un retour à des restrictions plus fortes, pour nous, ça signifie la fin des fêtes, mariages, hôtels restaurants… Donc on reste attentif à l’évolution de la situation", confie Marcel Combe.